Le plafonnement des prix du gaz, décidé récemment par les ministres de l’Energie des Etats membres de l’Union européenne (UE), est « une illusion », car le marché est un « marché d’offreurs pas un marché de demandeurs », a indiqué mercredi l’expert en énergie, Mourad Preure.
Ce plafonnement « est une grossière plaisanterie » et « une illusion » puisque « le marché est un marché d’offreurs mais pas un marché de demandeurs. Ce ne sont pas les demandeurs qui définissent les règles du marché », a déclaré M. Preure sur les ondes de la Radio nationale.
Lundi dernier, les ministres de l’Energie des Etats membres de l’UE avaient approuvé un mécanisme permettant de plafonner les prix de gros du gaz à partir de 180 euros/MWH, en vue de faire face « à la flambée des prix sur les marchés ».
Le mécanisme, qui entrera en vigueur le 15 février 2023, s’enclenchera automatiquement dès que le prix du contrat mensuel atteindra 180 euros/mégawatt-heure pendant trois jours consécutifs. L’analyste a souligné en outre que la décision de l’UE n’apportera pas les résultats escomptés car la Russie est en train de se tourner vers des marchés alternatifs notamment vers l’Asie, ajoutant que l’Europe est largement dépendante des marchés extérieurs et n’est approvisionnée qu’à 10% seulement de sources gazières communautaires (européennes).
« La Russie est en train de se réorienter vers les marchés asiatiques afin d’atténuer l’impact de l’arrêt progressif de ses exportations vers les marchés européens, et la Turquie qui saisit l’occasion et se propose de devenir le hub gazier. Le gazoduc South Stream qui devait rejoindre la Bulgarie a été refusé par l’UE et orienté vers la Turquie mais avec des capacités de seulement 63 md M3 », a-t-il ajouté.
Dans ce contexte, relève-t-il, l’Algérie en tant que « fournisseur énergétique fiable et sûr », est devant une opportunité pour développer ses capacités avec les compagnies européennes dans les énergies fossiles mais aussi dans sa transition énergétique.
« Aujourd’hui, les énergéticiens européens doivent venir investir avec nous pour développer les capacités qui répondront à leurs besoins, non seulement dans l’exploration et production, mais aussi dans l’énergie verte », a plaidé l’intervenant, soulignant l’importance de mettre en place un partenariat stratégique entre l’Algérie et l’Europe et qui « doit engager l’industrie nationale, les universités et les compagnies énergétiques ».