Dans un rapport intitulé «Personne ne te cherchera», publié ce jeudi 15 juillet 2021, Amnesty International, dénonce les violations commises contre les migrants clandestins en Libye.
« Ce rapport terrifiant jette un nouveau coup de projecteur sur la souffrance des personnes interceptées en mer et renvoyées en Libye, où elles sont immédiatement placées en détention arbitraire et systématiquement soumises à la torture, aux violences sexuelles, au travail forcé et à d’autres formes d’exploitation en toute impunité », précise Diana Eltahawy, directrice adjointe pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord à Amnesty International, dans un communiqué.
Entre janvier et juin 2021, les gardes-côtes libyens, soutenus par l’Union européenne (UE), ont, selon l’ONG, intercepté en mer et reconduit en Libye quelque 15 000 personnes durant des opérations dites de « sauvetage ».
Citant des témoignages concordants, Amnesty International évoque le comportement « négligent et violent » des gardes-côtes libyens.
Plus de 700 migrants se sont noyées en Méditerranée selon Amnesty International
« Certaines personnes ont raconté que ceux-ci avaient délibérément endommagé leurs embarcations, les faisant parfois chavirer. À deux reprises, des réfugiés et des migrants se sont noyés à cause de tels comportements (…) Plus de 700 personnes réfugiées ou migrantes se sont noyées en Méditerranée centrale durant les six premiers mois de 2021 », rapporte-t-elle.
Et de poursuivre : « La détention abusive des personnes réfugiées et migrantes débarquées en Libye révèle que les violations commises depuis une décennie contre les personnes réfugiées et migrantes se sont poursuivies sans relâche dans les centres de détention libyens durant les six premiers mois de 2021, malgré les engagements répétés à y mettre un terme ».
Depuis la fin 2020, la Direction de la lutte contre la migration illégale, qui relève du ministère de l’Intérieur, a légitimé les violations en intégrant en son sein deux nouveaux centres de détention où des centaines de réfugiés et de migrants avaient été soumis les années précédentes à des disparitions forcées aux mains de milices », précise l’ONG de défense des droits humains.
Et d’ajouter : « Des personnes ayant survécu ont raconté que, dans l’un de ces centres nouvellement rebaptisés, les gardiens violaient les femmes et les soumettaient à d’autres violences sexuelles, les contraignant notamment à des rapports sexuels en échange de nourriture ou de leur libération ».
« Complicité persistante » de l’Europe
Amnesty International dénonce dans son rapport « la complicité persistante » des États européens, « qui continuent honteusement d’aider les gardes-côtes libyens à intercepter des personnes en mer et à les renvoyer de force dans l’enfer de la détention en Libye, alors qu’ils ont parfaitement connaissance des horreurs que ces personnes vont subir ».
L’ONG, basée à Londres, appelle les États européens à « suspendre toute coopération avec la Libye en matière de contrôle de l’immigration et des frontières ».
Elle souligne que le Parlement italien discute en ce moment de la poursuite de l’aide militaire et matérielle de l’Italie aux gardes-côtes libyens.
Amnesty Internationale rappelle que Frontex, l’agence européenne de gardes-frontières et de gardes-côtes, exerce une surveillance aérienne au-dessus de la Méditerranée pour repérer les embarcations de réfugiés et de migrants en mer, et utilise aussi un drone dans cette zone depuis mai 2021.
« Les navires européens ont largement déserté la Méditerranée centrale pour éviter d’avoir à secourir des bateaux de réfugiés et de migrants en détresse », accuse-t-elle.