La phase finale de la 22ème Coupe du monde de football débute au Qatar ce dimanche 20 novembre pour se dérouler juqu’au 18 décembre 2022. La manifestation fait l’objet depuis plusieurs semaines d’une campagne d’hostilité occidentale sans précédent menée même dans les bars et relayée par les médias.
La seule explication donnée à cette levée de boucliers est que la plus grande manifestation sportive au monde, après les jeux olympiques, se déroule pour la première fois dans un pays arabe et musulman. Tout ou presque a été tenté pour dénigrer le Qatar2022 depuis la décision de la FIFA d’attribuer l’organisation de la phase finale de la coupe du monde de football à ce pays en décembre 2010.
La presse britannique a été particulièrement acharnée. Selon une étude, près de 60 % des articles de la presse du Royaume Uni consacrés au Mondial du Qatar étaient négatifs. Cela peut s’expliquer par le fait que la Grande-Bretagne a perdu face au Qatar lors du choix du pays devant organiser la coupe du monde en 2022.
La presse londonienne, comme les journaux populistes The Sun et The Daily Telegraph, a consacré des reportages et des enquêtes aux travailleurs asiatiques qui auraient été maltraités, perdu la vie dans les chantiers ou « obligés » de quitter le pays avant la fin des travaux de construction des stades et des hôtels.
The Guardian a avancé, en février 2021, le chiffre de 6 500 ouvriers étrangers qui auraient trouvé la mort lors des travaux au Qatar durant la période de 2011 à 2020. Le journal, pourtant sérieux, n’a apporté aucune preuve sur ce chiffre qui a été repris partout comme « une vérité absolue et indiscutable » sans vérification. Le journal se serait basé sur des « données » fournies par les ambassades du Pakistan, d’Inde, du Népal, du Bangladesh et du Sri Lanka.
« Un salaire minimum non discriminatoire »
L’émirat du Qatar a évoqué la mort de 37 personnes parmi les travailleurs sur les stades du Mondial. « Combien de morts lors de la construction des ponts à Londres ? », s’est interrogé un internaute, militant de gauche britannique, sur twitter.
Amnesty International, Human Rights Watch, Business and Human Rights Resource Centre ont, en mai 2022, demandé l’adoption d’un mécanisme de compensation épour les victimes d’abus dont les travailleurs migrants auraient été victimes lors de la construction de stades de la Coupe du monde » au Qatar.
Les trois ONG ont toutefois reconnu les efforts faits par le Qatar « en vue d’améliorer les conditions de vie et de travail » des migrants.
Début novembre 2022, l’Organisation internationale du travail (OIT), a publié deux rapports pour souligner les efforts du Qatar « déployés dans les domaines de la gouvernance des migrations de main-d’œuvre, de l’application du droit du travail et de l’accès à la justice, ainsi que du renforcement de la voix des travailleurs et du dialogue social ».
« En mars 2021, le Qatar est devenu le premier pays de la région du Golfe à adopter un salaire minimum non discriminatoire qui s’applique à tous les travailleurs, de toutes les nationalités, dans tous les secteurs, y compris le travail domestique », a précisé l’OIT.
« Qatar bashing »
Ces deux rapports ont été « ignorés » par la plupart des médias européens et américains qui ont concentré leurs attaques sur « l’exploitation » des migrants au Qatar. Amnesty international a reconnu que la condition des travailleurs s’est améliorée. L’ONG n’appelle pas au « boycott » du Mondial qatari. Bien orienté, ce « Qatar bashing » a été critiqué par le journal français en ligne Orient XXI.
« L’appel au boycott pose une question morale fondamentale, celle de la ligne rouge, de la limite infranchissable. Le boycott du Mondial 2022 nous apprend que la question des droits humains en est une. Qu’en est-il alors de la politique migratoire de l’Europe ? Les pratiques de Frontex, l’Agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, en Méditerranée, ou l’externalisation des frontières européennes en Turquie ou en Afrique du Nord sont-elles des lignes rouges qui justifieraient par exemple que l’on boycotte les Jeux olympiques de Paris 2024, pour lesquelles la mairie de Paris s’est investie ? », s’est interrogé Orient XXI.
Et d’ajouter : »Et qu’en est-il de la criminalisation de l’avortement ou du maintien de la peine de mort aux États-Unis ? Ces lois ne sont-elles pas suffisamment graves pour que les villes occidentales boycottent la diffusion des matchs du Mondial 2026, qui aura lieu entre les États-Unis, le Canada et le Mexique ? ». Le journal a évoqué la logique de « deux poids, deux mesures ».
« Minorités sexuelles »
Le Qatar est attaqué aussi sur « les droits des minorités sexuelles ». Human Rights Watch, ONG américaine, accuse ce pays de « réprimer les droits des personnes LGBT (lesbiennes, gays, bisexuelles et transgenres) et punit les relations sexuelles entre personnes de même sexe d’une peine pouvant aller jusqu’à sept ans de prison ».
L’ONG n’hésite pas à parler « Coupe du monde de la honte » malgré le fait que Doha ait accepté d’accueillir les supporters LGBT à condition « d’éviter de manifester les signes de leur appartenance sexuelle en public », selon le général Abdallah Al Ansiri, responsable qatari de la sécurité de la Coupe du Monde, cité par la presse.
Autre grief : l’environnement. Le journal français l’Equipe évoque « une catastrophe écologique ». « Depuis dix ans, ce petit État a investi plus d’un milliard d’euros dans le football. Ce petit pays désertique est le miroir de terribles inégalités et possède un lourd pédigrée climatique », a écrit, de son côté, Ouest-France.
L’impact écologique est lié, selon le Huffpost, à la climatisation des stades et à la hausse des vols pour transporter les supporters (plus de 1 600 avions vont atterrir quotidiennement à Doha durant la compétition).
« Les grands pollueurs » oubliés«
Tout est climatisé ici parce qu’il faut chaud comme tout est réchauffé en Grande Bretagne parce qu’il fait froid », a ironisé un journaliste d’Al Jazeera.
Beaucoup d’internautes, y compris européens, se se interrogés pourquoi les questions du climat n’ont pas été évoquées pour les autres phases finales de la coupe du monde organisées dans des pays comme le Brésil, l’Afrique du Sud, la Corée du sud, le Japon, la France, les Etats Unis, le Mexique et l’Allemagne. Ces huit pays sont parmi les plus grands pollueurs au monde !
La chaîne qatarie Al Jazeera a rapporté que plusieurs villes françaises ont décidé de « boycotter » la projection des matchs du Mondial 2022 dans les places publiques sur grands écrans. Il s’agit, entre autres, de Marseilles, de Lilles, de Nancy, de Strasbourg, de Reims , de Bordeaux et de Paris. « Les conditions environnementales et sociales nous questionnent sur l’évènement. Ce n’est pas le modèle que nous voulons promouvoir », a déclaré, à l’AFP, Pierre Rabadan, adjoint à la mairie de Paris, chargé des Sports, lundi 3 octobre 2022.
« L’adjoint au maire ajoute également que cette Coupe du monde, organisée en décembre, interfère avec les célébrations des fêtes de fin d’année », rapporte le site sortiraparis.com, malgré que le Mondial 2022 se termine le 18 décembre, une semaine avant les fêtes de Noël. En Belgique, selon le journal La Libre, des villes ont décidé également de ne pas installer des écrans géants dans les places publiques. La raison ? Protester contre « les coûts énergétiques et les jeux d’influence ».
« Boire une bière… »
Ce samedi 19 novembre, la Fédération allemande de football a critiqué…l’interdiction de la bière aux abords des stades au Qatar, décision prise par la FIFA. « Boire une bière relève de l’habitude quand on regarde un match, on aurait pu éviter cette crispation », a déclaré Oliver Bierhoff, directeur de la fédération. Et à cause de la bière, des bars à Berlin ont décidé de « boycotter » le Mondial du Qatar en laissant les écrans éteints au risque de perdre leurs clients.
Concrètement, ces appels au boycott et ces critiques essentiellement occidentales sont largement ignorés à travers le monde. Près de trois millions de billets ont été déjà vendus et tous les grands médias vont transmettre les matchs du Mondial 2022.