A Doha, les pays exportateurs du gaz affinent leur stratégie, l’Europe inquiète pour les livraisons russes

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A Doha, les pays exportateurs du gaz affinent leur stratégie, l'Europe inquiète pour les livraisons russes
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Une réunion ministérielle extraordinaire du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF) s’est tenue,  lundi 21 février, à Doha, avant le 6ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernements prévu ce mardi 22 février.


Le ministre de l’Energie et des Mines, Mohamed Arkab, et le PDG de Sonelgaz, Toufik Hakkar, ont assisté à cette réunion.  Le président Abdelmadjid Tebboune sera présent au 6ème sommet des chefs d’Etat et de gouvernements du GECF.

Ce Forum représente 71 % des réserves mondiales prouvées de gaz naturel, 43 % de la production commercialisée et 58 % des exportations de GNL.  Les principaux pays exportateurs du gaz doivent affiner donc leur stratégie alors que l’Europe a des craintes sur l’approvisionnement en gaz russe en raison de la crise en Ukraine. Une crise qui s’aggrave.


L’Algérie parmi les principaux fournisseurs en gaz de l’Europe


Actuellement, les 27 pays membres de l’Union européenne (UE) importent les deux tiers du gaz naturel qu’ils consomment. La Russie, la Norvège, l’Algérie et le Qatar sont les principaux fournisseurs de ces pays.


La Russie, qui dispose des plus importantes réserves prouvées de gaz naturel au monde devant l’Iran, 19,9% de ces réserves fin 2020, est le premier fournisseur extérieur de gaz de l’UE avec près de 40 % des importations.
L’Allemagne importe 55 % de ses besoins en gaz naturel de Russie. En 2021, Gazprom a ainsi livré à l’Allemagne 50,2 milliards de mètres cubes. L’Italie, le Danemark, la Pologne, les Pays-bas, la France et la Finlande importent de grosses quantités de gaz russe.


Près de 74 % des importations de gaz vers le vieux continent en 2020 ont été acheminées par gazoduc et 26% sous la forme de GNL (gaz naturel liquéfié), selon l’agence américaine de l’énergie. Le GNL est transporté par des navires-méthaniers.


Les Etats-Unis, qui travaillent pour améliorer leur part dans le marché européen du gaz, ont sensiblement augmenté ses exportations de GNL vers les pays de l’UE en 2021. Les importations européennes du GNL américain sont passées de 16 % en 2019 à 28 % en 2021.


Les Etats Unis entendent « bloquer » le gazoduc Nord Stream 2  


Washington manœuvre pour bloquer le projet du gazoduc russe Nord Stream 2 qui permet d’approvisionner l’Europe.


Le Nord Stream 2, long de 1.230 kilomètres, est un gazoduc sous-marin qui passe par la mer baltique et a une capacité de transport de 55 milliard m3. Le coût du projet, déjà achevé, est de près de 9 milliards d’euros, en grande partie financé par Gazprom, le géant russe du gaz.


L’un des objectifs stratégiques des deux gazoducs North Stream est de « contourner » les pays traditionnels de transit du gaz russe, la Pologne, l’Ukraine et les Pays Baltes (Estonie, Lettonie et Lituanie), considérés comme hostiles à Moscou, proches des Occidentaux.  


« Si la Russie envahit (l’Ukraine), cela veut dire des chars et des troupes qui traversent la frontière de l’Ukraine, encore une fois. Alors il n’y aura plus de Nord Stream 2. Nous y mettrons fin», a menacé le président américain Joe Biden, le 7 février 2022, lors d’une conférence de presse à Washington en présence du chancelier allemand Olaf Scholz.


Il n’a pas précisé de quelle manière « il mettra fin » l’exploitation d’un gazoduc sauf à recourir à une action de type militaire.


Washington évoque « la menace » sur « la sécurité énergétique » européenne


Berlin, qui dépend grandement du gaz russe, ne partage pas cette forme brutale de sanctions.


En décembre 2021, Jochen Homann, président de l’Agence allemande fédérale des réseaux, a déclaré, cité par l’AFP, que la décision d’autoriser l’ouverture du gazoduc North Stream 2 «ne sera pas prise au premier semestre 2022.


La société Nord Stream, installée en Suisse, a créé une entreprise de droit allemand pour obtenir l’autorisation d’exploitation.


Jochen Homann a précisé que la procédure de certification du gazoduc ne reprendra que lorsque les documents correspondants auront été remis à l’agence « de manière à pouvoir être contrôlés ».


Des obstacles d’ordre politique couverts par « les procédures » juridiques alors que l’Allemagne est dans la nécessité d’avoir cette infrastructure pour couvrir ses besoins croissants en gaz dans les années à venir.
Les Etats Unis considèrent la circulation du gaz russe dans le réseau européen à travers le gazoduc North Stream 2 comme « une menace durable » pour la sécurité énergétique européenne.


Des sanctions ont été prises contre des navires et des entreprises ayant contribué à la construction de ce gazoduc.


Pourtant, en juillet 2021, Joe Biden disait qu’il ne servait à rien de prendre des sanctions contre le projet de North Stream 2 mais qu’il fallait discuter avec l’Allemagne. La Chine, alliée de la Russie, a, de son côté,  dénoncé « la politisation des projets commerciaux ».


« L’arme absolue du gaz »


La Russie, membre du Forum des pays exportateurs de gaz (GECF), développera sa vision lors du sommet de Doha en présence d’autres producteurs comme l’Iran, le Qatar, l’Algérie,  le Venezuela, la Libye, le Nigéria et la Bolivie.


Ce sommet sera suivi de près par les pays européens et par les Etats Unis surtout que les bruits de bottes deviennent de plus en plus insistants en Ukraine après la reconnaissance par le président russe Vladimir Poutine de Donetsk et de Lougansk, régions séparatistes ukrainiennes, comme des Républiques indépendantes.


Il a évoqué, dans un discours télévisé, les liens historiques entre la Russie et l’Ukraine, après une réunion extraordinaire du Conseil de sécurité russe.


Le Kremlin a ordonné à l’armée russe « le maintien de la paix » dans ces deux régions, selon l’agence russe sputnik.


Bruxelles craint que Moscou actionne l’arme du gaz en signe de représailles contre l’OTAN en suspendant ou en limitant les livraisons du gaz vers l’Europe, ce qui peut entraîner l’arrêt de plusieurs activités industrielles et une flambée des prix.


« Le gaz est devenu pour la Russie un instrument pour la renaissance diplomatique. Il y a une telle puissance du gaz russe que c’est devenu un instrument majeur de la diplomatie russe. Les Américains veulent empêcher les Russes d’utiliser cette arme. Quand un pays dépend du gaz pour le chauffage de sa population et pour ses industries, couper cette énergie condamne ce pays à l’arrêt. C’est une arme absolue. C’est comme la dissuasion atomique », a expliqué, à la chaîne russe RT Today, Christian Stoffaës, membre de l’Institut de recherches européennes Jacques Delors.

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