Dahou Ould Kablia est revenu, dimanche 27 mars, au 25ème Salon international du livre d’Alger (SILA), sur son essai « Boussouf et le MALG, la face cachée de la révolution », paru en 2020, aux éditions Casbah, à Alger.
« Ce n’est pas un livre sur mes mémoires, mais sur des témoignages. Il y a une petite partie sur mon parcours universitaire et militant et une autre consacrée au fondateur du MALG (Ministère de l’Armement et des liaisons générales), Abdelhafid Boussouf. Le reste du livre se divise en deux grandes parties. La première partie concerne la présentation du Malg à partir de 1956. Ce ministère était composé d’un service de renseignements, d’un service de transmission, d’un service d’armement, d’un service de radio, de chiffre et d’écoute.
Les missions de ces organes sont présentées dans le livre », a-t-il déclaré lors d’un débat à la salle des conférences au Pavillon central du Palais des expositions des Pins maritimes, lors d’un débat sur l’Italie et la guerre de libération nationale.
Dahou Ould Kablia a rappelé que la Direction de documentation et de recherche (DDR) du MALG était chargée de recueillir, d’assembler et d’analyser les informations « à caractère politique, militaire, économique et diplomatique au service de la Révolution ».
« Dissensions au sein du FLN »
« Au service du CCE (Comité de coordination et d’exécution, organe central du FLN) et ensuite du GPRA (Gouvernement provisoire de la République algérienne). Les organes du MALG étaient composés par des jeunes issus du mouvement estudiantin de 1956. La deuxième partie du livre est consacrée à l’apport du MALG au développement du potentiel militaire de l’ALN. Un apport en logistique, en armement et en stratégie.
La DDR a pu obtenir un très grand nombre de données sur les aspects opérationnels (de l’armée française) utilisés dans la formation des cadres de l’ALN », a détaillé Dahou Ould Kablia.
Parlant de l’évolution politique de la Révolution, il a estimé que le congrès de la Soummam (20 août 1956) fut le deuxième événement (après la Déclaration du 1er novembre 1954) marquant la guerre de libération nationale.
« Dans le livre, j’aborde un chapitre douloureux et tragique, celui des dissensions au sein du FLN. Dès le départ, la Révolution algérienne se caractérise par une multiplicité d’hommes au niveau du commandement.
Au neuf personnalités au début, d’autres ont rejoint la Révolution comme Abane Ramdane, Benyoucef Benkhedda, Ferhat Abbas, M’hamed Yazid qui ne sont pas les initiateurs de la guerre de libération nationale mais sont venus renforcer les rangs et aider à mieux gérer le FLN. Cependant, entre les hommes, il y avait des différences d’approches et des sensibilités politiques et philosophiques différentes », a-t-il expliqué.
« La fin tragique d’Abane Ramdane »
Il y a eu, selon Dahou Ould Kablia, des écarts disciplinaires parce que toute révolution « est par essence violente et rigoureuse en matière de respect de normes ».
« Il y a eu malheureusement la fin tragique d’Abane Ramdane. Il était en désaccord avec ses camarades militaires. Il y a eu l’affaire Zoubir, un grand officier de l’ALN, entré en rébellion parce qu’il se plaignait de ne pas recevoir beaucoup d’armes de l’extérieur. Les dirigeants ont estimé que sa manière de procéder était dommageable pour l’intérêt de la Révolution. Il a été jugé et condamné. Il y a des excès injustifiés comme la bleuite, Melouza… », a souligné Dahou Ould Kablia.
Revenant sur les Accord d’Evian, entrés en vigueur le 19 mars 1962 avec le cessez-le-feu, il a relevé que la délégation algérienne (qui a négocié les accords) était alimentée en informations par le MALG.
« Le MALG a traité deux grands dossiers. Le dossier militaire parce qu’il avait une bonne connaissance de la position militaire française. Une position qui était déclinante. Et, il y avait également le dossier du pétrole. Grâce aux efforts fournis par les éléments de la DDR et par les amis du FLN, la délégation algérienne a pu avoir des résultats », a-t-il précisé.
A propos « des amis du FLN », il a cité Enrico Mattei, homme politique et industriel italien, connu pour ses positions anticolonialistes.
« Enrico Mattei a rencontré pour la première fois une délégation du FLN, composée de Saad Dahlab et Benyoucef Benkhedda, qui était bloquée en Sibérie après un voyage à Pékin en raison des mauvaises conditions atmosphériques. De retour à Tunis, Saad Dahlab a informé le GPRA de la disponibilité d’Enrico Mattei à aider le FLN », a-t-il indiqué.