L’assassinat vendredi 27 novembre de Mohsen Fakhrizadeh, un grand scientifique iranien travaillant dans le domaine nucléaire dans les faubourgs de Téhéran est un acte de terrorisme d’Etat signé Israël et approuvé par Trump.
Dans les médias occidentaux – et chez les médiateurs arabes de service – cet assassinat est “normal” et on veillera à mettre en exergue la prouesse des services israéliens plutôt que l’aspect clairement terroriste de l’acte. Les Iraniens sont soumis, durant cet intermède du passage pathétique de la présidence de Trump vers Joe Biden, à des provocations de haute intensité destinées à justifier une intervention militaire américaine.
En toute logique, Téhéran devra répondre à cette opération – qui soulève effectivement des questions sur le dispositif de sécurité entourant des cerveaux iraniens devenus depuis des années la cible privilégiée des assassins du Mossad – mais elle doit tenir compte des priorités.
La nouvelle administration Biden qui se met en place sera indéniablement plus ouverte à un retour à l’accord multilatéral sur le nucléaire odieusement bafoué par l’équipe Trump – et l’Iran doit s’abstenir d’une réplique – du moins dans l’immédiat – pour ne pas fermer cette opportunité.
C’est ce que leur conseille l’ancien directeur de l’Agence centrale de renseignement (CIA) sous la présidence de Barack Obama, John Brennan, qui a dénoncé « un acte criminel et très imprudent ». « Les dirigeants iraniens auraient intérêt à attendre le retour d’un leadership américain responsable sur la scène mondiale et à résister à l’envie de riposter contre les coupables présumés ».
Même si l’Iran n’a pas plié politiquement devant des sanctions américaines les plus extrêmes, l’économie est exsangue et l’affaissement des conditions socio-économiques est propice au travail des services de renseignements. Plusieurs assassinats de scientifiques iraniens ont été enregistrés au cours des dix dernières années imputés au Mossad et à la CIA.
Un message de terreur aux scientifiques
L’Iran qui a toujours nié vouloir se doter de l’arme nucléaire n’a cependant jamais cédé sur sa volonté de maîtriser le processus à des fins civiles, chose que le TNP, non signé par Israël, l’autorise dûment à faire. En 2013, l’Iran a envoyé un singe dans l’espace, signe que les scientifiques iraniens travaillent. En Occident et en Israël et chez les saoudiens, cette prouesse scientifique est vue comme un inquiétant tournant dans le programme spatial.
De manière caricaturale, on avait la preuve que le seul vrai reproche fait à l’Iran est la qualité de ses savants et de ses scientifiques. Les Etats-Unis de Trump et Israël exigent que les savants iraniens fassent les ignorants, ne cherchent pas, se détournent du savoir et se contentent, comme le font les pays arabes, de vendre du gaz et du pétrole.
La bombe, c’est en définitive la tête des savants que l’on assassine. Ces assassinats ciblés sont un message de terreur adressé à la communauté des scientifiques afin de préserver le monopole du savoir à Israël dans la région. Les assassinats sont la preuve que c’est la tête des scientifiques iraniens qui est leur problème, pas une bombe dont l’Iran n’en veut pas. Il reste que l’on peut s’étonner, après cet énième assassinat, de l’incapacité des services de sécurité iraniens à sécuriser les savants iraniens qui sont une cible désignée de manière ouverte. Le mode opératoire de ces assassinats terroristes est quasiment identique: un homme à moto qui place une charge sous le véhicule de la cible.