Le Festival international du Malouf de Constantine est de retour. Après près de six ans d’arrêt, cette manifestation musicale sera de retour à partir du 11 juillet jusqu’au 15 du même mois pour la onzième édition.
“La dernière édition remonte à 2017. Nous valorisons les efforts fournis par les responsables précédents du festival. Nous aurions voulu reprendre la manifestation en 2022 mais l’année passée, un festival de musique andalouse avait été organisé. Ce mois de juillet 2023, le festival reprend ses droits avec le slogan “Le Malouf, la citadelle de Constantine et son école éternelle”. Constantine, qui est une ville qui a une histoire riche et qui a connu plusieurs civilisations, est l’unique école du Malouf. Cette musique existe aussi dans les villes avoisinantes. Les deux autres écoles de la musique arabo-andalouse sont Alger et Tlemcen”, a souligné, ce samedi 1 juillet, Lyès Benbakir, chanteur et commissaire du festival, lors d’une conférence de presse au Palais de la culture Moufdi Zakaria à Alger.
Il a expliqué que les cinq soirées, qui auront lieu à la salle Ahmed Bey (Zenith), seront thématiques : “les grands de la ville”, “le soul de la ville”, “les ambassadeurs et enfants de la ville”, “El gandoura et les hrayer de la ville” et “l’avenir du Malouf”.
La Turquie, pays invité d’honneur
La Turquie est le pays invité d’honneur du festival représenté par l’ensemble de Hamdi Demircioglu. La Tunisie sera présente avec Chahrazed Helal, la Libye avec Chouhada Kaam de Tripoli, le Liban avec Jahida Wehbe et l’Italie avec Anissa Gouizi.
Le concert d’ouverture sera animé par Salim Fergani, fils de Mohamed Tahar Fergani, Ahmed Aouabdia, Toufik Touati, Dib Laayachi et Mohamed Chérif Zaarour.
“Nous avons fait appel à certains artistes quelque peu oubliés. Par exemple, Mohamed Chérif Zaarour qu’on appelait à l’époque “le ténor de Constantine”. Un chanteur non voyant avec de grandes capacités vocales. Il a beaucoup donné au Malouf, chanté sur plusieurs scènes à l’étranger”, a souligné Lyes Benbakir.
La deuxième soirée sera animée par Abderrachid (Toto) Segueni, Abbas Righi, Riad Khalfa, Kamel Bouda, Hakim Bouaziz (célèbre notamment par la chanson “Sarah”) et Hassan Branki.
Le retour de Kamel Bouda
“Nous sommes ravis par le retour de Kamel Bouda qui s’est rétabli d’une maladie. Nous voulons que le public le voit de nouveau sur la grande scène. Hassan Branki dirige une association dont le but est la transmission de l’héritage du Malouf aux jeunes. Il sera accompagné par son fils, violoniste”, a indiqué le commissaire du festival.
Mourad Fergani, Mbarek Dekhla, Fatah Rouana, Kamel Benani et Merouane Bellala (qui est installé en Allemagne) animeront la troisième soirée.
“A Constantine, Mourad Fergani, qui sillonne le monde avec sa guitare, est surnommé Amar Zahi. Mbarek Dekhla, qui a une belle voix, est d’Annaba. Il est connu notamment par la chanson “Sabrina”. Fatah Rouana représentera la ville de Skikda. Kamel Benani aura à honorer son père le défunt Hamdi Benani. Les artistes auront, chaque soir, à honorer leurs maîtres”, a souligné Lyès Benbakir.
Seront honorés aussi durant le festival : Hamou Fergani, Rabah Bouaziz, Kaddour Darsouni, Mohamed Berrachid, Mohamed Tahar Fergani, Mourad Laïb, Zouaoui Makhlouf et Hamoudi Benhamoud.
Une soirée consacrée aux cantatrices
Le même jour, jeudi 13 juillet, les lauréats du Festival national de musique andalouse Malouf de 2022 animeront un après-midi musical appelé قهوة العصر. Il s’agit des associations Maqam (Constantine), El Maghdiria (Mascara) et Nassim El Andalous (Sétif). L’association Ahbab Sadek Bedjaoui de Béjaia est l’invitée d’honneur.
La soirée du 14 juillet sera consacrée aux interprètes féminines. Au programme : Naima El Djazairia, Meriem Benallal, Dounia El Djazairia, Nada Rayhane.
“La soirée de clôture sera réservée aux jeunes interprètes, ceux qui vont prendre la relève. Il s’agit d’Adlène Fergani, de Malek Chelloug, de Mohamed Amine Bounah et de Nazim Lemnouer. Nazim Lemnouer, qui chante le Malouf à Alger, m’a été conseillé par Abbas Righi. C’est une perle rare. Nous avons fait en sorte que la soirée de clôture coïncide avec la fin des Jeux arabes. Constantine abrite une partie des compétitions de ces jeux sportifs (qui débutent le 5 juillet) “, a indiqué le commissaire du festival.
Parallèlement, des master class seront organisés sur l’apprentissage de la maîtrise des instruments les plus utilisés par les orchestres du Malouf : le violon, le ney, l’oud, la mandoline, le tar et la derbouka. Ils seront encadrés, entre autres, par Malik Merouani, auteur-compositeur.
Sorties touristiques et expositions
En plus des concerts, des conférences-débats sont prévues du 12 au 14 juillet au niveau de la Bibliothèque de lecture publique de Bab El Kantra de Constantine. Ainsi, Chahrazed Helal, qui est également enseignante de musique, abordera la thématique de la relation entre le Malouf constantinois et le Malouf tunisien.
Pour sa part, Abdelkader Bendameche, chercheur en patrimoine populaire, présentera une conférence sur la poésie Melhoun. L’universitaire et chercheur Abdallah Hamadi évoquera “la théorie musicale andalouse” chez le savant Ahmad Al Tifachi أحمد التيفاشي de Souk-Ahras (1184- 1253). Al Tifachi était musicologue, auteur du livre de référence متعة” الإسماع في علم السماع ” (Le Plaisir de faire écouter dans la science de l’audition).
Lyès Benbakir a annoncé que les festivaliers auront droit à des sorties touristiques guidées à Constantine. “Ils visiteront la Casbah, la Souika, Bardo, Rahbat Essouf, Rebi’n chérif, le Palais du Bey, les huit ponts, le Monument aux morts, le Rhummel, le Mausolée de Massinissa, Tiddis…C’est une manière de présenter et de promouvoir les beautés architecturales, culturelles et patrimoniales de la ville de Constantine. Nous sommes accompagnés par la direction du tourisme de Constantine”, a-t-il précisé.
Durant le festival, des expositions d’habit traditionnel constantinois, d’objets personnels de Abdelhamid Benbadis, d’art de distillation d’eau de rose et de fleur d’oranger, d’instruments du Malouf, d’art culinaire, seront organisées au niveau du palais Ahmed Bey. Une autre exposition d’artisanat est également prévue aussi au niveau du hall de la salle Ahmed Bey.
