Le 23ème Festival européen de musique a été clôturé, mercredi 21 juin au soir, au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA) à Alger, en présence d’un public nombreux.
Tous les étages de la grande salle du TNA étaient remplis. Cette manifestation culturelle confirme année après année sa popularité. “C’est une soirée inoubliable pour moi. Je ne m’attendais pas à cette réaction du public. Ils ont applaudi, dansé, lancé des youyous. C’était extraordinaire”, a confié, émerveillée, l’algérienne Wafa Oudjit qui a animé un concert aux côtés du chanteur espagnol Poco Del Pozo.
“Le public a apprécié la fusion entre le flamenco et la musique du patrimoine algérien. Un patrimoine que je défendrais partout dans le monde. Dans mes concerts, je n’oublie jamais de rendre hommage aux artistes algériens qui nous ont quittés”, a-t-elle ajouté. Wafa Oudjit a rendu un hommage particulier à Hasni en interprétant “Tal Adabek”, à Zoulikha “Salah ya Salah” et Na Chérifa “El ward Ifiress” et “Aya Zarzur”.
Alger est la quatrième scène pour le duo Del Pozo-Oudjit“
Ma collaboration avec Paco del Pozo est venue après beaucoup de travail ensemble. Paco est mon professeur de chant flamenco à Casa Patas à Madrid. Quand j’ai produit mon album “Visages”, je lui ai proposé de faire une fusion entre le flamenco pur et les chansons algériennes. Nous avons fait une première scène à Paris. Le retour du public était bon, cela nous a encouragé à continuer à travailler sur le projet”, a expliqué Wafa Oudjit.
Selon elle, la chanson algérienne “Dour biha ya chibani” ressemble au titre espagnol “Canastera”. D’où la facilité de la fusion entre les musiques des deux rives de la Méditerranée. Alger est la quatrième scène pour le duo Del Pozo-Oudjit. Le prochain concert est prévu le 8 juillet à Madrid.
“La musique permet de dépasser les frontières. Avec Wafa, nous avons fusionné les chansons au point qu’elles n’ont pas de titres. Le mélange n’a pas été difficile à réaliser. Nous avons choisi des chansons qui ont des tempos et des rythmes qui se rapprochent”, a souligné, pour sa part, Paco Del Pazo. Ce chanteur, une voix célèbre du flamenco en presqu’île ibérique, a accompagné le groupe espagnol Jazz Hondo et d’autres artistes.
“Les Algériens adorent danser”
En première partie de soirée, le trio Ulrich Drechsler d’Autriche a chauffé à la salle avec des pièces improvisées baignant dans un Jazz aérien mêlant Trip Hop, Nu Jazz, Hip Hop et Drum’n’Bass. “J’ai remarqué que les Algériens adorent danser. Notre but est de pousser les gens à bouger”, a confié Ulrich Drechsler, saxophoniste, avant le concert.
Pari réussi, le public a rapidement adhéré à la fiesta promise par les musiciens autrichiens. Le batteur Konstantin Krautler et le bassiste Oliver Steger se sont éclatés sur scène en poussant Ulrich Drechsler à plus de rendement.
“Tout ce que nous avons joué était de l’improvisation. La musique que vous avez écouté sera “le son d’Alger”. Une musique unique”, a confié Ulrich Drechsler.
Le Nu Jazz ou le Jazz House de ce trio est particulièrement ouvert. La liberté totale est laissée pour chaque musicien pour construire et déconstruire “une histoire” mélodique inspirée tantôt de la dance ou de l’électro.
“Vous savez que Vienne a une grande histoire avec la musique électronique”, a rappelé Ulrich Drechsler qui revient en Algérie pour la seconde fois en dix ans. “Nous avons joué à Oran et à Constantine. Nous avons animé aussi des master class. C’est une belle expérience pour nous. Nous sommes marqués par l’hospitalité des Algériens”, a-t-il dit.
Et d’ajouter :”Nous nous intéressons à la musique orientale, aux sonorités nord-africaines, aux airs soufis. Il s’agit de musiques qui ont une histoire forte. L’émotion qu’elle provoque est immense. Il ne s’agit pas de jouer de la musique rapidement. Ces musiques invitent à la réflexion”.
“Rassembler public et artistes au-delà des différences linguistiques et culturelles”
Thomas Eckert, chef de la Délégation de l’Union européenne (DUE) en Algérie, a salué la tenue du 23ème Festival européen de musique du 15 au 21 juin 2023. “C’était une semaine pleine de concerts. Des concerts riches, variés et divers. La fusion entre les différents styles musicaux européens et algériens était fascinante. Il y a la même ambiance durant chaque soirée. Le public était superbe. Dans la salle régnait un esprit de famille. Chaque soir, la salle était pleine. C’est cela la beauté de la musique, c’est de rassembler public et artistes au-delà des différences linguistiques et culturelle”.
Et de poursuivre : “Pour le concert de clôture, il y a eu un dialogue entre une chanteuse algérienne et un interprète espagnol, la rencontre entre le raï et le flamenco. Cela montre bien la proximité des styles musicaux, entre la musique algérienne et le flamenco. Réunir sur scène les artistes algériens et européens est la meilleure formule à adopter pour les futures éditions du festival”. 14 concerts ont été présentés durant le festival proposés par 13 pays membres de l’Union européenne ainsi que la DUE.
