L’Algérie va acquérir le vaccin anti Covid 19 de fabrication russe Spoutnik V. Voici ce qu’il faut savoir sur ce vaccin fabriqué par le laboratoire Gamaleya.
La Russie a été le premier pays à annoncer avoir trouvé un vaccin efficace contre la Covid 19. « Le vaccin fonctionne avec précision, forme des anticorps et une immunité cellulaire stable. Je le sais très bien car une des mes filles s’est faite inoculer le vaccin. Elle a participé à l’expérience et elle se sent très bien », a déclaré le président russe Vladimir Poutine en août 2020. Le vaccin a reçu le certificat d’enregistrement du ministère russe de la Santé le 11 août 2020.
Il est enregistré au niveau de l’Organisation mondiale de la Santé (OMS) mais n’a pas encore été validé. Il en est de même pour tous les autres vaccins comme ceux développés par le suédo-britannique AstraZeneca, les américano-allemands Pfizer/BionTech, l’américain Moderna ou le chinois Corona Vac. Le nouveau vaccin russe porte le nom du premier satellite spatial soviétique, Spoutnik I, lancé en 1957.
«Une efficacité à 91 %»
Le laboratoire Gamelaya a annoncé sur son site que 40 000 volontaires ont participé à l’étude clinique de Spoutnik V en Russie à partir de la fin août 2020. Des essais effectués également en Inde, aux Émirats arabes unis, au Venezuela, au Brésil et en Biélorussie. Il n’y a pas eu d’effets secondaires enregistrés après la vaccination. « L’efficacité du vaccin Spoutnik V à 91,4 % a été confirmée par l’analyse des données au point de contrôle final des essais cliniques.
L’efficacité du vaccin Spoutnik V contre les cas graves d’infection à coronavirus est de 100 % », a précisé le laboratoire. Comme pour le vaccin de AstraZeneca/Oxford, le vaccin Spoutnik V, basé sur la technique du vecteur viral, utilise des adénovirus transformés pour renforcer le système immunitaire dans son combat contre la Covid-19.
« Les «vecteurs» sont des véhicules qui peuvent induire un matériel génétique d’un autre virus dans une cellule. Le gène de l’adénovirus, qui cause l’infection, est éliminé tandis qu’un gène avec le code d’une protéine d’un autre virus est inséré. Cet élément inséré est sans danger pour le corps, mais aide toujours le système immunitaire à réagir et à produire des anticorps, qui nous protègent de l’infection(…) », a encore indiqué Gamaleya.
Deux vecteurs «viraux»
« Afin de garantir une immunité durable, les scientifiques russes ont proposé une idée révolutionnaire consistant à utiliser deux types différents de vecteurs d’adénovirus (rAd26 et rAd5) pour la première et la deuxième vaccination, renforçant l’effet du vaccin (…) La plate-forme technologique basée sur des vecteurs d’adénovirus facilite et accélère la création de nouveaux vaccins en modifiant le vecteur porteur initial avec du matériel génétique provenant de nouveaux virus émergents.
Ces vaccins provoquent une forte réponse du système immunitaire humain afin de renforcer l’immunité. Les adénovirus humains sont considérés comme parmi les plus faciles à manipuler de cette manière et sont donc devenus très populaires en tant que vecteurs », a-t-il encore précisé. Selon la même source, l’utilisation d’adénovirus humains comme vecteurs est sans danger car ces virus, qui causent des rhumes, existent depuis des milliers d’années et sont déjà bien connus des scientifiques.
Une dose à 10 dollars
Le prix d’une injection du vaccin Spoutnik V sera de 10 dollars (la dose par personne se compose de deux injections). Le vaccin sous forme lyophilisée (déshydratée) peut être stocké à une température de + 2 + 8 degrés celsius. Ces paramètres ont amené une cinquantaine de pays à faire des commandes auprès du fabricant.
Sur la liste figurent le Brésil, l’Inde, le Mexique, l’Indonésie, l’Arabie Saoudite, les Philippines et les Émirats arabes unis. L’Argentine est le premier pays à utiliser le vaccin Spoutnik V. Le pays sud américain a déjà reçu, selon les agences de presse, 300.000 doses du vaccin sur une commande globale de près de 20 millions de doses, livrable d’ici février 2021. Gamelaya prévoit de produire, dans un premier temps, 1,2 milliards de doses du vaccin.
Le Russian Direct Investment Fund (RDIF, fonds d’investissement direct russe), qui soutient financièrement le projet Spoutnik V, a signé des accords avec des partenaires pour produire le vaccin en Inde, en Corée du Sud, en Chine, en Turquie et au Brésil. Les quantités produites seront augmentées au fur et à mesure des demandes.
Pour rappel, le RDIF est le fonds souverain russe créé en 2011 pour co-investir dans des compagnies, principalement en Russie, aux côtés d’investisseurs financiers internationaux. « Les sociétés dans le portefeuille du RDIF emploient plus de 800 000 personnes et génèrent des revenus qui représentent plus de 6% du PIB de la Russie. Le RDIF a établi des partenariats stratégiques avec des grands co-investisseurs internationaux originaires de plus de 18 pays, totalisant plus de 40 milliards de dollars », est-il indiqué dans la note de présentation de ce Fonds.
Le RDIF a, depuis le début de la pandémie de Covid 19, financé les essais des vaccins potentiels en Russie et d’autres pays. Il va contribuer à la production de Spoutnik V développé par Gamaleya.
Le laboratoire Gamaleya existe depuis 1891
Le Centre national d’épidémiologie et de microbiologie Gamaleya existe depuis 1891. Depuis 1949, ce laboratoire privé porte le nom de Nikolai Gamaleya, pionnier des études microbiologiques en Russie et élève du biologiste français Louis Pasteur. Nikolai Gamaleya a ouvert le deuxième centre de vaccination contre la rage au monde en 1886.
Avec ses travaux, il a contribué à la lutte contre le choléra et le typhus. Le centre gère l’une des plus grandes «bibliothèques de virus» au monde et possède son propre centre de production de vaccins. Depuis les années 1980, le Centre Gamaleya a conçu une plate-forme technologique utilisant des adénovirus. Le laboratoire a développé en 2015 deux vaccins contre Ebola et a obtenu un brevet international pour les produire. Il travaille actuellement sur des vaccins contre la grippe et contre le Syndrome respiratoire du Moyen-Orient (MERS), soumis aux essais cliniques. Alexander Gintsburg, membre de l’Académie des Sciences de Russie, dirige actuellement le centre Gamaleya.
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