L’Algérie enregistre une pénurie de médicaments sans précédent dans son histoire. Messaoud Belambri, président du Syndicat national algérien des pharmaciens d’officine, était affirmatif ce mercredi 02 décembre 2020 à la Chaîne 1 de la Radio algérienne.
Lors de son passage, M. Belambri a rappelé que 302 médicaments, dont des remèdes essentiels ou des produits importés et fabriqués localement, sont sujets à une pénurie « réelle ». La pénurie de médicaments n’est pas un fait nouveau et nous ne pouvons pas le cacher. L’Algérie, de son histoire et de l’histoire de la profession, n’a jamais atteint ce niveau de pénurie », qui touche, a-t-il affirmé, toutes les spécialités médicales.
« Il ne faut surtout pas prendre cette situation à la légère. Il s’agit d’une enquête de terrain menée par notre syndicat à travers toutes les wilayas du pays », a-t-il ajouté. Messaoud Belambri a cité comme exemple de médicament, le Lovenox, un anticoagulant qui « ne connaissait pas une pénurie avant d’être prescrit dans le protocole de traitement contre le coronavirus. Il existe d’autres médicaments génériques mais ne sont pas suffisamment disponibles », poursuit l’invité de la chaine 1.
Le président du SNAPO affirme ne « pas exagérer » en qualifiant la situation de « pénurie ». « Prenons le paracétamol à titre d’exemple. Ce médicament est produit localement par plus de 15 fabricants locaux mais fait l’objet d’un manque. Comment des médicaments basiques manquent-ils de la sorte », ‘interroge-t-il. Questionné à propos des causes de ce manque de médicaments dans le marché, M. Belambri n’a cité, selon les témoignages de fabricants de médicaments, que des « blocages » dans l’importation de matières premières.
Il explique ces « blocages » par le transfert des compétences de l’industrie pharmaceutique du ministère de la Santé au ministère délégué de l’Industrie. « Des programmes complémentaires d’importation, signés préalablement, ont été annulés à l’issue de ce transfert. Nous ignorons, jusqu’à présent, leur sort », a-t-il déclaré. Il pointe également du point le manque de transparence et l’absence de numérisation, qui ont contribué à l’aggravation de cette pénurie.
Le président du SNAPO a également fustigé les autorités, dont le ministère de l’Industrie pharmaceutique qui « affirmaient qu’il n’y aura aucune pénurie de médicaments à partir du mois de septembre jusqu’à la fin de l’année. La réalité est toute autre. En juin, 150 médicaments étaient en rupture. En septembre, nous avons recensés 250 médicaments. Le chiffre a atteint plus de 300 remèdes actuellement », a précisé Messaouf Belambri, qui souligne que « les prévisions ne sont pas rassurantes ».