Hassan Assous, metteur en scène, est décédé, ce samedi 24 juillet, à Sidi Bel Abbes, à l’âge de 72 ans.
L’annonce a été faite par le Théâtre régional de Sidi Bel Abbes, sur la page Facebook. Hassan Assous est décédé après un malaise cardiaque.
« Tu m’as ouvert les portes et m’a donné une opportunité … Je défie ceux qui nient cela. .. Je ne t’oublierai pas. Au revoir mon père, mon frère et mon ami.. », écrit le comédien Benabdallah Djellab.
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Benabdallah Djellab figure parmi les révélations de la scène qui ont bénéficié de l’appui de Hassan Assous lorsqu’il était directeur du Théâtre régional de Sidi Bel Abbes, entre 2006 et 2017. Il en est de même pour Abdelkader Djeriou, metteur en scène et comédien, Khadidja Abdelmoula, Nawal Benaissa et Dalila Nouar, comédiennes.
Hassan Assous , « Le militant et le gentleman »
« Hassan Assous l’artiste, l’humain, le militant, le bon, le calme, le gentleman et l’ex directeur du théâtre Sidi Bel Abbes, l’ami de tous les artistes nous a quitté pour rejoindre son ami Kateb Yacine.
J’ai eu l’honneur et la chance de jouer avec lui dans le film » Sous les cendres » de Abdelkrim Baba Aissa et donc de partager avec lui durant le tournage du film à Djenien Bourezg ( Ain Sefra) des moments de bonheur , de plaisir et de fraternité inoubliables ! », se souvient le journaliste Rachid Ould Mohand sur son compte Facebook.
Natif d’Alger et originaire de Jijel, Hassan Assous, militant de gauche, est venu au théâtre dans les années 1970, avec la troupe de Kateb Yacine qui dépendait du ministère du Travail. A l’époque, Kateb Yacine revendiquait le théâtre populaire, celui qui va vers les gens dans les campagnes, les usines et les villages.
L’ami de M’Hamed Benguettaf
Hassan Assous a été distribué dans des pièces politiquement engagées comme « Palestine trahie », « La guerre de 1000 ans » et « Les rois de l’Occident ».
Durant la même période, il avait connu le comédien M’hamed Benguettaf à Alger. «A l’époque, des débats étaient organisés à la Cinémathèque d’Alger. C’était là où l’on se rencontrait, on passait des soirées ensemble. En rentrant chez nous, tard dans la nuit, on passait par la place du 1er Mai, là où M’hamed habitait. Son appartement situé au dernier étage d’un immeuble était toujours illuminé. On se disait que M’hamed était en train d’écrire des pièces ! », s’est-il souvenu dans une déclaration à El Watan.
Et d’ajouter : « M’hamed Benguettaf était un acteur talentueux. On venait l’applaudir au théâtre. Il a traduit Kateb Yacine, « L’homme aux sandales au caoutchouc ». Il est passé à l’adaptation puis à la création. Presque soixante ans d’action pour le théâtre sans oublier le travail à la radio».
L’expérience de « Lamalif »
Durant les années 1980, Hassan Assous a décidé, avec d’autres comédiens dont son épouse Fadhéla Assous, de créer une coopérative indépendante, « Lamalif ». L’administration du Théâtre régional de Sidi Bel Abbes n’a pas apprécié pas cette initiative et a décidé de licencier le couple Assous.
« En une journée, nous avons perdu deux salaires. A l’époque, mon fils était étudiant à Boumerdes. Je n’avais aucune entrée d’argent. Nous avons été sauvés par notre premier spectacle « El besma el majrouha » (le sourire blessé). Mes amis tunisiens m’ont soutenu comme Azzeddine Guenoun, Essad El Djamoussi, Dr.Triki, doyen de la faculté des sciences humaines de Sfax. Ils nous ont organisé une grande tournée en Tunisie. Les artistes de Sétif, avec l’appui de la Maison de la Culture, ont collecté 20 millions de centimes pour nous aider et nous ont invité pour jouer le spectacle », a confié Hassan Assous, lors d’un débat sur les coopératives, organisé à la faveur du 14e Festival national du théâtre professionnel (FNTP) qui s’est déroulé en mars 2021 au Théâtre national Mahieddine Bachtarzi (TNA), à Alger.
Produite en 1992, « El besma el majrouha », mise en scène par Hassan Assous, d’après un texte de Omar Fetmouche, avec la collaboration du photographe Ali Hefied, du chorégraphe Hadi Cherifa et du scénographe Abderrahmane Zaâboubi, a été présentée en Grande Bretagne, en Italie et en Tunisie, après une tournée en Algérie.
Grand intérêt pour les textes de Kateb Yacine
En 2010, Hassan Assous a décroché le grand du 5ème FNTP avec « Chadhaya » (Fragements), d’après l’oeuvre majeure de Kateb Yacine, « Nedjma ». Il a également mis en scène « Ghobrat el fhama » d’après « La poudre de l’intelligence » de Kateb Yacine.
Hassan Assous portait un intérêt particulier aux textes de Kateb Yacine, « mieux exploités ailleurs » disait-il souvent.
Pendant six ans, Hassan Assous a été commissaire du Festival régional du théâtre de Sidi Bel Abbes, qualificatif au festival national. Ce festival a été supprimé par l’ancien ministre de la Culture Azzeddine Mihoubi sans raison valable, suscitant la colère de Hassan Assous et de tous les comédiens de Sidi Bel Abbes. Le festival était une occasion pour découvrir de nouveaux talents, renforcer la formation aux arts de scène et d’habituer le public aux spectacles de théâtre.
Hassan Assous veillait à travailler en coordination avec le département d’arts dramatiques de l’université de Sidi Bel Abbes pour lier la théorie à la pratique. En Algérie, il a été parmi les premiers directeurs de théâtre à adopter cette méthode. « Rien ne peut menacer le théâtre. Et, rien ne peut remplacer un spectacle vivant », disait-il souvent.