« La vie d’après », le premier long métrage d’Anis Djaad, a été projeté, en avant-première nationale, jeudi 9 décembre 2021 à la salle Ibn Zeydoun à Alger.
La projection presse, qui était prévue le même jour, a été annulée pour des « considérations techniques », selon le CADC (Centre algérien de développement du cinéma), producteur.
« La vie d’après », qui devait s’appeler « Hadjer » au début, est coproduit également par le Centre national du cinéma et de l’image animée (CNC, France), l’Institut français et la Région Île de France.
Après avoir fait « l’école », en réalisant trois courts métrages « Le hublot » (2012), « Le passage à niveau » (2014) et « Le voyage de Keltoum » (2016), Anis Djaad, journaliste et romancier également, est passé au long métrage avec « La vie d’après ». Mais, l’esprit « court » est toujours là dans la narration.
Un père absent
Dans un village de l’ouest algérien, qui ne porte pas de nom et qui est invisible à l’écran puisque la caméra se concentre sur les espaces intérieurs sans plan large, vit Hadjer (Lydia Larini qui a remplacé Nadia Kaci) avec son fils Djamil (Ahmed Belmoumane).
Le père est absent, comme c’est devenu une habitude « psychologique » dans le cinéma algérien. On peut deviner qu’il a été assassiné durant les années 1990. La maison où vit Hadjer est plongée dans une semi obscurité, les murs sont décripis, la porte sale et les arbres à l’article de la mort.
Djamil travaille dans les champs agricoles et Hadjer femme de ménage dans une mairie. Un matin, un homme est trouvé suspendu dans un olivier. Pourquoi s’est-il suicidé? Pas réponse, juste « le choc »rapide de Djamil et un passager d’un bus qui proclame que le suicidé ne serait pas « le dernier ». « Bien d’autres suivront », lance-t-il. Mais, pourquoi donc ? Pas d’explication. Et d’ajouter : « Leur vie est un trou noir ». Pourquoi ? Pas d’explication aussi. Passons.
La rumeur se répand dans le village que la mère de Djamil serait de mœurs légères rien parce qu’elle avait fermé la porte du bureau lorsqu’elle est allée demander d’être libérée avant la fin des heures du travail au chef de service. Rapide et expéditif.
Les violeurs potentiels
Aucun développement dans le film sur l’évolution de la rumeur, juste deux ou trois scènes. Et vite, trop vite, arrive la violence des villageois qui bannissent Djamil et qui veulent s’en prendre à sa mère. Comme si la violence était une seconde nature chez les gens du douar. Et, bien sûr, Hadjer et Djamil quittent « rapidement » le village, sans s’expliquer ou parler avec « les autres », en marchant… au milieu de la route dans une atmosphère de grisaille vers la ville voisine.
Une ville, qui ne porte pas de nom aussi même si on devine qu’il s’agit de Mostaganem. Là, Hadjer et Djamil vont habiter dans un bidonville où « rôdent » des violeurs potentiels, Mohamed (Samir El Hakim) l’époux de Fatma (Hadjla Kheladi) amie de Hadjer, et « l’algérois » qui loue les baraques (Mourad Khan). Hadjer et Djamil vont devoir « fuir » les « bêtes sexuelles » en liberté. Même le boucher- revendeur de pains, que Hadjer prépare et lui vend, tente d’abuser d’elle. Djamil et Hadjer fuient vers le bord de mer où ils louent une chambre chez un homme solitaire (Djemel Barek).
L’errance est pénible pour Djamil qui, avec une incroyable facilité, verse dans la boisson avec un ami qui assimile les senteurs marines au « parfum de la liberté ».
Les mêmes stéréotypes
Une histoire sans presque aucune originalité, un scénario linéaire, un jeu juste moyen des comédiens et des dialogues pauvres. Les images épurées d’Ahmed Talantikite, DOP, n’y peuvent rien. Le récit est vacillant et sans profondeur.
« La vie d’après« , qui ressemble à un court métrage rallongé laborieusement, reprend les mêmes stréotypes sur la société algérienne : femme victime, homme boureau-violeur-paresseux, jeunesse perdue qui « rêve » de partir et pays invivable. L’Algérie « pays prison » est déjà largement présente dans « Le hublot », premier court métrage d’Anis Djaad.
« La vie d’après » est un film « gris » qui est dans la continuité des longs métrages de production française et d’inspiration française réalisés par des Algériens, comme « Papicha » de Mounia Meddour, « Les bienheureux » de Sophia Djama, « A mon âge, je me cache encore pour fumer » de Rayhana, « Madame courage » de Merzak Allouache et « Viva laldjérie » de Nadir Moknèche…
Un air du déjà vu
Le même regard misérabiliste et figé sur la société algérienne avec les mêmes thèmes, les mêmes clichés et presque les mêmes scènes. Mêmes les dialogues se ressemblent comme écrits par la même main : « trou perdu », « enfer », « je veux partir », « pays maudit », « il n’y a rien ici », misère sexuelle…Et, évidemment, dans le film d’Anis Djaad « le prêche » de l’imam contre les femmes « qui ne doivent pas se mélanger » aux hommes est bien présent pour « grossir » le trait.
Un air du déjà vu, déjà entendu, tellement vu et entendu que cela devient ennuyeux. L’ennui justement traverse ce long métrage de bout en bout. Pas de rebondissement, peu d’actions, pas de surprise, aucun coup de théâtre, juste « un drame sociale » qui ne raconte rien de nouveau, plongé dans une esthétique banale.
A noter enfin que les films projetés ces dernières semaines en avant-première en Algérie par le CADC ne sont accompagnés ni de dossiers de presse ni de trailers sur les réseaux sociaux. En 2021, pareilles omissions sont impardonnables.
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