Raymonde Peschard est tombée au champ d’honneur le 26 novembre 1957. Elle était dans un groupe de maquisards en partance vers la Tunisie. Le groupe quittait le maquis de la wilaya 3 sur décision de Amirouche, alors commandant militaire.
Repérée par l’armée française à Draa Errih, sur le djebel Tafertas, un chaînon des Bibans, à une vingtaine de kilomètres au nord-ouest de Medjana (Bordj Bou Arréridj), elle fut capturée avec Rachid Belhocine, médecin, Arezki Oukmanou et Redjouani, étudiant en mathématiques.
Le groupe était sans armes. Rachid Belhocine, Arezki Oukmanou et Redjouani furent sauvagement tués. Témoin de la scène, elle réagit vigoureusement. Elle trouva « le courage de déverser sur les soldats un flot d’injures, les traitant de sauvages, de barbares et de nazis », écrit Djoudi Attoumi dans son livre-témoin, « Avoir vingt ans au maquis ».
Ligotée, couchée, le visage contre le sol, elle reçut une balle de révolver dans la nuque, tirée à bout portant par un officier, sur ordre du colonel Buis. Dans un communiqué lu à la radio et diffusé par la presse, Robert Lacoste, ministre résident, présenta sa mort comme un titre de gloire pour l’armée française.
Raymonde Peschard venait de boucler ses trente ans. Elle naquit le 15 septembre 1927, à Saint Eugène (Bologhine). Son père était cheminot. Elle grandit à Constantine chez son oncle paternel Edouard qui l’accueillit à la mort de sa mère. Elle reçut une bonne instruction. Elle travailla comme infirmière au lycée d’Aumale, puis assuma les fonctions d’assistante sociale à l’EGA. Elle doit son éveil politique à l’oncle Edouard, membre du Parti communiste algérien (P.C.A), très estimé de la population constantinoise, témoigne son camarade de lutte, William Sportisse.
Dans les luttes sociales et politiques
Les années 1940-1950 marquent son engagement dans les luttes sociales et politiques. En 1950, elle mobilisa les femmes constantinoises dans la lutte contre les arrestations des membres de l’Organisation Spéciale (O.S), branche armée du parti MTLD. Militante du PCA, elle était au Comité de lutte contre la répression aux côtés de Cheikh Hamani et de Réda Houhou, dirigeants locaux de l’Association des Oulémas.
Fichée par la police politique (P.R.G), elle fut expulsée du département de Constantine, en 1955. Après un bref passage en France puis à Oran, elle regagna Alger où elle trouva un emploi d’assistance sociale à l’E.G.A (Sonelgaz).
Dans la lutte armée
Elle rejoignit les Combattants de la Libération puis intégra le FLN, suite aux accords PCA-FLN conclus en juillet 1956. Elle prit le chemin du maquis de la wilaya 3 au mois de mars 1957 où elle demanda à faire partie d’un groupe de combat. Les paysannes remarquèrent sa beauté et sa bonté et lui donnèrent le nom de Taouès.
A l’indépendance ses restes furent transférés au cimetière de Constantine où elle repose auprès de son oncle Edouard, décédé en 1949.
En 1963, la République Algérienne reconnaissante donna son nom à une grande artère de la ville de Constantine.