Sans euphorie en pleine envolée des contaminations au coronavirus, l’Angleterre a abandonné ce 19 juillet presque toutes les restrictions sanitaires tandis qu’à Tokyo se renforcent les craintes d’un foyer de coronavirus au Village olympique.
Dès les premières heures de ce qui a été baptisé “Jour de la liberté”, des milliers de clubbeurs ont pris d’assaut les discothèques, qui étaient fermées depuis mars 2020, avides de goûter à nouveau aux joies de la fête sans aucunes contraintes.
“C’est un peu comme le Nouvel An”, a réagi auprès de l’agence PA, devant une boîte de nuit londonienne, Chloe Waite, 37 ans tandis qu’Alex Clarke, 40 ans, veut croire que si “tout le monde se montre raisonnable, ça va bien se passer”.
Finis la distanciation physique et le port obligatoire du masque, même si celui-ci reste recommandé dans les transports et magasins – et exigé dans les transports londoniens.
Selon le bureau des statistiques, environ deux tiers des adultes prévoient de continuer à en porter un.
Outre les discothèques, les salles de spectacle et les stades peuvent aussi rouvrir à pleine capacité, et les clients accéder au bar dans les pubs.
Dans la rue très commerçante d’Oxford Street, dans le centre de Londres, Hannah Mordi, 34 ans, est “vraiment heureuse” de pouvoir profiter avec sa mère d'”un peu plus de liberté” – même si elle dit à l’AFP se sentir obligée de porter le masque dans les magasins face au regard des autres clients.
Mais en raison de la flambée des contaminations, cette journée de réjouissances reste teintée de “morosité”, selon elle.
Premier ministre à l’isolement
Comme un symbole de cette ambiance en demi-teinte: après avoir été en contact avec son ministre de la Santé Sajid Javid, testé positif, le Premier ministre britannique Boris Johnson est lui-même contraint à l’isolement pour cette grande étape.
Vantant le succès de la campagne de vaccination, il a fait fi du récent appel d’un groupe d’influents scientifiques internationaux qui estime que sa décision “risque de saper les efforts de contrôle de la pandémie non seulement au Royaume-Uni, mais également dans d’autres pays”.
Il s’est contenté d’appeler ses compatriotes à faire preuve de “prudence” face à la vague des contaminations qui grossit sans interruption depuis plusieurs semaines.
Le Royaume-Uni, endeuillé par plus de 128.700 morts, l’un des bilans les plus lourds en Europe, est désormais le pays du continent le plus touché en nombre de cas, autour de 50.000 quotidiennement depuis plusieurs jours. Ils pourraient atteindre 100.000 durant l’été, selon l’exécutif. Le nombre de décès reste limité (autour de 40 par jour) mais augmente, comme les hospitalisations.
L’Indonésie, nouvel épicentre
A l’autre bout de la planète, à Tokyo, l’inquiétude grandit aussi à une poignée de jours de la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, déjà reportés d’un an.
Plusieurs personnes, dont des sportifs, ont été testées positives au Village olympique, et aussitôt placées à l’isolement, ainsi que plusieurs autres, considérées comme cas contact.
Coup dur supplémentaire, le groupe japonais Toyota, sponsor des JO, a indiqué qu’aucun de ses responsables n’assisterait vendredi à la cérémonie d’ouverture et qu’il ne diffuserait pas de publicités liées à l’évènement.
La quasi-totalité des épreuves des Jeux doivent se dérouler à huis clos et les dizaines de milliers de participants – des sportifs aux officiels, en passant par les journalistes venant de l’étranger – sont soumis à des restrictions draconiennes en raison des risques sanitaires.
La pandémie a tué plus de 4 millions de personnes dans le monde depuis fin 2019, mais pour certains pays de la région Asie-Pacifique, jusqu’ici relativement épargnés, le pire reste à venir.
Ravissant à l’Inde et au Brésil le titre peu enviable d’épicentre mondial pour la circulation du virus, l’Indonésie est confrontée à une explosion de cas. Elle a enregistré lundi un record de 1.338 morts en un seul jour.
Au Vietnam, plusieurs dizaines de millions d’habitants sont confinés depuis lundi en raison d’une flambée épidémique sans précédent.
La Thaïlande fait face à sa pire vague de Covid-19 depuis le début de la pandémie, avec des hôpitaux débordés et une campagne de vaccination jugée beaucoup trop lente.
En Australie, les autorités de Melbourne ont décidé de prolonger le confinement imposé à la la deuxième ville du pays.
En Europe, où de nombreux pays voient leurs chiffres de contaminations repartir à la hausse en dépit des campagnes de vaccination, la colère gronde face aux restrictions sanitaires imposées par les autorités pour enrayer la propagation du variant Delta.
L’agence européenne chargée des maladies prévoit un fort rebond du nombre de cas de Covid-19 dans les prochaines semaines, avec près de cinq fois plus de nouveaux cas d’ici au 1er août.
Le nombre d’hospitalisations et de décès devrait toutefois augmenter moins vite, selon le Centre européen de prévention et de contrôle des maladies (ECDC), grâce aux vaccins.
Avec plus de 131.000 nouveaux cas quotidiens en moyenne ces sept derniers jours, soit une augmentation de 41% sur une semaine, l’Europe fait à nouveau partie des régions du monde où le virus circule le plus, tant au niveau du nombre de contaminations que de la hausse hebdomadaire enregistrée.
Seule l’Asie enregistre actuellement davantage de nouveaux cas par jour (153.000), mais le virus y progresse moins rapidement (+20% sur une semaine).