Le Fonds d’aide aux techniques et industries cinématographiques (FDATIC), qui relève du ministère de la Culture, va disparaître. Des professionnels du septième art expriment leur inquiétude.
Un collectif pour la sauvegarde du FDATIC a adressé une lettre au président Abdelmadjid Tebboune pour attirer son attention « sur les terribles conséquences qu’implique la dissolution du Fonds national pour le développement de l’art, de la technique et de l’industrie cinématographiques et de la promotion des arts et des lettres ».
Le collectif est composé de réalisateurs, producteurs, techniciens, acteurs et compositeurs. Il réclame l’amendement de l’article 167 de la loi 20/16, portant loi de finances 2021, concernant la clôture du compte 302-014 du FDATIC.
« Décision arbitraire »
« Le FDATIC ne saurait être confondu avec une soixantaine d’autres fonds, qui sont pour la plupart des fonds de circonstance. C’est avec de solides arguments que nous considérons cette décision comme arbitraire. Le FDATIC existe depuis 1967 et son équivalent est présent dans tous les pays développés ou les pays en voie de développement, comme en Tunisie, au Maroc, en France, au Sénégal ou en Côte d’Ivoire », est-il souligné dans la lettre, accompagnée de 151 signatures.
Les signataires rappellent que le FDATIC est l’unique source de financement public du cinéma en Algérie. « Et cette unique source est par conséquent la seule qui permette aux milliers de professionnels que nous sommes, d’exercer nos métiers et notre passion pour le cinéma et malgré l’adversité, de survivre et de faire vivre nos familles. Pour tous les professionnels du secteur, l’heure est grave « , alertent-ils.
« Le FDATIC, entité sacrée »
Pour eux, le cinéma n’a jamais été autant en danger dans notre pays. « Et cette décision de supprimer le FDATIC sonne comme la mise à mort du cinéma algérien. A l’heure où le pays traverse une crise économique, le cinéma, plutôt que d’être sacrifié, et nous avec, pourrait participer à la relance de notre économie », relèvent-ils.
Après avoir salué la nomination du cinéaste Ahmed Rachedi au poste de conseiller auprès du président de la République en charge du cinéma et de l’audiovisuels, les signataires soulignent qu’il existe des solutions mais qui « doivent être soutenues par une véritable audace politique, prenant en compte l’apport et les propositions de la corporation ».
Ils proposent dans la lettre un plan de « relance du secteur du cinéma en Algérie » avec maintien du FDATIC qui doit devenir « une entité sacrée », garante de la pérennité du cinéma algérien. « Le fonds dispose d’une commission chargée de la lecture des projets de films qui les sélectionne selon des critères artistiques et de faisabilité. Les projets validés le sont également automatiquement auprès des institutions de l’Etat (religieuses, policières, militaires, etc.) qui leur accordent des autorisations », appuient-ils.
Reprise des salles de cinéma
Ils plaident pour la transparence à travers la publication sur le site du FDATIC du montant des aides financières, des titres des films, des noms des réalisateurs et des sociétés de production bénéficiaires. Des poursuites judiciaires peuvent être engagées, selon eux, contre les professionnels n’ayant pas respecté le contrat les liant à l’institution (FDATIC). « Nous ne devons pas, comme c’est le cas jusqu’à présent, abandonner les poursuites judiciaires. Ce renoncement pénalise toute la corporation, par la mise en place de lois restrictives, extrêmement sévères(…) sans jeter l’opprobre sur toute la profession », notent-ils.
Ils proposent la reprise, en location ou en achat, des salles de cinéma (au nombre de 500) au niveau national par des investisseurs privés. « Et ainsi ressusciter le métier d’exploitant de salles. Pourquoi projeter de construire des salles de cinéma et des multiplexes alors que nous devrions redonner leur véritable fonction à celles qui existent déjà? La chaîne d’exploitation des films se complètera avec le distributeur et le producteur », écrivent-ils.
Les signataires de la lettre proposent également l’organisation du « montage financier des film » et la création d’un fonds additionnel dont la caisse serait alimentée par « un pourcentage prélevé de sur les tickets vendus en salles ».
« L’Etat ne doit plus produire de films »
« Le prix du ticket vendu dans les salles de cinéma serait réparti en 5 parts : Une part irait à l’exploitant de salle – une autre au distributeur – une autre au producteur du film – une autre à cette nouvelle caisse – une autre aux auteurs et une dernière part aux impôts », détaillent-ils. Le Centre Algérien du Développement du cinéma, (CADC), pourrait avoir la charge de la gestion de ce fonds additionnel d’aide, vu comme « caisse indépendante du Ministère de la Culture ».
Selon eux, l’État ne doit plus produire de films. « Ce temps est révolu. L’Etat a le devoir de soutenir, subventionner, réguler et mettre en place toutes les structures adéquates afin de faciliter et dynamiser l’industrie cinématographique. Ce sont les producteurs, les scénaristes et réalisateurs, qui sont à l’origine de la création des œuvres, et c’est à eux que revient la responsabilité d’être les véritables porteurs de projets », écrivent-ils avant d’ajouter: « Le CADC en tant qu’agent de développement, serait un facilitateur, et non un producteur ou un coproducteur ».
Inciter les télévisions à co-produire des films
Les signataires proposent également d’inciter les chaînes de télévision publiques ou privées à coproduire des films et les collectivités locales à contribuer au financement des productions cinématographiques. La lettre est signée, entre autres, par Larbi Lakehal, Abdelghani Raoui, Amar Si Fodil, Nassima Guessoum, Yanis Koussim, Yasmine Chouikh, Said Mehdaoui, Yahia Mouzahem, Khaled Benaissa, Yacine Bouaziz, Ahmed Benkamla, Smail Soufit, Boualem Ziani, Amar Tribeche, Habib Boukhelifa, Hamida Ait El Hadj, Sofiane Dahmani, Mohamed Hazourli et Mohamed Kali.
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