C’est l’image-histoire, celle de la délégation algérienne qui a négocié à Evian avec le gouvernement français. une image et une date qui font encore enrager les nostalgiques de l’ordre colonial : à Béziers, Robert Ménard, maire pro-front national va mettre aujourd’hui les drapeaux en berne après avoir « effacé » l’indésirable date du 19 mars d’une rue de Béziers pour le remplacer par le nom d’un membre de la sinistre OAS (organisation armée secrète).
On voit dans cette image Krim Belkacem, chef de la délégation du GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) aux négociations d’Evian. Ses accompagnateurs de moment sont Mohamed Seddik Benyahia, Tayeb Boulehrouf, Lakhdar Bentobal, Redha malek et M’hamed Yazid.
L’image a fait le tour de monde. Elle ne marque pourtant pas un « tournant », elle fixe une conclusion. Celle d’un long et douloureux combat des Algériens pour l’indépendance et la libération. Mais aussi celle de négociations dures entre le FLN et la France.
Le 18 mars 1962, Krim Belkacem, chef de la délégation algérienne et ministre les affaires extérieures du GPRA (gouvernement provisoire de la république algérienne) et Louis Joxe, ministre les affaires algériennes de de gaulle, signent, après onze jours de discussions à l’hôtel du parc, les accords d’Evian, un document de 93 pages et de 2026 mots.
Les accords proclament un cessez-le-feu dès le lendemain, 19 mars 1962, devenu en Algérie le « jour de la victoire » (youm ennasr). Ils prévoient l’organisation rapide d’un référendum pour que les populations « choisissent leurs destins ».
19 mars le cessez-le feu, la victoire
Une conclusion à laquelle ne se résigneront pas les tueurs de l’OAS (organisation armée secrète) qui engageront la politique de la terre brûlée en multipliant les tueries et les ratonnades et en créant un climat de haine et de peur qui poussera les français d’Algérie à quitter le pays.
Le temps des indigènes
53 ans, plus tard, Robert Ménard, maire de Béziers et ex-président de reporters sans frontières, n’a toujours pas digéré le « conclusion » de 19 mars, il met les drapeaux en berne, il continue, sur les thématiques du front national, la guerre perdue pour son « paradis perdu ».
La photo de la délégation algérienne fixe un moment. Celui les « indigènes », d’une humanité de « second collège » qui, à la suite d’un combat dur et sanglant, négocie fermement l’indépendance sans aucune concession sur l’intégrité territoriale.
Réda Malek, membre de la délégation algérienne, évoquera dans son livre (l’Algérie à Evian. Histoire des négociations secrètes 1956-1962. Paris, le seuil 1995) un psychodrame et un feuilleton à rebondissement. De « suspension en reprise, de pourparlers publics en conciliabules secrets », les négociations entamées secrètement par l’intermédiaire de la très discrète diplomatie suisse, vont durer une année. Ce n’était pas la première négociation entre le FLN et les autorités françaises. Les discussions secrètes et parfois publiques ont commencé dès 1956.
Evian était bien une conclusion. Le général de Gaulle, ainsi que le rapporte Yves Courrière, dans sa série sur la guerre d’Algérie, appelait régulièrement Louis Joxe, pour poser la question/ « alors, c’est pour bientôt ? ».
Le 19 mars 1962, la France officielle a pris acte de la fin de l’Algérie coloniale.
(*) Article publié le 19 mars 2015 dans le Huffpost Algérie
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