Déployée dans trois lieux (Mucem, Frac Provence-Alpes-Côte d’Azur et la chapelle du Centre de la Vieille Charité) l’exposition «Ghada Amer» est la première rétrospective de Ghada Amer en France. Elle réunit les différents modes d’expression plastique de l’artiste égyptienne, depuis ses débuts jusqu’à ses créations les plus récentes.
Ghada Amer, qui vit et travaille à New York, est née au Caire le 22 mai 1963. Elle fait ses études à la Villa Arson à Nice. La villa Arson, établissement public du ministère de la Culture inauguré par Malraux en 1972, réunit une école nationale supérieure d’art, un centre d’art contemporain (sans collection permanente), une résidence d’artistes (où entre autres El Meya avait été invitée en 2023) et une médiathèque spécialisée.
Elle est diplômée en 1989 . En 1991, elle part afin d’entrer dans l’Institut des hautes études en arts plastiques à Paris . En 1997 elle reçoit une bourse de la fondation Pollock-Krasner. En 1999, elle reçoit le prix UNESCO à la Biennale de Venise .
Influencée par l’expressionnisme abstrait, Ghada Amer abandonne la peinture après le refus de son professeur à Villa d’Arson d’enseigner à une femme, ce qui n’est pas sans évoquer le Bahaus avec Kandinsky où les artistes femmes étaient cantonnées à l’artisanat et au design domestique, pendant que les hommes pouvaient peindre, graver, sculpter …
Un manque, qui lui fera chercher la profondeur pour exister et renverser le ciel.
Après un séjour en Égypte, elle adopte un médium « féminin » en substituant, au pigment, la broderie, le fil, tout comme l’artiste portugaise Joana Vasconcelos . Elle se met à broder, à partir d’images de revues, des figures féminines et explore ainsi la construction, point par point, le rôle de la femme, de la sexualité et de l’amour dans les sociétés contemporaines arabes et occidentales avec pour référence la phrase de Simone de Beauvoir « on ne nait pas femme, on le devient ». Elle met délibérément l’envers de l’ouvrage à l’avant en laissant les fils de la broderie pendre, comme des coulure de peinture.
Ghada Amer dans sa première période (1991-1992), utilise la broderie figurative pour représenter le milieu domestique (Five Women at Work) .
Elle brode également des textes de la culture amoureuse arabe et des passages du Coran traitant de la femme dans Private Rooms (1998) ou encore un traité médiéval arabe du plaisir intitulé Encyclopedia of Pleasure.
Depuis les années 1990, elle compose aussi des jardins : L’Espace à effeuiller la marguerite (The Space for Pulling Off Daisy Petals, 1997), au Crestet Centre d’art à Vaison-la-Romaine, et un Peace Garden (2002), au jardin botanique de Miami.
Depuis 2010, elle travaille avec l’artiste vidéaste iranien Reza Farkhondeh. En 2012, elle reprend des œuvres de l’histoire occidentale de l’art (Ingres, Picasso) qui étaient peintes selon l’artiste pour exclusivement un public masculin hétérosexuel. En 2018, une exposition à Tours repose sur une installation composée à partir de cactus, et une vingtaine de toiles brodées.
Entre Machrek et Occident, l’artiste questionne d’une culture à l’autre les représentations, les rapports de domination, les processus d’inclusion, d’opposition ou d’interprétation . Elle est aujourd’hui une voix majeure des enjeux post-coloniaux et féministes de la création contemporaine internationale .
Ghada Amer est comme cet espoir pris entre le soleil bas et le bleu du ciel. Elle éclate nos joies de toute la vérité du rêve qui déborde sur son art .
