Après des mois d’enquête sur l‘explosion du port de Beyrouth en août dernier, le tribunal de Beyrouth a inculpé, ce jeudi 10 décembre 2020, l’ancien Premier ministre libanais Hassan Diab pour « négligence ayant causé la mort ».
Trois ex-ministres sont également inculpés : Ghazi Zeaiter et Youssef Fenianos qui ont géré tous deux les Travaux publics et les Transports ainsi que Ali Hassan Khalil (Finances). Selon les médias libanais, les quatre responsables seront auditionnés par le juge Fadi Sawan à partir de lundi 14 décembre 2020. Le même juge a demandé depuis quelques semaines au Parlement d’enquêter sur plusieurs ministres qui auraient « manqué à leur devoir » dans la gestion du port de Beyrouth (non respect des normes de sécurité). Le Parlement n’a pas répondu à cette requête, accélérant la procédure d’inculpation de Hassan Diab et des autres ministres.
Hassan Diab dit avoir « la conscience tranquille »
Le bureau de Hassan Diab a, selon l’AFP, immédiatement réagi à la décision du tribunal. « Il a la conscience tranquille, sûr d’avoir les mains propres et d’avoir géré le dossier (…) de manière responsable et transparente. Ce ciblage surprenant va au-delà de la personne et attaque le poste (de Premier ministre) en tant que tel », est-il écrit.
Fadi Sawan est accusé d’avoir violé la Constitution et « contourné le Parlement ». « Hassan Diab a fourni toutes les informations dont il disposait concernant ce dossier », est-il ajouté.
Saad Hariri promet un gouvernement « non partisan »
Le 10 août 2020, Hassan Diab a présenté la démission de son gouvernement au président Michel Aoun mais continue de gérer les affaires courantes jusqu’à la désignation d’une nouvelle équipe gouvernementale par Saad Hariri, nommé le 22 octobre 2020. Le mercredi 9 décembre 2020, le chef du courant du Futur (Tiyar al moustakbal), qui a eu déjà gérer le gouvernement libanais en 2009 et en 2016, a présenté une liste de 18 ministres « spécialistes et non partisans » à nommer.
« Le processus semble donc être relancé à une dizaine de jours d’une nouvelle visite du président français, Emmanuel Macron, à Beyrouth (visite prévue le 21 décembre) », a souligné le journal libanais L’Orient le jour. Paris fait pression sur Beyrouth pour nommer un nouveau gouvernement et accélérer l’enquête sur l’explosion du port du Beyrouth avant de bénéficier de « l’aide internationale ». « L’espoir est grand de pouvoir former un cabinet le plus vite possible afin de freiner l’effondrement économique, reconstruire Beyrouth , réduire la souffrance des Libanais et regagner leur confiance à travers la mise en œuvre des réformes prévues dans le cadre de l’initiative française », a déclaré Saad Hariri, fortement contesté par des manifestations populaires en 2019.
Le 4 août 2020, pour rappel, une forte explosion au port de Beyrouth, a été déclenchée par un incendie dans un dépôt de nitrate d’ammonium. Elle a fait 200 morts et plus de 6000 blessés. Les quartiers situés à côté du port ont été ravagés par le souffle de la déflagration.