La réunion des ministres arabes des Affaires étrangères, préparatoire au 31ème sommet d’Alger, prévu le 1 et le 2 novembre 2022, se poursuit au Centre international des conférences (CIC) Abdellatif Berrahal de Club des Pins, à l’ouest de la capitale.
Les chefs de la diplomatie arabe discutent de l’ordre du jour à soumettre aux chefs d’Etat qui se réuniront lors du sommet arabe.
Ahmed Aboul Gheit, secrétaire général de la Ligue arabe, a salué « la bonne préparation » par l’Algérie du sommet arabe qui ne s’est pas tenu depuis 2019 en raison de la pandémie de Covid-19. « Malgré cela, l’action arabe a continué dans des conditions difficiles grâce notamment à la tenue régulière des réunions du conseil des ministres arabes des Affaires étrangères. Un conseil qui a un grand rôle à jouer dans l’élaboration du consensus sur plusieurs questions et l’adoption de l’agenda final du sommet arabe d’Alger. Je sais que les frères algériens veillent à en faire un événement exceptionnel qui tracera une feuille de route pour l’action arabe commune dans le futur », a-t-il déclaré lors d’une allocution.
Il a estimé que le monde arabe doit adopter « une vision stratégique réaliste » pour faire face aux crises actuelles à l’échelle internationale. Des crises qui, selon lui, ont des conséquences sur la région arabe.
Il a cité les menaces qui pèsent actuellement sur la sécurité alimentaire. » Nous espérons que le Sommet inaugure une stratégie pour assurer la sécurité alimentaire arabe au moment où il y a un besoin pour une action complémentaire et collective pour faire face au grave fossé alimentaire dans la région arabe », a-t-il dit, citant la famine qui menace actuellement la Somalie.
Les pays arabes dépendent en grande partie de la Russie et de l’Ukraine pour assurer leurs besoins croissants en céréales.
« Des plaies saignantes »
Selon le SG de la Ligue arabe, la guerre en Ukraine et les polarisations aiguës qu’elle provoque aura des retombées sur les pays arabes « même ceux qui sont éloignés de ce conflit ». « Cela exige une coordination entre les diplomaties arabes pour adopter des positions collectives fortes reflétant le consensus et défendant les intérêts arabes », a-t-il dit.
Il a critiqué l’implication faible des pays arabes, à travers la Ligue arabe, dans la résolution des différentes crises qui traversent la région, qualifiées de « plaies saignantes ».
« Préoccupé par d’autres crises dominantes, le monde risque d’oublier nos causes, à leur tête la cause palestinienne. La cause palestinienne passe par une phase critique annonçant le pire. L’occupant israélien continue de jouer avec le feu feignant d’ignorer que la violence et la répression pratiquées contre les Palestiniens effacent toutes les traces de l’Accord d’Oslo et sapent tout effort en faveur de la solution à deux Etats », a-t-il souligné.
Il n’existe, selon lui, aucun effort à l’échelle internationale pour relancer le processus de paix ou « entretenir la solution des deux Etats ».
« Le coût humain et économique élevé » des crises arabes
Il a estimé que la situation dans les territoires occupés est au bord de l’explosion. « Parier sur le statut quo, comme le pense Israël, est un un pari faux », a-t-il insisté. La réconciliation entre factions palestinienne, parrainée par l’Algérie, est, d’après lui, un premier pas vers la bonne direction. « Je souhaite que cet accord soit appliqué sur le terrain », a-t-il déclaré.
Et de poursuivre : »Les pays arabes doivent faire preuve de rigueur dans leur action pour en finir avec toutes ces crises sécuritaires et politiques au Yémen, en Syrie et en Libye », a souligné Ahmed Aboul Gheit. Il a évoqué « le coût humain et économique » élevé de ces crises qui ont ouvert des brèches permettant « l’entrée de puissances régionales non arabes pour jouer des rôles de destruction pour dominer certaines sociétés arabes ».
« Un nouveau départ à l’action commune arabe »
Ramtane Lamamra, ministre des Affaires étrangères et de la Communauté nationale à l’étranger, a, de son côté, déclaré que l’Algérie souhaite que le sommet d’Alger donne « un nouveau départ à l’action commune arabe » suivant une démarche qui « transcende les approches traditionnelles pour répondre aux exigences du présent, et nous permettre, collectivement, d’esquisser les contours d’un avenir meilleur pour nos peuples et nos pays ».
Selon lui, la cause palestinienne traverse actuellement une de ses plus difficiles étapes, « une phase marquée par un processus politique à l’arrêt, et un occupant qui persiste dans sa politique du fait accompli ».
Il a salué la signature, le 13 octobre 2022 à Alger, de l’accord entre factions palestiniennes, une initiative du président Abdelmadjid Tebboune, lancée au début 2022, en concertation avec le président palestinien Mahmoud Abbas.
« Nous espérons, sur la base de cette plateforme, pouvoir travailler de concert pour parvenir à un consensus plus large qui puisse aboutir à l’unification des pays arabes, au resserrement de leurs rangs et la conjugaison de leurs efforts, afin de résoudre les crises aiguës que traverse notre région arabe, devenue le théâtre de conflits entre puissances étrangères », a souligné le chef de la diplomatie algérienne.
Il a évoqué les situations difficiles au Yémen, en Libye, en Syrie, en Somalie, au Liban et au Soudan. « Ces situations nous interpellent plus que jamais en vue de rattraper les efforts manqués », a-t-il dit.
Il n’a pas manqué de rappeler « les conséquences graves » de la guerre en Ukraine sur la région arabe.