Il n’y pas eu de “reculade” dans les relations commerciales entre l’Algérie et l’Espagne. C’est en substance le message de l’agence de presse officielle APS qui souligne samedi, dans un commentaire, que l’Association des banques et établissements financiers (ABEF) ne “peut se substituer aux institutions de l’Etat qui ont en charge les finances, l’économie et le commerce extérieur” et qu’elle n’est qu’une “ association à caractère professionnel” qui “défend les intérêts de ses adhérents”.
En clair, l’APS, en conformité d’ailleurs avec la réaction du gouvernement algérien critiquant déclarations « hâtives » et « infondées » faites au nom de l’Union européenne (UE), estime que les notes de l’Abef appelant d’abord au gel des transactions avec l’Espagne (8 juin), puis à la levée des restrictions (28 juillet) n’engagent en rien l’Etat Algérien.
Le ministère des affaires étrangères avait souligné que la suspension le 8 juin du traité d’amitié traité de bon voisinage et de coopération était une “décision souveraine” et que l’Union Européenne n’avait pas à interférer sur “un désaccord
politique avec un pays européen de nature bilatérale n’ayant aucune incidence sur les engagements de l’Algérie à l’égard de l’UE et ne nécessitant par voie de conséquence nullement le déclenchement d’une quelconque consultation européenne aux fins de réaction collective ».
Sans l’exprimer clairement, le ministère des affaires étrangères relevait déjà que l’Abef n’engage pas l’Etat algérien et que ses notes ne peuvent servir d’argument “prouvant” que l’Algérie ne respectait pas l’accord d’association.
No es la normalidad!
L’APS l’exprime désormais en citant clairement l’ABEF. Elle souligne qu’aucune “information officielle n’a été rendue publique à ce sujet par les autorités ou les institutions compétentes.” Elle rappelle que les décisions dans le domaine des finances et du commerce qui engagent l’Etat “ sont prises en Conseil des ministres, par le ministère des Finances ou par la Banque d’Algérie et sont annoncées par les canaux officiels.”
L’agence n’évoque pas le fait que la note de l’ABEF appelant au gel a eu un effet concret sur les transactions avec l’Espagne, l’association ayant même publié un additif expliquant aux banques et aux douanes que les transactions conclues avant le 8 juin n’étaient pas concernées par le gel.
Mais sur le plan de la forme légale stricte, l’APS rappelle une évidence: l’Abef n’est qu’une association, elle ne décide pas de la politique commerciale et financière de l’Etat. En déniant à l’ABEF toute autorité en matière de décisions financières et commerciales engageant l’Etat, le gouvernement Algérien déconnecte les questions bilatérales avec Madrid des engagements pris dans le cadre de l’accord d’association. A Madrid, où l’on semblait crier victoire après la dernière note de l’ABEF, on risque de comprendre vite que la “normalidad” n’est pas pour demain.