Cité séculaire, centre social, et noyau historique de la capitale, la Casbah d’Alger se conjugue également à tous les arts et offre ses murs et ses venelles aux créateurs de tous bords dans la littérature, le cinéma, le théâtre, la musique ou les arts visuels.
En plus du grand nombre de figures artistiques qu’elle a vu naître et de la dynamique créative qu’elle a abrité, la Casbah, qui célèbre jeudi sa journée nationale, est tout naturellement devenue l’un des premiers décors cinématographiques au lendemain du recouvrement de l’indépendance, où les premières oeuvres historiques ont été tournées.
« La bataille d’Alger » (1966), un des films algériens les plus diffusés dans le monde réalisé par Gilo Pontecorvo, et « Les enfants de Novembre » (1975) de Moussa Haddad qui reviennent sur la guérilla urbaine contre les forces coloniales. Les douirettes et ruelles de la casbah vont également se faire l’écho de la légende de « Hassan Terro » (réalisé par Mohamed Lakhdar Hamina en 1968) et de son évasion, réalisé par Mustapha Badie en 1974.
La Casbah va continuer à suivre l’évolution du 7e Art algérien qui y reviendra pour des séquences de « Omar Gatlaltou » de Merzak Allouache ou de « Tahya Ya Didou » de Mohamed Zinet, alors que les produits de télévisions et les documentaires vont aussi se succéder dans la cité.
Certaines de ces oeuvres comme « Hassan Terro » ont d’abord passé le test des planches du théâtre au même titre que « Les fils de la Casbah » de Abdelahalim Raïs.
Dans le champs littéraire c’est l’écrivain Kaddour M’hamsadji qui va revenir sur l’histoire de ce centre historique fondé un millénaire plus tôt, il va publier « De l’île aux mouettes à la Casbah, la Casbah d’Alger d’autrefois », « Mémoire de mouette: de l’art d’une tradition multiple à quelques mots et expressions, la fête aux mille vertus », ou encore « Le jeu de la Bouqala ».
Le rapport à la mer et à la Casbah et son architecture va aussi se décliner dans les écrits du romancier Merzak Bagtache, dans « Quatro » et « La maison du Zelij » et du sociologue Rachid Sidi Boumediene qui va retracer la destinée de « La céramique de la ville d’Alger ».
Véritable berceau musical qui a réussi à préserver et perpétuer l’école andalouse de la Sanâa pendant plus d’un siècle de colonisation et permettre l’émergence du chaâbi et la vulgarisation de la Zornadjia, la Casbah dans ce qu’elle a de plus nostalgique à offrir se fait aussi une place de choix dans la chanson algérienne et les oeuvres de figures comme El Hachemi Guerouabi, Dahmane El Harrachi, Abdelakder Chaou, Abdelmadjid Meskoud, ou encore le Casbah jazz de Mohamed Rouane.
S’il existe des dizaines d’oeuvres picturales qui prennent pour décor les escaliers de la célèbre rue des frères Racim (ex rue du chameau), la Casbah reste une source d’inspiration intarissable pour les plasticiens et photographes algériens et étrangers depuis les miniatures de Mohamed Racim (1896-1975) jusqu’aux plus jeunes plasticiens et étudiants en art, en passant par une multitude d’artistes ayant immortalisé des tranches de vie comme Eugène De La Croix, Hyppolyte Lazerges ou encore Frederick Arthur Bridgman.