Clôture en apothéose du 17ème Festival international du jazz de Constantine (DimaJazz), dimanche 15 mai au soir, avec Samira Brahmia et l’Orchestre national de Barbès (ONB).
La salle Ahmed Bey était archicomble pour le dernier concert de DimaJazz 2022, décalé d’une journée à cause du deuil national après la mort du président des Emirats arabes unis.
L’ONB, qui à chaque spectacle fait déplacer les vents, a offert un concert des grands jours avec une Samira Brahmia au meilleur de sa forme. Un éclat de sonorités, de mélodies et de rythmes un spectacle débordant d’énergie qui a fait exploser la joie dans la salle. Même les personnes âgées n’ont pas pu résister à la tentation de la danse. Tout le monde en piste !
La bande joyeuse de l’ONB, qui revient au DimaJazz après douze ans, a interprété des titres phares de ses six albums (le dernier album est sorti en 2014) comme « Poulina », « Chkoun », « Salam », « Hamou », Wawa », « Méditerranée », « Laylahailallah », « Ayliwmali »…
Le public attendait évidemment le célèbre « Alaoui », titre rythmé qui, depuis 1999, a fait le tour du monde. Dès les premières notes, les spectateurs ont pris d’assaut tous les espaces vides de la salle pour des mouvements de danse en groupe.
Hommage à Miriam Makeba au DimaJazz
Le public a également beaucoup apprécié d’autres titres de l’ONB comme « Khalti Hlima » et « Dour biha ya chibani », des chansons puisées dans le patrimoine populaire algérien.
Samira Brahmia a, entre autres, interprété à sa manière « Kobou », une reprise d’un titre de Cheb Khaled, et « Mariama » en hommage à la chanteuse et militante sud-africaine Miriam Makeba. « Mériem Makéba s’est battue contre l’Apartehid en Afrique du Sud. Je voulais lui rendre un hommage. J’adore dire que Miriam Makeba a eu la nationalité algérienne (en 1972) et qu’elle est venue chanter pendant le festival culturel Panafricain (en 1969) et a interprété أنا حرة في الجزائر », a déclaré Samira Brahmia, lors de la conférence de presse qui a suivi le concert.
Et de poursuivre : « Je veux donc raconter l’histoire de cette Algérie qui a été proche de toutes les nations qui se sont levées contre le colonialisme et l’impérialisme. Il est important qu’on raconte cette histoire à nos enfants ». Un autre hommage a été rendu à l’ingénieur son Mohamed Amine Kariche, décédé cette année.
« L’ONB est à l’image de ce qui est la musique méditerranéenne »
La rencontre entre Samira Brahmia et l’ONB date de plus de vingt ans. « A L’Usine, à Paris, plusieurs formations musicales se rencontraient dont l’ONB. Les musiciens de l’ONB m’ont accueilli à bras ouverts avec générosité et humilité. Leur porte m’est ouverte depuis 20 ans. J’ai eu l’honneur de participer à l’album « Dame de coeur » (2014). J’ai chanté en duo avec Youcef Boukela. Il était évident pour nous de faire Dimajazz. Pour moi, c’est une consécration. Je sens que je suis arrivée », a confié Samira Brahmia.
La chanteuse dit avoir été influencée par la musique de l’ONB. « L’ONB est un groupe qui est allé dans le monde entier pour représenter la musique algérienne et universelle », a-t-elle dit.
« L’ONB est à l’image de ce qu’ est la musique méditerranéenne et nord-africaine. Une musique où l’on peut trouver de la salsa, des chants africains, des airs orientaux. Il fallait donc s’ouvrir aux autres. L’Algérie est un réceptacle de toutes les influences musicales », a soutenu, pour sa part, Kamel Tenfiche, membre de l’ONB.
« Quand l’Algérie nous appelle, nous sommes présents. Et nous en sommes fiers. Nous sommes prêts à revenir une centaine de fois s’il le faut. C’est notre pays. Et nous sommes ravis à chaque fois qu’on nous appelle. Ravis aussi de rapporter un peu de bonheur à notre jeunesse », a déclaré Mehdi Askeur, chanteur de l’ONB.
Les musiciens de l’ONB ont salué « l’ouverture d’esprit musical » du public constantinois. « Nous sommes habitués au public de l’Est algérien. C’est un public exceptionnel », a relevé Samira Brahmia. Le 17ème Dimajazz s’est déroulé du 11 au 15 mai 2022 avec une édition dédiée aux femmes. L’Italie était le pays invité d’honneur de cette édition.
