« O que arde » évoque un monde rural qui se meurt, une nature qui disparaît

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"O que arde" évoque un monde rural qui se meurt, une nature qui disparaît
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Le film espagnol « O que arde » (Viendra le feu) porte une réflexion brute sur le rapport de l’homme à la nature.
La scène d’ouverture du long métrage « O que arde » de l’espagnol Olivier Laxe est intense, saisissante et douloureuse à la fois. Une forêt la nuit, la caméra, en contre-plongée, filme des troncs d’arbres dans une semi-obscurité. Le jeune cinéaste donne l’impression de chercher une voix dans ces bois plongés dans le noir.


Le plan devient large et dévoile des eucalyptus qui presque dignement tombent l’un sur l’autre dans un bruit effrayant, arrachés par deux monstres, deux bulldozers, rugissants et menaçants, qui avancent éclairés par leurs phares . Une forêt est rasée pour laisser place à une route, à un building ou à une usine. On ne le sait pas.


Le réquisitoire écologique d’Olivier Laxe est vif, direct et sans appel dès les premières images de son troisième long métrage,  « O que arde », projeté à la cinémathèque d’Alger, à l’occasion des 6ème Journées du film européen en Algérie.


Deux solitudes

Le récit suit ensuite le parcours silencieux d’Amador Coro (Amador Arias), un homme qui sort de prison après avoir été condamné pour pyromanie en Galice, au nord-ouest de l’Espagne. De la fenêtre du bus, il regarde un paysage verdoyant plongé dans une grisaille mélancolique et « traversé » par un viaduc.


Amador marche sous la pluie pour rejoindre le village où habite sa mère, Benedicta (Benedicta Sanchez), dans une maison en pierres située en plein montagne. L’accueil est froid. La mère ne montre aucun signe de joie après le retour de son fils qui, lui, parle peu, ne sourit pas, agit comme s’il avait perdu tout espoir, tout lien avec la vie. Va-t-il pouvoir remonter la pente ?


Il préfère la compagnie d’une chienne et de trois vaches et semble apprécier le retour à la terre, à la nature. Benedicta, qui apprécie cette présence, est en harmonie avec son environnement fait d’arbres, d’herbes, de buissons et d’un ruisseau. Son rapport avec les voisins est cordial. Son existence est simple, elle l’accepte en toute humilité.

 
Elle et son fils forment deux solitudes qui se complètent et qui trouvent parfois des instants de bonheur, de quiétude. La « soumission » des villageois à la nature est parfaitement illustrée dans le film. Une soumission qui paradoxalement évoque la liberté.  Un soir, le feu se déclare dans la région…


Un regard pessimiste

Tous les éléments de la nature sont convoqués dans « O arde », eau, feu, terre, fumée et air, pour raconter une histoire touchante sur un monde rural qui se meurt, écrasé par la « dictature » de la modernité ».


Dans la continuité de « Mimosa, la voie de l’Atlas », tourné dans les montagnes du Maroc, Olivier Laxe, qui est originaire de Galice, parle, avec une forme lyrique presque hypnotisante, appuyée par un chant opéral (Verdi) et un sens aigu du réalisme,  de l’homme et de son rapport à la nature. Et de la nature elle-même qui, parfois, prend sa revanche. Les dialogues sont minimalistes et les images parlantes.


Olivier Laxe, 39 ans, porte un regard pessimiste sur le monde contemporain, un monde qui part à sa perte, d’où l’idée, puisée dans les anciens textes religieux, d’un incendie géant qui « viendra » tout détruire. Les scènes « O que arde » ont été tournées en 16mm lors d’un incendie de forêts réel donnant au film une valeur documentaire, une authenticité.  « O que arde » a obtenu le prix du jury de la section « Un certain regard » au Festival de Cannes.

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