L’Algérie maintient sa position de rejet de toute intervention militaire extérieure au Niger. Le refus d’Alger d’accorder une autorisation de survol d’avions militaires français de son territoire confirme cette position de principe. Alger redoute que la France, qui a beaucoup d’intérêts à défendre au Sahel, ne soutienne le déploiement militaire décidé par la Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO).
« La France, qui avait menacé les militaires nigériens de mener une opération militaire, s’ils ne libéraient pas le président Bazoum, va mettre ses menaces à exécution. Selon de sources confirmées, l’intervention militaire serait imminente, tout le dispositif militaire est en place », a écrit la radio algérienne sur son site.
C’est la deuxième fois que l’Algérie refuse le passage d’avions militaires français par son espace aérien. En 2021, Alger avait pris cette décision en réaction aux déclarations controversées du président français Emmanuel Macron sur l’existence d’une nation algérienne avant la colonisation française en 1830 et sur « la rente mémorielle ». Des propos qui ont provoqué une crise diplomatique entre Alger et Paris. Le mesure a été levée en janvier 2022 pour permettre aux avions français de se rendre notamment au Mali et au Tchad.
Alger appelle à une solution politique négociée au Niger
La Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) a décidé, le 10 août 2023, d’une intervention militaire au Niger pour rétablir l’ordre constitutionnel au Niger, après le coup d’Etat contre le président Mohamed Bazoum le 26 juillet 2023. Une intervention soutenue par Paris.
Vendredi 18 août, les chefs d’état-major des armées ouest-africaines, réunis à Accra au Ghana, ont annoncé être « prêts » à intervenir « dès que l’ordre sera donné » au Niger. « Le jour de l’intervention a aussi été fixé », ont-ils précisé. Selon plusieurs médias africains, l’intervention militaire des Etats membres de la CEDEAO pourrait se faire à partir du territoire du Nigéria avec l’implication d’au moins 5000 soldats. Niamey, la capitale du Niger, est à près de 250 km des frontières avec le Nigéria.
« A un moment ou l’intervention militaire au Niger se précise, l’Algérie regrette profondément que le recours à la violence ait pris le pas sur la voie d’une solution politique négociée rétablissant pacifiquement l’ordre constitutionnel et démocratique dans ce pays frère et voisin », a déclaré le ministère algérien des Affaires étrangères, le samedi 19 août 2023. Et d’ajouter : »Avant que l’irréparable ne soit commis, et avant que la région ne soit prise dans l’engrenage de la violence dont nul ne peut prédire les conséquences incalculables, l’Algérie appelle toutes les parties à la retenue, à la sagesse et à la raison qui toutes commandent de redonner résolument la plus haute priorité à l’option politique négociée à la crise constitutionnelle actuelle épargnant ainsi au Niger frère et à l’ensemble de la région des lendemains lourds de menaces et de périls ».
L’Union africaine suspend le Niger
Ce mardi 22 août, le Conseil de paix et de sécurité (CPS) de l’Union africaine (UA) a décidé de suspendre la participation du Niger à toutes les activités de l’UA et de ses organes et institutions « jusqu’au rétablissement effectif de l’ordre constitutionnel dans le pays ». Le CPS reste toutefois réservé sur une éventuelle intervention militaire au Niger. Il se contente de « prendre note de la décision de la Cedeao de déployer une force » et demande à la Commission de l’UA d' »entreprendre une évaluation des implications économiques, sociales et sécuritaires » d’un déploiement militaire au Niger.