La décision de la justice helvétique de renvoyer les poursuites judiciaires contre le général à la retraite Khaled Nezzar devant le tribunal pénal fédéral avec acte d’accusation est jugée « inadmissible par l’Algérie.
Dans un communiqué publié sur la page facebook du ministère des affaires étrangères, Ahmed Attaf, le chef de la diplomatie algérienne juge « inadmissible que la justice suisse s’arroge le droit de porter un jugement sur les choix politiques d’un Etat souverain et indépendant en matière de sécurité nationale ».
Pour Ahmed Attaf qui a reçu, aujourd’hui, un appel téléphonique de son homologue suisse, M. Ignazio Cassis, « cette affaire a atteint les limites de l’inadmissible et de l’intolérable ». Lors de cet entretien, M. Attaf a laissé entendre que l’Algérie pourrait en arriver, même, à la rupture des relations diplomatique avec la Suisse.
Le Gouvernement algérien, souligne Attaf, « est déterminé à en tirer toutes les conséquences, y compris celles qui sont loin d’être souhaitables pour l’avenir des relations algéro-suisses. Il a formé le vœu que tout soit entrepris pour éviter que cette affaire n’entraine les relations entre l’Algérie et la Suisse sur la voie de l’indésirable et de l’irréparable. »
En réaction aux propos de son homologue suisse faisant part de la position du gouvernement helvétique à l’égard de cette affaire, le Ministre Attaf n’a pas manqué de faire remarquer trois données qu’il estime essentielles.
« Révisionnisme » insupportable
La première donnée, selon Attaf est que « l’indépendance de la justice ne justifie pas l’irresponsabilité et qu’un système judiciaire quel qu’il soit s’arroge le droit absolu pour juger des politiques d’un Etat souverain et indépendant ».
Depuis le début de cette affaire, soutient Attaf, « l’Algérie a eu la conviction, et que cette conviction n’a fait que se raffermir avec le temps, que la justice suisse a offert avec beaucoup de légèreté une tribune aux terroristes, à leurs alliés et à leurs soutiens pour tenter de discréditer le combat honorable de notre pays contre le terrorisme, de jeter l’opprobre sur ceux qui lui ont fait face et de souiller la mémoire de ceux qui sont tombés en lui résistant ». »
Il estime aussi que la justice suisse procède avec « légèreté » à une lecture « révisionniste de l’histoire de notre pays durant les années 90. Elle procède par des accusations outrancières et infondées, par des comparaisons hasardeuses et inappropriées et par des falsifications si flagrantes qu’elles se discréditent elles-mêmes. »
Sur le fond, le Chef de la diplomatie algérienne a souligné que la communauté internationale dans son ensemble reconnaît « le combat héroïque et solitaire mené par l’Algérie contre le terrorisme durant les années 90 », et que le rôle de notre pays et son expérience en la matière sont « appuyés et sollicités aux niveaux régional et international ».
Attaf rappelle dans ce sillage, l’expérience algérienne dans le domaine de la lutte contre le terrorisme est une exemple et son expertise est sollicitée « que l’Algérie est le pays-champion « au niveau de l’Union Africaine pour la prévention et la lutte contre le terrorisme » et que l’Algérie « s’apprête, dans le cadre de sa mandature au Conseil de Sécurité, à assumer la présidence de deux Comités subsidiaires du Conseil sur la thématique du terrorisme, et quelle co-présidera prochainement avec les Etats-Unis d’Amérique une Conférence sur la lutte contre le terrorisme en Afrique ».
Il a ajouté, à cet effet, qu’il semble que « la planète entière reconnaît que l’Algérie luttait contre le terrorisme, à l’exception de la justice helvétique ».
Attaf a, ainsi, déploré « cette lecture révisionniste, par la justice suisse, de la bravoure du combat solitaire que l’Algérie a mené contre le terrorisme. Il a relevé le caractère singulier de la situation actuelle, dans la mesure où il est permis à une organisation d’anciens terroristes et à leurs alliés d’utiliser la justice suisse pour faire le procès de l’Etat algérien. Il a souligné, enfin, que l’Algérie trouve inadmissible que la justice suisse s’arroge le droit de porter un jugement sur les choix politiques d’un Etat souverain et indépendant en matière de sécurité nationale. »
Soulignant que la gratitude de l’Algérie à l’égard de la Suisse demeure intacte s’agissant de son appui pour l’indépendance algérienne, Attaf a indiqué que « cette affaire a atteint les limites de l’inadmissible et de l’intolérable et que le Gouvernement algérien est déterminé à en tirer toutes les conséquences, y compris celles qui sont loin d’être souhaitables pour l’avenir des relations algéro-suisses. Il a formé le vœu que tout soit entrepris pour éviter que cette affaire n’entraine les relations entre l’Algérie et la Suisse sur la voie de l’indésirable et de l’irréparable. »
Pour rappel, le Ministère public de la Confédération a transmis lundi 28 août au Tribunal pénal fédéral l’acte d’accusation visant le général à la retraite Khaled Nezzar. Selon cet acte d’accusation, l’ancien ministre est poursuivi pour crimes de guerre – actes de torture, traitements inhumains, détentions et condamnations arbitraires –, ainsi que des crimes contre l’humanité sous forme d’assassinats. Les faits se seraient déroulés de janvier 1992 à janvier 1994. Le Ministère public helvétique fonde ses accusations notamment sur les témoignages de vingt-quatre victimes présumées.