Les illusions perdues ou l’état de la presse française

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Les illusions perdues ou l’état de la presse française
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Aller voir le film Illusions perdues, pour qui a lu avec passion le livre de Balzac c’était prendre le risque d’être déçue par son adaptation au cinéma par Xavier Giannoli. Cependant, lorsqu’une une oeuvre rencontre le talent d’un réalisateur et que celui-ci se l’approprie jusqu’à en faire une oeuvre personnelle et surtout contemporaine, cela tient du miracle.

Pour qui vit en France ou s’intéresse à ce pays, on sait la crise que traverse la presse écrite et audiovisuelle : concentration aux mains de quelques oligarques, peu d’approfondissement du fond dans un article auquel on préfère le buzz, dramatisation à outrance pour augmenter l’impact des encarts publicitaires, incompétence dans le sujet traité avec des reprises des dépêches de l’AFP ou de Reuters, intelligence artificielle qui menacent les journalistes et les nombreux pigistes précarisés à souhait …

Pourtant, cela pourrait presque paraitre anodin, au vu de se peut s’infliger le monde journalistique lui-même : notes de lecture d’un livre qu’on n’a pas lu, rivalité d’égo surdimensionné et règlement de comptes, écrire pour de l’argent, écrire pour se glorifier, écrire pour assouvir une détestation, une rancune, écrire pour plaire aux puissants, pour appuyer un pouvoir en place ou le démolir …

Rien n’est nouveau et c’est ce monde que Balzac décrivait déja au XIXème siècle et dont parle le film Illusions perdues avec Benjamin Voisin, Cecile de France, Vincent Lacoste, Gerard Depardieu et les magnifiques décors de Pierre-Jean Larroque.

Des canards dans les salles de rédaction nous rappellent la vacuité de certains journalistes, et seules les femmes dont la merveilleuse Salomé Dewaels, malgré un statut aliénant, s’en sortent avec honneur et dignité . Les hommes sont tout à leur désir de puissance, de gloire, d’ambition sociale et pour gravir le Mont Cervin peu importe les blessés ou les humiliés sur la route, seule compte la conquête .

Cependant ce qui sauvent les deux protagonistes (dont Xavier Dolan en majesté ) c’est l’amour de la littérature . A l’époque il se murmurait qu’il s’agissait de Balzac et Hugo. La chute est fracassante (et annoncée dans le titre de le livre et du film, donc je ne spolie pas) mais elle est rédemptrice puisqu’elle ramène à la littérature, à la création et à ce qui a fait la grandeur de la France à cette époque : Hugo, Baudelaire, Delacroix …

« Nous donnons un sens à ce monde par le courage des questions et la profondeur des réponses » a écrit Richard Powers et ce que semble nous dire Xavier Giannoli dans ce formidable opus.

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