Le Premier ministre italien Mario Draghi sera demain, lundi, à Alger où il sera reçu dans l’après-midi par le président Abdelmadjid Tebboune. Le chef de l’Etat recevra ensuite Mario Draghi pour un ftour (diner).
Certains feront le parallèle avec le ftour organisé le 7 avril dernier par le souverain marocain Mohamed VI à l’espagnol Pedro Sanchez venu sceller ce qui a été qualifié, en Espagne même, de “trahison historique” à l’encontre du peuple sahraoui. Mais à la différence de Pedro Sanchez vivement critiqué en Espagne, aussi bien par la droite que ses alliés de gauche (Podemos), le voyage de Mario Draghi à Alger bénéficie de l’appui général en Italie. Et contrairement au voyage de Sanchez à Rabat, la venue de Draghi ne vient pas sceller un retournement mais le renforcement d’une relation stratégique tissée depuis la guerre de libération nationale, notamment par Enrico Mattei, patron historique du géant énergétique Ente Nazionale Idrocarburi (ENI).
Canal Enrico Mattei
Le gazoduc Trans-mediterranean pipeline, reliant les deux pays qui porte le nom d’Enrico Mattei depuis l’année 1999 illustre cette relation historique ancienne. Le contexte géopolitique actuel avec la décision, politiquement tranchée, de l’Union Européenne de se passer le plus rapidement possible du gaz russe, donne évidemment à cette relation une plus grande importance.
Dans la concurrence diffuse entre Madrid et Rome pour se positionner comme futur porte d’entrée des approvisionnements de remplacement du gaz russe, Alger a très clairement opté pour l’Italie. Même une éventuelle relance du projet de gazoduc transsaharien pour amener des milliards de m³ de gaz, ce sera l’infrastructure reliant l’Algérie à l’Italie qui sera utilisée.
Le gazoduc Transmed (Enrico Mattei) qui a une capacité de 30 milliards de m³ par an reste sous-utilisé actuellement. L’Algérie, deuxième fournisseur de gaz à l’Italie, envoie 21 milliards de m³).
Selon le site spécialisé Bloomberg, le projet de l’Italie est d’augmenter ses importations de gaz algérien à un tiers de ses besoins globaux “dans les mois à venir” contre un quart actuellement. “Avec la crise de la guerre en Ukraine, nous allons devoir remplacer 29 milliards de mètres cubes de gaz en provenance de Russie », a déclaré Roberto Cingolani, ministre italien de la Transition écologique . « On fait la course à la diversification des sources. On accélère sur les renouvelables, mais le plan a une durée de 7 ou 8 ans », a-t-il ajouté.
Chaleur avec Rome, coup de froid avec Madrid
Selon certains médias italiens, dans les conditions actuelles, Sonatrach ne pourrait mettre que 2 milliards de m³ de quantités additionnelles de gaz. Les choses pourraient changer substantiellement à moyen terme, Sonatrach envisageant des investissements de 40 milliards de dollars dans la recherche et la production de pétrole et de gaz d’ici 2026. Avec l’ambition de doubler la production.
Pour rappel, Eni et Sonatrach ont signé en décembre dernier un accord de partage de production de 1,4 milliard de dollars pour la production de pétrole et de gaz dans le sud du bassin de Berkine. Les deux entreprises ont annoncé le 20 mars dernier une nouvelle découverte de pétrole et de gaz dans le périmètre de recherche Zemlet El Arbi situé dans le Bassin de Berkine renfermant “ environ 140 millions de barils de pétrole brut en place. »
Ce contexte algéro-italien plus que jamais chaleureux contraste avec le coup de froid entre Alger et Madrid. Outre le rappel de l’ambassadeur d’Algérie à Madrid, Alger, sans faillir au respect de ses engagements contractuels en matière de livraison de gaz, a envoyé des signaux d’une révision globale des relations avec l’Espagne.
Le patron de Sonatrach a envoyé un signal clair en indiquant que le prix du gaz livré à l’Espagne pourrait faire l’objet d’un “recalcul”. “Depuis le début de la crise en Ukraine, les prix du gaz et du pétrole explosent. L’Algérie a décidé de maintenir, pour l’ensemble de ses clients, des prix contractuels relativement corrects. Cependant, il n’est pas exclu de procéder à un recalcul des prix avec notre client espagnol”.
Madrid découvre, contrairement à ce que Pedro Sanchez pesnait, que l’Algérie a d’autres options pour son gaz et qu’elle saura exprimer, dans les faits, sa réprobation de la trahison par l’Espagne de sa responsabilité historique, morale et légale à l’égard du peuple sahraoui.
Le premier ministre italien reste le bienvenu en notre pays , mais sans aller jouer à ce jeu macabre de remplacer en Europe la part de gaz perdue avec la Russie. » Avec la crise de la guerre en Ukraine, nous allons devoir remplacer 29 milliards de mètres cubes de gaz en provenance de Russie », a déclaré Roberto Cingolani, non Monsieur Roberto l’Algérie ne joue pas à ce jeu malsain .
Si l’Italie et l’Europe ont instruit des sanctions sur la Russie , ils ne sont que les seuls responsables des retombées néfastes sur leur espace . L’Algérie reste un allié des russes , preuve sa position courage au sein du conseil des droits de l’homme à L ONU.
L »Algérie possède une position inviolable vis à vis de ses amis et sans cela , les capacités de production de gaz sont limitées car les besoins internes sont de plus en plus importants.