Il y a 60 ans, l’écrivain Mouloud Feraoun tombait sous les balles de l’OAS

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L'Algérie et la France rendent hommage ensemble à Mouloud Feraoun
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Il y a 60 ans, l’écrivain algérien et enseignant Mouloud Feraoun, auteur, entre autres, de « Le fils du pauvre » en 1950, tombait sous les balles assassines de l’Organisation de l’armée secrète (Oas), un groupuscule d’ultras opposé à l’indépendance de l’Algérie.

Sur les hauteurs d’Alger, à Ben Aknoun, Mouloud Feraoun a été assassiné avec cinq de ses compagnons, Ali Hamoutène, Salah Ould Aoudia, Etienne Basset, Robert Aymar et Max Marchands. Ils étaient tous inspecteurs des Centres socio-éducatifs (CSE), des structures créées pour venir en aide aux plus démunis, notamment en assurant des cours d’alphabétisation.

En 1950, Mouloud Feraoun publie son premier roman « Le fils du pauvre », primé et largement salué par la critique, et qui va, après « Ahmed Ben Mostafa, goumier » de Mohamed Bencherif publié en 1920, ouvrir la voie symboliquement à d’autres auteurs algériens de la littérature d’expression française comme Assia Djebar, Mohamed Dib ou encore Kateb Yacine.

Auteur prolifique, il signe coup sur coup « La terre et le sang » (1953), « Jours de Kabylie » (1954) avant d’intégrer le catalogue des éditions françaises « Le seuil » qui publient « Les chemins qui montent » (1957). Mouloud Feraoun avait également traduit vers le Français des oeuvres du poète Si Mohand Ou Mhand, publiés en 1960 sous le titre « Les poèmes de Si Mohand ».

Son journal rédigé à partir de 1955 sera publié à titre posthume sous le titre « Journal 1955-1962 » ainsi que son roman inachevé « L’anniversaire », sorti en 1972 et « La cité des roses » resté inédit jusqu’en 2007. Né en 1913 dans le village de Tizi Hibel, non loin de Tizi Ouzou, où il suit l’essentiel de sa scolarité, Mouloud Feraoun a été reçu en 1932 au concours d’entrée de l’Ecole normale de Bouzareah à Alger.

Diplômé il commence sa carrière d’enseignant et sera nommé instituteur dans son village natal en 1935. Il a occupé les postes de directeur des cours complémentaire, de directeur de l’école Nador à El Madania, puis celui d’inspecteur des CSE jusqu’à son assassinat, quatre jours avant la signature des accords d’Evian et la proclamation du cessez-le-feu, le 19 mars 1962.

En 2012, un colloque international en hommage à Mouloud Feraoun a été organisé par le Centre national de recherches préhistoriques, anthropologiques et historiques (CNRPAH) pour les 50e commémorations de sa disparition. De nombreux universitaires, algériens et étrangers, avaient pris part à ce colloque pour revisiter la vie et l’oeuvre de Mouloud Feraoun.

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1 commentaire

  1. Pour ceux qui ne le connaissent pas , Mouloud Feraoun est l’un des écrivains qui ont le plus marqué la littérature algérienne d’expression française.
    Jusqu’au bout, avec un courage tranquille, Mouloud Feraoun sera “engagé”. Refusant d’accepter de De Gaulle en personne un poste prestigieux, il répondra en revanche aux sollicitations de son amie Germaine Tillion et s’occupera des Centres sociaux, un projet socio-éducatif pour les plus démunis – les ruraux appauvris et les habitants des bidonvilles. Son oeuvre , est ecrite en fonction de lecteurs francais pour leur dire : « Voilà ce que nous sommes » de notre côté, nous Algériens, pour répondre à l’image que les Français présentaient et aussi à celle, déformée, qu’ils donnaient du Maghrébin colonisé, cette œuvre n’en révèle pas moins un témoin authentique de sa société et de son temps. D’une façon précise, le projet initial de Feraoun était de “traduire l’âme kabyle” : « Bien qu’on sache que les Kabyles sont des hommes comme les autres, je crois, voyez-vous que je suis bien placé pour le dire », expliquait-il dans une interview en 1953.
    D’ailleurs un compatriote de Feraoun, Belaïd Ait-Ali, auteur de contes et de poèmes, écrivait en 1950 que seul un Kabyle pourrait décrire et dépeindre objectivement les Kabyles « parce que seul il a accès à certains coins de l’âme de ses… cousins ». C’est bien ce que Feraoun a réussi à faire.
    Peuvent en témoigner, entre autres, les propos de Germaine Tillion qui, interrogée sur la Kabylie de Mouloud Feraoun, répond:
    « Je voyais la Kabylie comme une patrie, comme une terre… une terre magnifique. […] Une terre où il y avait beaucoup de soutien, de loyauté et d’honneur… […] Une terre d’honneur. Et de justice. »

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