Concert de Tinariwen à Tamanrasset : Ibrahim ag Alhabib s’attache à l’Assouf, rejette le blues

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Concert de Tinariwen à Tamanrasset : Ibrahim ag Alhabib s'attache à l'Assouf, rejette le blues
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Le groupe Tinariwen a animé, mercredi 12 janvier, un concert à la Maison de l’Imzad, à Tamanrasset, en clôture des festivités de célébration de Yennayer 2972. Un come-back rassurant dans la capitale de l’Ahaggar.


Jusqu’à tard dans la nuit, Tinariwen et son leader historique Abraybone ou Ibrahim ag Alhabib , 62 ans, étaient attendus par le jeune public de Tamanrasset. Le concert musical était « la surprise » de la cérémonie de clôture des festivités célébrant le nouvel an amazigh, organisées par le Haut Commissariat à l’Amazighité (HCA) depuis le 9 janvier.


Le froid nocturne de l’hiver saharien n’a pas dissuadé les nombreux fans de Tinariwen d’assister à un concert riche en émotions et en sons. Tinariwen retrouve la Maison de l’Imzad après deux concerts mémorables en septembre 2013 et en juillet 2017. 


« Tamanrasset me manque »


Ibrahim ag Alhabib, accompagné, à la guitare, n’a montré aucun signe de fatigue. Il a déjà oublié l’épisode de 2019 lorsqu’une tournée de Tinariwen a été annulée. Le 1 janvier 2019, l’Office national de la culture et de l’information (ONCI) avait interdit à Tinariwen de monter sur scène sans aucune explication. Abraybone a composé une chanson pour dénoncer cet épisode douloureux, dénoncé par les artistes comme un acte ressemblant à une censure.  


« Le retour est toujours beau. Je ne suis pas étranger à ce pays. Je ne sais pas comment vous exprimer mon bonheur d’être ici », confie Ibrahim ag Alhabib à la presse, avant le concert.


Et d’ajouter : « Je suis un peu perdu dans le monde. Je souhaite venir assez souvent ici à Tamanrasset. Je suis né et j’ai grandi ici. je viens mais je ne reste pas pour longtemps. Tamanrasset me manque. Les gens que j’ai rencontré par le passé ne sont plus là, mais je vois leurs enfants, leurs proches. Les jeunes et l’Algérie m’adorent. C’est un grand honneur pour moi ».


Un acte musical authentique


Accompagné notamment par des musiciens du groupe Imzad de Tamanrasset, Ibrahim ag Alhabib a interprété avec beaucoup d’assurance plusieurs titres des derniers albums de Tinariwen (qui signifie déserts en tamacheq) « Amadjar », « Elwan », « Emmaar » et « Tassili ». Le blues, le rock, le chant targui, la poésie saharienne, les mélodies nostalgiques, tout « le must » de Tinariwen était là, intacte dans l’expression Assouf dans sa forme la plus aboutie.


La musique de Tinariwen, alimentée par l’intarissable source africaine, est sans cesse renouvelée, fraîche et envoûtante. Les paroles et la mélodie se complètent parfaitement.  


Ibrahim ag Alhabib assume son acte musical comme une expression authentique et refuse les « étiquettes » très world music genre « bluesmen du Désert », « Blues du Désert », « Blues des Touareg » reprises par la presse en dehors de l’Afrique.


« Nostalgie, solitude et silence »


 « Le blues était une expression de gens ayant subi l’esclavage. On ne se sent pas concerné par cela. On dit que nous sommes sortis du désert, on peut l’accepter, mais nous ne faisons pas du « blues du désert ». Nous faisons de l’Assouf. Cela signifie nostalgie, solitude et silence. Nostalgie pour mes amis et ma famille. Assouf veut dire aussi que tu vis sans subir aucune pression », explique Ibrahim ag Alhabib.


Il souligne que Tinariwen, dans plusieurs composantes, lors des tournées notamment, rassemble des musiciens venus d’horizons et de pays différents . Et, il rappelle que le groupe a chanté avec des stars telles que Carlos Santana, Roberto Gil,  Robert Plant, Led Zeppelin et d’autres. Tinariwen a été appuyé à ses débuts par le producteur britannique Justin Adams.


Pour rappel, Tinariwen avait enregistré en 2011,  « Tassili », leur huitième album, à Djanet, au sud-est algérien. Cet album leur a valu une consécration internationale avec  un Grammy Award.  


« Ténéré pour moi signifie l’espace, la possibilité d’être avec les gens, un lieu où tout le monde peut venir, se rassembler sans distinction de nationalité ou de races, partager avec les autres », insiste Ibrahim ag Alhabib.


« Il faut insister pour que les gens éduquent leurs enfants, les envoient à l’école surtout ici au Sahara. Les jeunes doivent être en adéquation avec ce qui se passe dans le monde », plaide-t-il.

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