Le tribunal correctionnel d’El Harrach a condamné ce jeudi 22 octobre 2020 l’ancien député du Parti des Travailleurs (PT), Djelloul Djoudi, à 3 mois de prison avec sursis et une amende de 50.000 Da, avec obligation de payer un dinar symbolique pour « propos diffamatoires » contre l’ancienne ministre de la Culture, Nadia Laabidi.
Le Procureur près le même tribunal a requis une peine de 6 mois de prison ferme et une amende de 50.000 Da à l’encontre de l’ex-parlementaire, jugé en comparution immédiate.
L’affaire remonte à mai 2019 lorsque M. Djoudi a publié un article dans le journal Liberté, dans lequel il a réagi à une plainte déposée par Mme Labidi contre Louisa Hanoune, Secrétaire générale du PT, pour des faits remontant à 2015. il a accusé Mme. Nadia Labidi de « corruption » et de « conflits d’intérêts ». Selon lui, elle a accordé une enveloppe de 12 millions de Da à une société de production, Procom international, dont elle est actionnaire, pour la réalisation du film Le Patio.
Le parlementaire avait accusé Nadia Labidi d’abus d’influence en sa qualité de ministre, pour inscrire le film « Le Patio » dans le cadre de la manifestation culturelle « Constantine, capitale de la culture arabe ».
Djelloul Djoudi a également accusé, dans le même article, Mme. Labidi d’avoir conclu des « contrats suspects » avec l’ambassade américaine à Alger, en « lui offrant le théâtre national en échange d’une bourse pour les États-Unis au profit de son fils Mehdi Labidi.
L’ancienne ministre a démenti les accusations de l’ex-parlementaire du PT lors de son audience au tribunal d’El Harrach, le 10 octobre dernier. Elle a rajouté que Djelloul Djoudi « a passé 20 ans au parlement et a mené une campagne de dénigrement délibérée à son encontre depuis 2015 ».
Elle a également affirmé que les faits remontaient à plus tôt, lorsqu’il « profitait de son immunité parlementaire pour (lui) porter des accusations infondées ». En 2015, le groupe parlementaire du PT avait accusé, en plénière, celle qui avait en charge l’administration du département de la Culture de “mauvaise gestion” et de “conflit d’intérêts”. L’accusé « passait également dans les plateaux de télévision pour porter atteinte à (sa) personnalité », rajoute-t-elle.
Durant son audition, Djelloul Djoudi s’est interrogé « Pourquoi » était-il devant un juge. « J’étais membre de l’Assemblée populaire nationale. C’était mon rôle de critiquer la gestion des ministres. J’ai parlé du conflit d’intérêts dans le cas de Nadia Labidi, avec laquelle je n’ai aucun problème personnel. Je suis en mesure de présenter les preuves qui confirment ce que nous avons soulevé dans l’enceinte du Parlement. Ma présence à ce procès est une criminalisation de l’action parlementaire », a-t-il déclaré, rapporte Liberté.
Nadia Labidi a reconnu que la société Procom international « appartient à mon père et à mon fils… Mais je n’ai aucun lien organique avec elle puisque j’ai cédé mes actions ». Pour la défense de M. Djoudi, le conflit d’intérêt est ainsi flagrant ».
D’autres accusations ont été portées par la défense, dont le paiement à un proche de l’ancienne ministre, un chef d’orchestre, d’un salaire de 500 000 DA versé par le ministère, des contrats « douteux » signés pour la manifestation Constantine, capitale de la culture arabe et l’écriture du scénario d’un film sur l’Émir Abdelkader confiée à un actionnaire dans l’entreprise familiale.
La défense de Mme. Nadia Labidi a estimé, relayée par Liberté encore, que « même s’il existe des soupçons à ce propos, (M. Djoudi) n’a pas le droit de les porter à la connaissance de l’opinion publique dans le but d’attenter à la dignité. Le fils de Mme Labidi est un citoyen algérien. Doit-on le priver de travailler parce que sa mère est ministre ?”.