Des toiles de l’artiste-peintre Abdelkader Grari sont exposées depuis le mercredi 20 octobre jusqu’à la fin de ce mois à la Maison de la culture Belkacem Beghdadi à Ain Sefra, à Naâma.
« Djoudhour » (Racines) est le titre donné à cette exposition organisée par l’Association culturelle Safia Ketou d’Ain Sefra.
Dominés par l’expression réaliste, les tableaux de peinture à l’huile évoquent des paysages, des ruelles, des personnages de la tradition diwane, des monuments, l’ancienne gare, le souk, l’ancien « bureau arabe » de l’époque coloniale française, l’école coranique et des métiers de la capitale du Mont des Ksours.
« Je me suis inspiré parfois d’anciennes photos d’Ain Sefra pour restituer un endroit, une bâtisse ou une œuvre d’art. Je modifie parfois les angles, je fais des rajouts. Je travaille aussi sur le patrimoine culturel des Ksours sahariens », précise Abdelkader Grari, rencontré à Ain Sefra.
La tradition diwane célébrée
Dans un tableau, l’artiste rappelle la tradition du palanquin qui servait dans les anciens temps à transporter la mariée dans un cortège d’un ksar à un autre sur plusieurs kilomètres, entre Asla et Tiout par exemple, à l’est d’Ain Sefra.
Le tableau reprend les paysages de l’oasis de Tiout, situé à 20 km au nord d’Ain Sefra.
« Les personnages que vous voyez dans ce tableau sont réels. Ils s’agit des membres de la troupe du diwan de Moulay Tayeb qui de temps à autre sillonnent la ville pour préparer la waada. Il y a aussi la troupe de Sidi Blal », précise-t-il à propos d’une toile restituant la tradition forte du diwan dans la région des Monts des Ksours où chaque mois de septembre est organisée la grande fête annuelle.
Dans d’autres tableaux, Abdelkader Grari fait revivre d’anciennes pratiques de la région du sud de Naâma comme la lessive en bordure de rivière. « Dans toute la région du mont des Ksours, le lavage de laine ce faisait jadis aux oueds, car cela nécessitait de l’eau en abondance… le lavage est le premier travail a faire pour préparer la laine au tissage… », précise l’artiste à propos du tableau « Les laveuses de laine ».
La hadra de Sidi Ahmed Oumoussa, cérémonie spirituelle annuelle de Sfissifa, célébrée aussi à Kerzaz, dans la région de Béchar, est présente dans un autre tableau.
« Je m’inspire de Mohamed Racim »
Abdelkader Grari se dit fidèle à l’école de l’expressionnisme qui libère l’imagination et les mains de l’artiste-peintre .
« Je m’inspire aussi des travaux de Mohamed Racim dans la technique de miniature. J’utilise les couleurs vivantes », dit-il.
La dernière exposition d’Abdelkader Grari remonte à 2007 à Alger. « C’était lors de la manifestation, Alger capitale de la culture arabe. Depuis, je n’ai pas eu l’occasion de faire d’autres expositions. L’art ne fait pas vivre. Au fil du temps, c’est devenu juste une passion pour garder la main. Maintenant avec la retraite, je me consacre à 100 % à l’art », confie-t-il.
L’artiste a ouvert un atelier à Ain Sefra depuis presque deux ans.
Formé à l’Institut national des industries légères de Boumerdes dans les années 1980, Abdelkader Grari a perfectionné son art avec « les dessins industriels ». « La pratique vient en cours de route. Je fais de la peinture depuis plus de cinquante ans. J’ai commencé avec le dessin au crayon », dit-il.