Lakhdar Nasrallah Toumiat, fondateur de l’événement Oran Fashion Week, a exposé, mardi 8 novembre, son expérience lors d’une intervention au Théâtre régional Abdelkader Alloula d’Oran (TRO), à l’occasion du 8ème Festival national des écoles d’arts et des jeunes talents qui se déroule jusqu’au 9 novembre.
« La Oran Fashion Week (la semaine de la mode) a été lancée en 2018 avec l’objectif de braquer les lumières sur notre patrimoine et notre habit traditionnel. L’événement est organisé chaque année avec un thème différent. En 2021, nous avons organisé la journée nationale de la blouza oranaise البلوزة الوهرانية. Nous avons présenté une trentaine de tenues. Cheba Zahouania était l’ambassadrice. Pour cette année, nous allons aborder le thème de l’écologie et du climat », a précisé Lakhdar Nasrallah Toumiat.
Des stylistes eco friendly seront invités à la quatrième Oran Fashion Week prévue du 22 au 24 décembre 2022 avec la présence du styliste libanais Jean Charles Zakaria.
« Il s’agit d’ouvrir le débat et d’attirer l’attention sur la défense de l’environnement et du climat. La Fashion Week est une occasion de transmettre des messages en ce sens. Les thèmes de nos shows sont toujours liés à l’actualité, à ce qui se passe dans le monde. On s’adapte au monde d’aujourd’hui », a-t-il noté.
L’Egypte abrite jusqu’au 18 novembre 2022 la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (COP 27). Des décisions importantes sont attendues de cette conférence pour freiner « le réchauffement climatique ».
« Une guerre » autour du patrimoine
Selon Lakhdar Nasrallah Toumiat, la Fashion Week se donne pour objectif de défendre l’habit traditionnel algérien comme la blouza oranaise, le karakou algérois ou la djeba constantinoise à longueur d’année. « Vous savez qu’il y a « une guerre » autour du patrimoine culturel algérien actuellement (avec le Maroc notamment) », a-t-il insisté.
« Le défilé de mode est un show, la promotion des stylistes de haute couture. La Fashion week a fait connaître beaucoup de stylistes et d’artistes à l’image de Mme Hasnia et de Samir Kerzabi. El Moustach a participé avec nous et a élargi son audience. Il a fait un défilé avec un mouton. Cela a attiré l’attention des médias étrangers en raison de cet aspect original. Il a montré la kachabia algérienne dans une forme contemporaine », a relevé Lakhdar Nasrallah Toumiat.
En décembre 2021, El Moustach, Hicham Gaoua de son vrai nom, défenseur du pop art algérien, a fait défiler un mouton à côté d’un mannequin portant une kachabia sur le podium.
« Je souhaite un appui de l’Etat pour ne pas me sentir seul. Il s’agit de défendre le patrimoine culturel national. Nous sommes à la quatrième édition de l’Oran Fashion Week, nous avons besoin au moins d’un soutien moral. C’est un événement culturel qui a pour objectif de protéger le patrimoine immatériel et défendre la mémoire », a-t-il plaidé.
Dans « le top 5 » des événements en Afrique
Lakhdar Nasrallah Toumiat, qui a étudié l’art et le cinéma à l’université, a expliqué aux présents, dont des étudiants de beaux arts, les différentes étapes à suivre pour « réussir » l’organisation d’un événement culturel tels que la Fashion Week.
« Il faut défendre votre image lors d’organisation d’événements. Chacun doit être bien à son poste. Le meilleur marketing d’un événement est le bouche à oreille. Faire de la communication conventionnelle ne suffit pas. Dans toute organisation, il y a les parties finance, communication, Ressources humaines (RH) et logistique. Et, dans chaque section, il y a un manager professionnel qui a une vision. Il faut partager les tâches pour que le travail soit bien exécuté », a-t-il détaillé.
Selon lui, la Oran Fashion Week est classée dans « le top 5 » des événements en Afrique et numéro 1 en Afrique du nord.
« Aujourd’hui, le rôle des réseaux sociaux est important dans la promotion des événements. Il faut être présent sur Instagram, Tiktok, Snapchat, Facebook et autres pour être visible et s’adresser à l’opinion publique. Un plan marketing permet de mesurer l’audience et l’intérêt au sein de l’opinion », a-t-il noté.
« La bonne » utilisation de la lumière
Il a évoqué aussi l’importance des castings pour choisir les mannequins pour les défilés de mode avec l’idée de « découvrir » toujours de nouveaux visages.
« Il y a aussi le fitting, c’est-à-dire l’essayage des habits par les mannequins afin que les stylistes et les créateurs puissent faire des retouches avant le défilé. S’ajoute à cela le line up pour organiser le passage et la position des mannequins par numéro. Dans le show, il faut qu’il y ait une synchronisation entre la musique et la démarche. Le shooting est une phase importante aussi. Il permet d’avoir une matière brute pour communiquer sur les réseaux sociaux avec les teasers », a expliqué Lakhdar Nasrallah Toumiat.
Il a insisté sur la présence des têtes d’affiches dans les shows pour augmenter l’audience, sur « la bonne » utilisation de la lumière, sur le choix du background et des décors extérieurs des défilés.
Il a estimé qu’en Algérie que le développement de la mode est lié à celui du secteur textile et du prêt à porter, « un secteur rentable ». Il a regretté l’inexistence dans le pays de collections printemps-été ou automne-hiver. Il a parlé de la création de trois écoles privées dans le domaine de la couture et du stylisme dont Tico Academy à Alger « qui forme une centaine d’artisans par an ».