850 martyrs Algériens dans la “guerre des sables” entre l’Algérie et le Maroc en 1963. Pour la première fois, un bilan officiel des pertes algériennes a été donné dans ce conflit auquel la toute jeune république n’était guère préparée, mis à part la volonté de ses combattants de ne pas céder un pouce du territoire qu’ils venaient de libérer.
Cette “guerre des sables” qui a duré quelques semaines va marquer durablement les rapports entre l’Algérie et le Maroc du sceau de la méfiance. En pleine guerre de libération, le Maroc a tenté d’imposer au FLN de discuter du tracé des frontières, chose que le mouvement de libération a catégoriquement refusé.
Cela avait donné lieu à une véritable crise qui marqua profondément ceux qui étaient positionnés au Maroc, dont le colonel Houari Boumediene. C’est la menace d’une médiatisation de l’affaire qui a convaincu le Maroc de laisser ce dossier à discuter avec le futur Etat algérien indépendant. La guerre des sables était, du point de vue de l’Algérie, totalement attachée au principe de l’intangibilité des frontières issues de la colonisation, une tentative du Maroc d’imposer le fait accompli.
L’actuelle crise fait donc remonter l’information sur les Algériens morts au combat pour la préservation de l’intégrité territoriale du pays. Jusqu’au 24 août 2021, les Algériens croyaient savoir que cette guerre des sables avait fait des dizaines de morts et des dizaines de blessés. Des historiens occidentaux ont avancé le chiffre de 300 victimes. On le sait désormais, ils ont été encore plus nombreux à tomber au champ d’honneur.
Les combats avaient éclaté, les 8 et 9 octobre 1963, dans la région de Tinfouchi, faisant une quinzaine de morts. L’Algérie a indiqué que le Maroc avait envoyé une colonne s’emparer de plusieurs postes militaires situés notamment à Hassi-Beida et Tindjoub.
Velléités expansionnistes
Les velléités du royaume chérifien ne datent pas de 1963. Tout commença en 1956. Mohammed V venait de retrouver depuis peu son trône et le Maroc son indépendance. M. Allal El-Fassi publie une carte du Grand Maroc où il revendique une large partie du Sahara algérien et la Mauritanie, jusqu’à Saint-Louis du Sénégal. Des revendications non prises au sérieux et mises sur le compte de rêves « historiques » et de « mirages du passé ».
Tout changea quand Mohammed V reprit officiellement à son compte ce programme. Hassan II, une fois sur le trône, a poursuivi la politique de son père. Quelques mois après l’accession de l’Algérie à l’indépendance, il fit savoir qu’il était temps d’ouvrir le dossier. Alger temporise. Sur le terrain, la situation se dégrade au fil des semaines. Quelques communiqués de la MAP, (l’agence de presse marocaine) signalaient de temps à autre des «incidents» que l’Algérie passait, la plupart du temps, sous silence.
Au début de l’été 1963, la tension est montée. Le 2 octobre 1963, la position du gouvernement de Rabat était officieusement présentée dans les termes suivants : » Durant la période où elle a occupé l’Afrique du Nord, la France a toujours favorisé l’Algérie par rapport au Maroc, et le tracé des frontières entre les deux États, tracé qui d’ailleurs varia plusieurs fois, n’est pas conforme à la réalité historique. Le Maroc désire en obtenir une rectification par des négociations directes avec le gouvernement algérien, et ceci conformément aux accords restés secrets conclus en mai 1960 entre le roi Mohammed V et M. Ferhat Abbas, alors président du G.P.R.A. «
La guerre des sables
Les incidents des 8 et 9 octobre suivaient de peu le déclenchement en Algérie, le 29 septembre, de la dissidence, animée par le colonel Mohand Oulhadj et Hocine Ait Ahmed, leader du Front des forces socialistes (FFS), qui s’opposaient à la politique du Président Ben Bella. Certains voyaient, alors, dans l’ouverture des hostilités avec le Maroc une tentative de diversion des autorités algériennes, soucieuses de recréer un climat d’unité nationale.
Alger accusa quant à elle Rabat de profiter de ses difficultés intérieures pour lui porter un coup fatal. Les combats avaient fait rage pendant trois semaines. Le premier conflit armée entre deux jeunes états est baptisé la guerre des sables
Feu Houari Boumediene, alors chef d’état-major de l’armée algérienne, dirigeait les opérations de son P.C. de Béchar.
Après l’échec de multiples tentatives de médiation arabes et africaines, le roi Hassan II et le Président Ben Bella ont accepté de se rencontrer le 30 octobre à Bamako, en compagnie de M. Modibo Keita, alors chef de l’État malien et de l’empereur éthiopien Haïlé Selassié.
Cette réunion a abouti à un accord. Les chefs d’État algérien et marocain acceptant de s’en remettre à l’arbitrage de l’OUA (L’Organisation de l’Union Africaine devenue depuis 2000 l’UA).
Après une ultime bataille pour le contrôle de la palmeraie de Figuig, près de Béchar, le cessez-le-feu devenait effectif le 4 novembre.
Le 20 février 1964, Alger et Rabat confirment être parvenus à un accord sur la délimitation d’une zone démilitarisée aux confins sahariens. La guerre des sables prend fin alors et le conflit est définitivement réglé le 15 janvier 1969, avec la signature, par le roi Hassan II et le président Boumediène, d’un traité de fraternité et de bon voisinage.
Le Maroc renonçait à ses revendications sur Tindouf et Bechar. L’Algérie reproche cependant à Rabat de n’avoir jamais ratifié ce texte, alors qu’il l’a été par Alger.