A propos de la situation au Maghreb
1. Les Maghrébins doivent se souvenir de la façon dont l’Irak et l’Iran se sont détruits mutuellement. Au bénéfice de qui? Certainement pas au bénéfice des peuples irakien et iranien, ni même à celui de leurs régimes. L’agresseur, Saddam a cru qu’il serait soutenu par les puissances occidentales dans son entreprise criminelle. On connait la suite.
2. Une guerre, à Dieu ne plaise, entre le Maroc et l’Algérie sera une catastrophe pour les deux peuples, mais aussi pour les deux États, car il s’agit là de deux pays en crise, fortement dépendant de l’extérieur, sur les plans économique et stratégique notamment. Deux pays qui n’ont absolument rien à gagner d’un affrontement armé.
3. Mais l’histoire, c’est aussi des mécaniques, parfois simples. Ainsi, certaines provocations ne peuvent pas ne pas susciter de réactions, prévisibles ou pas. L’assassinat de trois citoyens algériens est, en l’absence d’excuses publiques des autorités marocaines, une provocation. Une provocation qui vise quoi? Tester la réaction des autorités algériennes, ou bien enclencher un processus menant à la guerre.
4. La réaction algérienne, diplomatique, interpellant les instances internationales, semble, dans une première phase en tout cas, vouloir circonscrire le drame en deçà de développements fâcheux, violents, dangereux, toujours possibles.
5. Reste que les problèmes de fond de la relation entre l’Algérie et le Maroc, devront être pris en charge et réglés au plus tôt:La question du Sahara occidental devra être réglée dans le cadre de l’ONU, et fondée sur un accord politique entre le Royaume du Maroc et le Front Polisario.
Un tel accord est indispensable à toute solution durable. Il serait favorisé par une dynamique maghrébine, ambitieuse par ses objectifs et fondée également sur certains compromis. Le droit à l’autodétermination du peuple sahraoui est un droit reconnu par les Nations Unies, un droit auquel ni les Sahraouis, ni les peuples ayant subi la colonisation ne peuvent renoncer.
Il serait illusoire de croire que la conjoncture internationale actuelle, que les rapports de force, fantasmés ou réels, que des considérations d’intérêt de court-terme, que des campagnes médiatiques, des croquis à la Sykes-Picot, etc. puissent réduire ou annuler les fondamentaux de la situation.
Concernant les fondamentaux, outre la nécessité historique de l’exercice par les Sahraouis de leur droit à l’autodétermination, les peuples algérien et marocain sont confrontés à la nécessité vitale pour eux de sortir du marasme où ils se trouvent et de produire une pensée et une stratégie pour sortir du sous-développement, de la dépendance, du fatalisme, de la soumission, pour retrouver le chemin de leur libération et de leur épanouissement. Cela passe par la construction d’États de droit, modernes, efficaces, souverains et pleinement légitimes.
C’est seulement lorsque les peuples algérien et marocain auront fait des progrès significatifs dans cette voie que leurs pays pourront échapper aux manipulations, aux mirages, aux postures vaines et aux faux-semblants, et agir enfin de façon responsable et souveraine, au profit de leurs peuples, et de la paix et du développement dans la région et dans le monde.