Moonia Ait Meddour est comédienne, chanteuse et conteuse. Elle se distingue par une forte présence sur scène et par une puissante voix . Portrait.
Moonia Ait Meddour, à ne pas confondre avec la réalisatrice franco-algérienne Mounia Meddour, est une artiste complète. Algéroise de naissance, elle s’installe à Béjaia où elle étudie le management à l’université Abderrahmane Mira, s’engage ensuite dans l’événementiel en organisant des activités culturelles. Parallèlement, elle perfectionne le chant en intégrant une chorale. Au Théâtre Abdelmalek Bouguermouh de Béjaia(TRB), elle s’initie, à partir de 2007, aux arts dramatiques, soutenue par le dramaturge Omar Fetmouche, qui dirigeait le TRB. Elle est distribuée dans plusieurs pièces dont « Ibn Battuta », mise en scène par la franco-algérienne Elsa Hamnane, en 2014, et « Torchaka » d’Ahmed Rezzag en 2016 qui a eu un succès retentissant auprès du public algérien. Elle figure également dans la distribution de « Assafou, El Mahdi Ibn Tûmart » de Omar Fetmouche, en 2018, une pièce montée à l’occasion des 900 ans du passage du fondateur de la dynastie Almohad à Béjaia.
« J’aime bien la spontanéité dans le théâtre »
« J’adore voir de belles choses au théâtre. Des choses qui m’emmènent véritablement dans le monde artistique. Il y a actuellement des tentatives. J’aime bien la spontanéité dans le théâtre, mais il faut qu’on reste dans l’art. La forme doit être claire. Sans cela, le contenu n’aura aucun sens. Au théâtre, on traite des sujets qu’on vit chaque jour. Mais quel est l’intérêt de les présenter d’une manière banale. La banalité exclue l’art », souligne Moonia Ait Meddour, rencontrée par 24H Algérie à Béjaia. Elle n’aime pas le discours direct sur scène et « le terre à terre » qui marquent parfois des pièces produites ces dernières années en Algérie.
« Le théâtre est là pour déclencher la réflexion à travers l’émotion. L’émotion, c’est de l’intelligence. Une pièce doit pousser les spectateurs à réfléchir. Ce n’est pas que du divertissement », appuie-t-elle. La comédienne prévient contre l’attachement aux formes théâtrales classiques rigides, plaide pour l’évolution dans les expressions scéniques. « Le public veut voir sur scène des formes novatrices, intéressantes. On ne doit pas sortir toujours du même moule. Dans notre métier, la comédie est la forme la plus difficile. Verser dans le comique ne signifie pas aller vers le cabotinage (le comédien attire l’attention plus sur lui que sur son rôle). La comédie permet de faire passer des messages percutants, plus que la tragédie », dit-elle.
Moonia Ait Meddour prépare actuellement un monodrame. « J’y travaille depuis 2015. Il faut toujours être honnête avec soi même. Si on a un doute, on ne fait pas. Je veux apporter du nouveau dans les monodrames. Mon avis est qu’il faut toujours apporter de l’humour et de la fraîcheur dans les spectacles », propose-t-elle. Elle reste convaincue que la réussite de l’artiste dépend de sa capacité à travailler continuellement pour améliorer ses performances. Le talent ne suffit pas !
Le FTIB doit rester à Béjaia !
Moonia Ait Meddour, 40 ans, milite aussi pour que le Festival international du théâtre de Béjaia (FITB), qui est à sa dixième édition, reste localisé dans la capitale des Hammadites. Des rumeurs circulent sur son éventuel déplacement vers Alger où il a été lancé lors de la première édition par l’ancienne ministre de la Culture Khalida Toumi dans une volonté de connecter le théâtre algérien avec tout ce qui se fait au niveau mondial en matière des arts de scène. « La répartition des festivités à caractère international doit être équitable par rapport à toutes les régions d’Algérie. A Béjaia, nous avons le FITB et les Rencontres cinématographiques. Le FITB connaît des restrictions budgétaires et est difficilement organisé », relève-t-il. Le 10ème FITB s’est tenu en février 2020, rattrapant l’édition de 2019 qui n’a pas pu avoir lieu compte tenu des circonstances politiques de l’époque dans le pays. Moonia Ait Meddour y a participé en tant que conteuse. Un art qu’elle maîtrise parfaitement.
« Le conte est une thérapie »
« Nous sommes allés vers les enfants. Nous avons eu droit à beaucoup d’émotion, d’échanges et de gratitude. Nous avions en face de nous des enfants qui avaient soif de culture. Nous avions eu beaucoup de mal à quitter les établissements scolaires, les enfants s’accrochaient à nous et nous suppliaient de revenir. La grande leçon retenue est qu’on ne fait pas assez pour eux », soutient-elle. Pour elle, le conte, en tant qu’art de la parole, n’a pas toute sa place dans l’espace culturel en Algérie. « Il y a des contes pour enfants et pour adultes. Personnellement, je recours beaucoup à la narration dans les spectacles que je fais. Le conte est une thérapie. Ce qui plait dans le conte, c’est cette musicalité, ce ton continu qui ne rompt jamais », souligne-t-elle.