Ce que l’Afrique veut de l’Europe après le sommet de Bruxelles

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Ce que l'Afrique veut de l'Europe après le sommet de Bruxelles
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« Les africains veulent du concret », a déclaré Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union africaine, après le sommet de Bruxelles.
Un sommet qui a réuni, pour sa sixième édition, les 17 et 18 février courant, les dirigeants des Etats membres de l’Union européenne (UE) et l’Union africaine (UA).  Le président sénégalais Macky Sall, président en exercice de l’UA, a précisé que 60 ans après les indépendances, l’Afrique est en pleine mutation.
« L’Afrique a changé. Malgré quelques contre-performances, la démocratie gagne du terrain dans le continent et la croissance économique est supérieure à la moyenne mondiale même si elle est freinée aujourd’hui par les effets de la pandémie de Covid-19 », a-t-il déclaré lors du discours d’ouverture du sommet.
L’Afrique veut, selon lui, des partenariats consensuels, « mutuellement bénéfiques ».


« Avec l’Europe, l’Afrique souhaite convenir d’un partenariat rénové »

« Des  partenariats construits sur des priorités et des valeurs partagées, sans injonctions civilisationnelles, sans exclusion ni exclusivité. Avec l’Europe, l’Afrique souhaite convenir d’un partenariat repensé, rénové et refondé. Nous proposons d’installer ensemble un nouveau logiciel adapté aux mutations en cours et apte à soutenir la dynamique novatrice que nous voulons imprimer à nos relations », a souligné Macky Sall.
Selon lui, l’Afrique et l’Europe doivent travailler ensemble pour lutter contre le terrorisme sur base de l’outil de « la facilité européenne pour la paix (FEP) ».

La FEP est un instrument financier européen mis en place en 2021 pour couvrir les actions extérieures « ayant des implications militaires ou dans le domaine de la défense et relevant de la politique étrangère et de sécurité commune (PESC) européenne ».
L’OCDE (Organisation de coopération et de développement économiques) doit, selon le président de l’UA, assouplir ses règles pour permettre aux pays africains d’accéder plus facilement aux crédits export « avec des taux d’intérêt plus soutenables ».


Des besoins de financement de 130 à 170 milliards de dollars« 

Ceci, pour renforcer l’investissement et les échanges commerciaux entre nos deux continents. L’Afrique, c’est 30 millions de km2, 1,3 milliards d’habitants et des besoins de financement de 130 à 170 milliards de dollars par an, selon les estimations de la Banque africaine de développement, rien que pour les infrastructures », a détaillé le président de l’UA.


Il a plaidé pour la révision des critères de risques d’investissement en Afrique :  « Pour l’Afrique, la perception du risque est plus élevée que le risque réel, ce qui renchérit les primes d’assurance, pénalise l’investissement et réduit la compétitivité de nos économies. Des études récentes montrent qu’au moins 20 % des critères de notation de nos pays relèvent de facteurs subjectifs, sans relation avec les indicateurs de risque ou de stabilité d’une économie ».
 Il a évoqué des projets d’infrastructures routières, ferroviaires, portuaires, aéroportuaires et énergétiques estimant le nombre d’africains dépourvus d’électricité à 600 millions.


Moussa Faki Mahamat, président de la Commission de l’Union Africaine, a, pour sa part, souligné les vulnérabilités de l’Afrique.

Les IDE reculent de 40 % en Afrique

Au plan économique, l’épargne interne a enregistré une baisse de 18%, tandis que les envois de fonds de l’étranger ont replié de 25%, et les Investissements directs étrangers ont reculé de 40%, le tout sur fond d’une importante baisse des recettes fiscales. La raréfaction des financements en dépit de leur immense disponibilité potentielle renforce l’obsédante question de la reprise économique.

Le fait que notre partenariat n’a pas été capable, jusqu’ici, de réussir, en plénitude, cette mobilisation possible en faveur d’un vrai plan de reconstruction et de modernisation, est franchement désolant », a-t-il déclaré.
Et d’ajouter :
« Bien que cette convergence euro-africaine déclaratoire constitue assurément un indicateur de cohérence dans une vision stratégique commune, elle pêche, cependant, pourquoi se le cacher, par un vrai décalage entre ses formulations discursives et ses retombées factuelles, pratiques, transformatrices du réel. ll se dégage du parcours jusqu’ici accompli par le partenariat Union africaine -Union européenne une préoccupation sur le comment de la mise en œuvre efficace et efficiente des différentes activités figurant dans les plans d’action. La lisibilité du partenariat ne pouvant être reflétée que dans des résultats tangibles. ».


« L’Afrique développe une diversité de partenariats qui n’a pas la même histoire, ni la même ampleur que celle de notre partenariat avec l’Europe. Ces nouveaux partenariats ne sont pas moins pertinents et avantageux pour l’Afrique et, de ce point de vue, sont dignes de respect et de prise en compte », a souligné Moussa Faki Mahamat.


Il répondait aux critiques européennes récurrentes sur la présence d’investisseurs turcs, chinois, indiens, émiratis, saoudiens et américains en Afrique. Moussa Faki Mahamat a plaidé pour un partenariat « rénové, revitalisé, nourri d’une âme nouvelle de pragmatisme créateur de projets concrets, structurants et transformateurs ». Il a estimé que les africains « veulent du concret ».


« 150 milliards d’euros en faveur de l’Afrique »

L’allemande Ursula Von Der Leyen, présidente de la Commission européenne, a, pour sa part, évoqué les investissements « solides et concrets » en faveur des infrastructures et de l’humain,  à travers la stratégie « Global Gateway ».
« Nous pouvons tabler sur une enveloppe d’au moins 150 milliards d’euros en faveur de l’Afrique sur les sept prochaines années. Il s’agit du premier train de mesures au titre de cette stratégie. Et à présent, nous avons besoin de vous pour nous dire quels sont les besoins et ce qui est le mieux pour les citoyens », a-t-elle déclaré.


Elle a précisé que Global Gateway devra renforcer la capacité de l’Europe à débloquer « un nombre sans précédent d’investissements, non seulement publics mais aussi privés, à des niveaux sans précédent ».

« 60 % de la population africaine est constituée de jeunes »

Charles Michel, président du Conseil européen, a plaidé, de son côté, pour installer un mécanisme de suivi des projets pour éviter « le décalage » entre les intentions exprimées et ce qui est réalisé concrètement sur le terrain.


« 60 % de la population africaine est constituée de jeunes qui ont besoin de formation. Et les jeunes diplômés n’ont pas d’emploi. Les idéologues et les financiers du terrorisme recrutent sur place. Le phénomène est grave. Il y a nécessité d’évaluer tout ce qui se passe en Afrique notamment les opérations de maintien de la paix », a déclaré, lors d’une conférence de presse à Bruxelles, Moussa Faki Mahamat.
Il a estimé qu’il faut soutenir et appuyer les forces militaires africaines pour mener les opérations contre l’action terroriste dans le continent. « Nous avons besoin d’expertise, de moyens financiers et d’équipements pour pouvoir faire face à la terrible menace à la paix et à la stabilité », a-t-il noté. 

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