Déchéance de la nationalité des Algériens expatriés : une démarche inexplicable et contre-productive

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Le gouvernement algérien s’est engagé dans un terrain très miné en annonçant un projet de loi visant à déchoir des Algériens établis à l’étranger de leur nationalité. Dans la soirée de mercredi, après l’annonce d’un projet de loi prévoyant la déchéance de la «nationalité algérienne acquise ou d’origine », la toile algérienne s’est particulièrement enflammée pour dire son incompréhension et son indignation.

Si dans le monde la déchéance de la nationalité « acquise » existe, il est peu commun de voir des Etats l’étendre aux nationaux d’origine. Outre l’article 15 de la déclaration universelle des droits de l’homme, une convention internationale contre la création d’apatride réprouve de telles procédures. Certains sur les réseaux sociaux ont souligné, à juste titre, que cette option n’a même pas été envisagée dans les années 90 alors que le pays connaissait une confrontation intérieure particulièrement violente.

Le recours à cette procédure de déchéance de la nationalité en 2021, alors que la contestation politique s’exprime de manière pacifique, ne se justifie pas. Pire, il donne le sentiment à la communauté algérienne à l’étranger, déjà outragée par la loi sur l’accès aux hautes fonctions, d’être ciblée. Car la loi ne cible que les Algériens établis à l’étranger et particulièrement ceux qui expriment au plan politique leur opposition au régime. 

Une loi de la déchéance de la nationalité pour quelques individus?

Les quelques, rares, défenseurs du projet présenté par le ministre de la justice, avancent qu’il ne cible que « certains » acteurs très suivis sur les réseaux sociaux mais on ne fait pas une loi, par essence générale, juste pour quelques individus. En réalité, ce sont l’ensemble des acteurs qui s’expriment sur les réseaux sociaux qui peuvent ainsi subir les qualifications, assez vastes et léonines, de porter « préjudices aux intérêts de l’Etat » ou « d’atteinte à l’unité nationale ».

Si des « facebookers » ou des « youtubers » précis sont concernés par un tel projet, il est totalement contre productif car il risque, au contraire, d’en faire des victimes et ne ferait que renforcer leur popularité sur les réseaux qui n’est, faut-il le rappeler, que le reflet du verrouillage interne des médias aux débats publics contradictoires. 

S’aliéner la communauté algérienne à l’étranger – y compris les Algériens qui ne manifestent pas mais qui se sentent concernés par un tel projet – juste pour cibler quelques individus est une démarche incompréhensible.  Les premières réactions sur les réseaux sociaux montrent déjà à quel point un tel projet est contre-productif. Le gouvernement qui n’aime pas les réseaux sociaux aurait tort de ne pas entendre l’écho.  Il est toujours temps de renoncer à une telle démarche… 

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