La Coordination syndicale des musiciens d’Alger (CSMA) est une nouvelle structure inédite dans l’action syndicale en Algérie. Créée le 3 octobre 2020, elle va activer sous l’égide de l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA). « Les musiciens n’ont jamais eu de représentants qui défendent leurs droits socio-professionnels. Donc, ils ont décidé de s’organiser dans un cadre légal. Toute la procédure a été suivie pour permettre l’existence d’une structure forte pouvant parler au nom des musiciens d’une manière organisée », précise Kheireddine M’kachiche, secrétaire général de la CSMA, dans une déclaration à 24H Algérie.
La Coordination sera, selon lui, l’interlocuteur du ministère de la Culture, de l’ONDA (Office national des droits d’auteurs), de l’ONCI (Office national de la culture et de l’information), de l’Office Riadh El Feth et de la direction de la culture de la wilaya d’Alger. La CSMA, qui n’a pas encore de siège, compte déjà 300 membres de la wilaya d’Alger.
« Il s’agit de musiciens ayant déjà la carte d’artiste. D’autres musiciens, qui n’ont pas encore eu cette carte, sont en train de travailler pour régulariser leur situation et nous rejoindre après. Le nombre des adhérents va donc augmenter dans le futur », précise-t-il.
Le bureau exécutif de la Coordination compte sept membres dont Hamza Mekki (organique), Sofiane Sadmi (affaires sociales), Nacer Djedaïa (solidarité) et Mohamed Arfi (communication). « C’est une première. A la fin des années 1990, un syndicat d’artistes a été créé mais n’a jamais obtenu quoi que ce soit en notre faveur. Nous souhaitons que les musiciens des autres wilayas créent aussi leurs syndicats. Nous irons vers une coordination nationale », souligne Kheireddine M’kachiche, violoniste.
« Les musiciens méritent un peu de considération »
Les objectifs de la nouvelle structure syndicale sont nombreux. « Nous revendiquons un statut d’artiste qui concerne toutes les disciplines de l’art. Cela va régler beaucoup de problèmes sociaux et professionnels. Les musiciens ont une couverture sociale qui existe depuis l’époque de la ministre de la Culture Khalida Toumi. Nous devons cotiser à la CNAS. Notre appel est donc lancé au ministère de la Culture pour élaborer un vrai statut d’artiste. Les musiciens méritent un peu de considération. Ils ont toujours étaient présents lorsque le pays avait besoin d’eux depuis la guerre de libération nationale jusqu’aux années 1990, les années dures. Il n’est pas normal que nous soyons reconnus à l’étranger et qu’en Algérie nous n’ayons aucun droit », regrette Kheireddine M’kachiche.
La crise de la pandémie de Covid-19 a forcé les musiciens à arrêter leurs activités compliquant leur situation financière et sociale. « Situation déjà pénible depuis 2019 puisque la politique d’austérité a été suivie par la suspension de plusieurs concerts, tournées et festivals. Et, depuis sept mois, l’activité culturelle est complètement à l’arrêt. Certains musiciens ne savent pas aujourd’hui s’ils doivent payer le loyer ou acheter de la nourriture à leurs enfants. Ils ont difficilement assuré les dépenses du Ramadhan, des deux fêtes de l’Aïd et de la rentrée scolaire. Certains n’ont même pas de quoi payer les factures de consommation de l’eau et de l’électricité. Où vont-ils ramener de l’argent puisqu’il n’existe pas de possibilité de travailler? Où est l’aide de l’État ? », s’est interrogé le SG de la CSMA.
30.000 dinars d’aide en sept mois
Selon lui, les musiciens n’ont reçu que 30.000 dinars d’aide en sept mois. « Et, encore, pas pour tous les musiciens. Certains d’entre eux n’ont même pas été informés. Ce n’est pas normal. Une aide a été décidée par la direction de la culture en faveur des petits métiers, mais, là aussi, la mesure n’a pas touché tous les musiciens dans le besoin. Et, on vient de nous informer que cette aide a été suspendue ! On veut savoir à quoi a servi le budget dégagé à cette opération décidée par le chef de l’État. A la direction de la culture d’Alger, on nous a orienté vers le ministère de tutelle lorsqu’on a demandé une séance de travail. L’aide de 54.000 dinars décidée par l’ONDA pour ses adhérents n’a pas touché aussi tous les artistes. Elle a été versée une seule fois durant l’été », détaille Kheireddine M’kachiche, qui est également compositeur.