La décision du président tunisien Kais Saied de geler l’action du Parlement et de démettre le Premier ministre de ses fonctions suscite beaucoup de réactions à l’étranger.
L’ONU prévient contre le risque d’une déstabilisation politique dans ce pays maghrébin.
« Nous suivons de très près la situation en Tunisie depuis l’annonce faite hier par le président Saied. Nous appelons toutes les parties prenantes à faire preuve de retenue, à s’abstenir de toute violence et à veiller à ce que la situation reste calme. Tous les différends et désaccords doivent être résolus par le dialogue. », déclare Farhan Haq, porte-parole adjoint du secrétaire général des Nations Unies.
Les États-Unis disent suivre de près l’évolution de la situation en Tunisie.
« Nous sommes en contact avec des représentants du gouvernement tunisien et insistons sur le fait que les solutions aux problèmes politiques et économiques de la Tunisie doivent être fondées sur la constitution tunisienne et les principes de la démocratie, des droits de l’homme et de la liberté », souligne le Département d’Etat dans un communiqué.
« Nous appelons au respect scrupuleux de la liberté d’expression »
« Nous avons clairement exhorté toutes les parties à éviter de prendre des mesures susceptibles d’étouffer le discours démocratique ou conduire à la violence. Nous sommes particulièrement troublés par les informations selon lesquelles des bureaux de médias ont été fermés et nous appelons au respect scrupuleux de la liberté d’expression et des autres droits civils », est-il ajouté.
Pour Washington, la Tunisie ne doit pas gaspiller ses acquis démocratiques. « Les États-Unis continueront à soutenir la démocratie tunisienne », est-il indiqué.
« Éviter tout recours à la violence »
L’Union européenne (UE), pour sa part, appelle au respect de la constitution en Tunisie. « Nous suivons de près les derniers développements en Tunisie. Nous appelons tous les intervenants à respecter la constitution, les institutions et l’État de droit. Nous les invitons également à faire preuve de calme et à éviter tout recours à la violence afin de préserver la stabilité du pays », déclare à l’Agence turque Anadolu Nabila Massrali, porte-parole de la Commission européenne.
Le chef de la diplomatie européenne Josep Borrell évoque, pour sa part, la nécessité de préserver la démocratie et la stabilité de la Tunisie. Il appelle à la reprise de l’activité parlementaire, au respect des droits fondamentaux et « à l’abstention de toute forme de violence ainsi qu’au rétablissement de la stabilité institutionnelle dans les meilleurs délais».
L’Allemagne se dit également préoccupée par la situation en Tunisie. « Nous prenons acte de la décision du président de la République d’invoquer l’article 80 de la Constitution pour suspendre les travaux du Parlement. Pour être honnête, nous devons dire que nous considérons que c’est une interprétation assez large de la constitution », estime Maria Adebahr, porte-parole du ministère des Affaires étrangères.
« Prendre en considération l’intérêt du peuple tunisien »
La Russie suit également de « près » les développements politiques en Tunisie. « Nous suivons les nouvelles qui nous parviennent de Tunisie. Bien sûr, nous espérons que rien ne menacera la stabilité et la sécurité des citoyens dans ce pays », soutient Dmitri Peskov, porte-parole du Kremlin, à Moscou.
Le Qatar, qui n’a pas réagi à la fermeture du bureau d’Al Jazeera à Tunis, appelle toutes les parties concernées de la crise en Tunisie à choisir la voie du dialogue « à renforcer les pouvoirs des institutions étatiques tunisiennes et à appliquer les lois du pays ». Doha prévient contre le recours « aux pressions et aux violences ». « Il faut prendre en considération l’intérêt du peuple tunisien », souligne-t-il.
La Turquie dénonce les décisions du président Kais Saied. “Nous sommes profondément préoccupés par la suspension des activités du Parlement en Tunisie qui représente la volonté du peuple, le 25 juillet 2021, lors de la Fête de la République. la Tunisie était un pays exemplaire quant au processus démocratique entamé suivant les attentes du peuple”, écrit le ministère des Affaires étrangères turc dans un communiqué.
Ankara critique les mesures prises par Kais Saied
Ankara souhaite le retour à la légitimité démocratique en Tunisie, « le plus rapidement possible, selon les dispositions de la Constitution tunisienne ». « Nous sommes certains que le peuple tunisien qui a franchi de nombreuses étapes vers la démocratie avec succès, surmontera ce défi aussi », est-il noté.
La France, pour sa part, souhaite le retour, « dans les meilleurs délais », à un fonctionnement normal des institutions » en Tunisie. « Elle appelle également l’ensemble des forces politiques du pays à éviter toute forme de violence, et à préserver les acquis démocratiques du pays », déclare la porte-parole ministère des Affaires étrangères français.