Le niveau de financement de la recherche scientifique en Algérie est parmi les plus bas au monde. L’Algérie consacre annuellement 0,35 % de son Produit intérieur brut (PIB) à la recherche scientifique. C’est l’équivalent, pour 2021, de 35 millions de dollars.
Le pays est très loin derrière l’Allemagne avec près de 100 milliards de dollars, la France avec 54 milliards de dollars et l’Égypte avec 1,2 milliards de dollars destinés à la recherche. La Tunisie dégage annuellement une enveloppe de plus de 50 millions de dollars à la recherche avec l’existence d’une agence nationale chargée de promouvoir les programmes de recherches.
Dans le monde, la Corée du Sud est, selon le classement de l’OCDE (Organisation de coopération et de développement économique) et de l’UNESCO, le pays qui dépense le plus pour la recherche et développement (R&D) avec 4,3 % du PIB. En croissance continue depuis 1999, le PIB de la Corée du Sud est évalué à près de 1500 milliards de dollars en 2020.
Dans le même classement, Israël avec 4,1 % du PIB consacré à la recherche, arrive en seconde position.
Annuellement, le Japon et la Finlande se disputent la troisième position. Les deux pays dépensent plus au moins 3,4 % du PIB pour la recherche chaque année. La Suisse, la Suède et l’Autriche suivent dans le classement avec 3,1 % du PIB.
740 chercheurs pour un million d’habitants en Algérie
Les États-Unis n’arrivent qu’en dixième position mondiale avec 2,7 % du PIB après l’Allemagne et devant la Slovénie et la France.
L’Algérie compte 37.000 chercheurs. La moyenne est donc de 740 chercheurs pour un million d’habitants. La moyenne mondiale est de 1500 chercheurs pour un million d’habitants. Là aussi, l’Algérie est en bas de classement.
A titre comparatif, la Finlande compte 7000 chercheurs pour un million d’habitants, le Danemark 7300, Israël 8250, le Japon 5300, la Suède 6800, les États Unis 4250…
50 % budget sert à payer les services internet
Selon Hafid Aourag, directeur général de la recherche scientifique au ministère de l’Enseignement supérieur, plus de 50 % de l’enveloppe de 35 millions de dollars destinée à la recherche est consacrée au paiement des services internet d’Algérie Télécom.
« Que nous reste-t-il ? 15 millions de dollars ? 15 millions de dollars pour toute la recherche nationale tous secteurs confondus? Il faut faire de la gymnastique pour pouvoir satisfaire toutes les demandes. Donc, nous faisons de la recherche académique dans les universités alors que dans tous les pays, c’est la recherche stratégique qui est privilégiée. Il y a de gros investissements pour la recherche (en entreprise) », a-t-il déclaré lors de son passage à la chaîne 3 de la radio nationale, mercredi 6 janvier 2021.
L’Algérie, selon lui, ne peut pas développer de vaccins, comme les autres pays, parce qu’elle ne possède pas de laboratoires P4 ou BSL 4 (Biosafety level 4). Des laboratoires sécurisés et hermétiques dotés de plusieurs sas de décontamination et de systèmes anti incendies.
« La recherche scientifique n’a jamais été une priorité pour le pays »
« Un laboratoire P4 coûte trois fois le budget annuel de la recherche scientifique en Algérie(…) Durant les douze ans de ma présence à la direction générale de la recherche scientifique, des conseils interministériels se sont tenus sur tous les aspects de l’économie, mais il n’y a jamais eu un conseil consacré à la recherche scientifique. Il faut le dire : la recherche scientifique n’a jamais été une priorité pour le pays», a-t-il noté.
Selon lui, le défi pour l’Algérie reste le développement de la recherche appliquée et l’ouverture sur l’international. « 70 % des chercheurs dans les États développés viennent d’autres pays. C’est-à-dire qu’il faut capter la compétence là où elle est. Sans une ouverture sur l’international, nous ne pouvons pas rivaliser avec d’autres pays et développer l’économie », a souligné Hafid Aourag.