Théâtre: « La nuit des assassins » revisitée pour dénoncer « le pouvoir » patriarcal

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Théâtre: "La nuit des assassins" revisitée pour dénoncer "le pouvoir" patriarcal
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« Chadjarat al mawz » (le bananier) de Shahinez Neghouache a décroché le grand prix Keltoum du 5ème Festival national de la production théâtrale d’Annaba.
La pièce est un réquisitoire contre « la domination » parentale qui laisse peu de place à la liberté des enfants. Produite par le théâtre régional de Skikda, « Chadjarat al mawz » est librement inspirée de « La nuit des assassins » du dramaturge et poète cubain José Triana.
Deux frères et une soeur, interprétés par Oussama Boudechiche, Aymen Benahmed et Yahia Kouaidia, jouent à chaque fois « à l’assassinat » symbolique  de leurs parents, jugés oppresseurs. Des parents qui les empêchent de s’exprimer, d’évoluer en dehors de leur cercle, de respirer…


Les trois personnages changent les rôles à chaque fois : l’épouse, la tante, le journaliste, le père, l’enquêteur de police, le juge… Le jeu se fait dans un lieu repoussant, non convivial, une cave-dépotoir froide (dans le texte original la pièce se joue dans un grenier). Les personnage évoluent parfois derrière un rideau transparent, évoquent l’assassinat, l’enquête, le jugement, en manipulant une échelle dans tous les sens.


Des parents invisibles

Et dans une belle trouvaille, la metteure en scène a donné « la parole » aux pieds pour critiquer la médisance et le qu’en dira-t-on, pratique contemporaine répandue dans les sociétés méditerranéennes et orientales. Les parents sont invisibles sur scène mais leur présence est pesante. Le bananier est choisi comme symbole en raison de son cycle biologique.


Le bananier, qui est  une plante herbacée, ne produit qu’un seul régime. Il est coupé après la récolte pour laisser la place au suivant. « Dans la littérature populaire, le bananier est considéré comme le tueur du père. D’où notre choix du titre. Le bananier suggère l’idée de l’alternance, des vies et des générations qui se succèdent, », a expliqué Shahinez Negouache lors du débat qui a suivi le spectacle.


Discours écologique

L’idée de » l’assassinat du père » est, selon elle, présente dans le texte original. « Moi et les comédiens avons lu intégralement le texte pendant plus de deux heures. Nous n’avons repris que des idées, pas de tableaux ni de mots. C’est peut être une libre inspiration. Les passages ont été écrits d’une manière aléatoire », a-t-elle dit.


« Chadjarat al mawz » est également une pièce qui porte un discours écologique avec la scène d’un nageur qui évolue dans une eau où les méduses côtoient les sachets en plastique. « Le plastique est une matière sale. Les restes des fruits et légumes disparaissent, mais pas le plastique », a souligné la metteure en scène.


En 2014, Shahinez Negouache a mis en scène « Khalfa al abwab » (derrière les portes) en adoptant la même pièce de José Triana, « La nuit des assassins » en défendant l’idée de « sauter les murs » et de se libérer…

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