Festival de la littérature et du cinéma de la femme à Saïda : « Bent houma » décroche le Kholkhal d’or

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Festival de la littérature et du cinéma de la femme à Saïda : "Bent houma" décroche le Kholkhal d'or
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Six courts métrages étaient en compétition au  6 ème Festival national de la littérature et du cinéma de la femme à Saïda. 
« Benti el houma » (la fille de mon quartier) de Amar Sifodil a décroché, dimanche 17 septembre au soir, à la clôture du festival, le kholkhal d’or, prix du meilleur court métrage. Le jury présidé par le critique Ahmed Bedjaoui, assisté des comédiennes Aida Guechoud et Hamida Ait El Hadj, a décidé d’attribuer le Kholkhal d’or de la meilleure interprétation féminine à Yousra Benouis pour son rôle dans le court métrage « Once upon a time » de Ahmed Reggad.


« Benti el houma » (la fille de mon quartier) narre l’histoire de Sami (Ali Namous), jeune gardien de parking dans une cité, qui aime de loin sa voisine Anya (Ourdia Maafa), une fille attachée amoureusement à Mounir, un jouisseur. Sami tente vainement de contacter Anya. Il lui donne son numéro de téléphone sur un bout de papier mais Anya ne l’appelle pas. Et, comme dans les anciens temps, il lui écrit une lettre qu’elle ne lira pas.


« Casser les idées fast food »

Empêché par sa timidité, Sami reste installé dans ses rêveries alors qu’Anya, qui vit avec une mère dépressive après la mort du père, bascule dans le drame. L’histoire est simple et le cinéaste fait confiance aux spectateurs pour imaginer la suite des événements. Il tente de donner une autre image du « parkingueur », campé avec justesse par Ali Namous, un comédien formé au théâtre.


« Benti el houma », écrit en 2014, n’est pas un film sur « la lutte » des classes. Sami et Anya habitent le même quartier mais vivent dans deux mondes différents, deux lignes qui ne se rencontrent pas.


« C’est l’histoire d’un garçon romantique et d’une fille quelque peu superficielle. Je voulais casser les idées fast food, simplistes. Et montrer autre chose. Il est compliqué aujourd’hui de faire aboutir une relation comme celle-là. C’est l’impossible rencontre.  Les films qui évoquent les histoires des jeunes entre 18-22 ans sont rares en Algérie. Quand on réalise une fiction, on s’appuie sur notre propre vécu », a soutenu Amar Sifodil, lors du débat qui a suivi la projection du film à la salle Douniazed de Saïda.  « Bent el houma » sera projeté aussi lors des 18ème Rencontres cinématographiques de Béjaïa, prévues du 23 au 28 septembre 2023. Amar Sifodil a déjà réalisé trois longs métrages « Jours de cendre » (2013), « El Achiq » (2017) et  « Le Sang des loups » (2019).


« La grande contradiction »

« Once upon a time » (il était une fois) d’Ahmed Reggad, s’inspire d’une histoire vraie. Le jeune réalisateur de Nâama s’est appuyé sur l’aveu fait sur Facebook par une jeune fille d’Oran sur sa relation amoureuse avec un migrant venu d’un autre pays d’Afrique. Les commentaires racistes et moqueurs ayant suivi le post ont servi de matière première au scénario de ce film de 13 minutes. Un musicien (Kada Djennah) se comporte avec violence avec son épouse et sa fille (Yousra Benouis) au sein de la maison. Quand un prétendant se présente à la porte pour demander la main de sa fille, il le refuse sans poser une seule question, parce que l’homme a la peau noire. Comment un artiste peut-il être raciste ? C’est toute la thématique du film.


« Chez nous, certains rêvent d’épouser des européennes pour avoir des papiers mais rejettent l’idée de convoler en justes noces avec des africains comme nous. C’est cela la grande contradiction. J’ai écrit ce film sur la base de ce que j’ai vu et entendu dans la vie réelle, a soutenu Ahmed Reggad. Selon le jeune cinéaste, « Once upon a time » a été sélectionné dans plusieurs festivals en Tunisie, à Oman, aux Etats Unis et en Australie.


« Un message à délivrer… »

Autre court métrage projeté à Saïda, « Fella » de Bellal Atia aborde sommairement la question du viol et de la réaction imprévisible de la famille face au drame. Une jeune fille est agressée par un homme marginal. Elle doit subir d’autres violences après l’acte bestial. Le film aurait pu être mieux élaboré avec des dialogues plus écrits et un scénario plus construit. Le viol est un phénomène présent dans la société depuis longtemps, la manière de l’aborder au cinéma doit être artistique, pas au premier degrés, à la légère.  


La jeune Lina Azzouz, elle, n’a pas pu éviter ce travers dans son court métrage « Le monde d’illusion ». Elle narre l’histoire d’un homme qui consomme de la drogue et qui va vers sa perte. Le sujet est filmé d’une manière primaire avec un comédien amateur maîtrisant mal son jeu. Le film est inachevé, inabouti, mal monté.
Lina Azzouz a, lors du débat, justifié les faiblesses de son film par « le manque de moyens ». Un argument vague qui ne peut expliquer la carence de création. « J’avais un message à délivrer sur les ravages de la drogue sur la société, je l’ai fait à travers les images », a-t-elle dit.


« Une tempête d’idées »


« Houra », court métrage des jeunes Abdelkader Hamadi et Saci Lezhari de Laghouat aborde le sujet du viol durant la guerre de libération nationale. Des soldats français débarquent dans une maison après la fuite de prisonniers. Ils cherchent les fuyards. L’un d’eux agresse sexuellement Houria (Aldjia Chohra) qui vient juste de convoler en justes noces sans rencontrer son mari Bachir (Smail Kerboune), détenu. Houria, qui se sent souillée, rejoint le maquis avec Nacer (Walid Bensada) et prend sa revanche.


« Ce n’est pas notre premier court métrage. Notre précédent film avait pour titre « Al dhakira » avec qui nous avons obtenu plusieurs prix. « Houra » est inspiré du témoignage d’une moudjhida qui s’est confiée à la chaine Ennahar TV sur ce le viol qu’elle avait subi par les soldats français. L’écriture de ce film était collective à partir de cette histoire vraie. C’est une tempête d’idées qui est préférable à l’imposition d’une seule vision par le réalisateur », a expliqué Abdelkader Hammadi.


Il a souhaité que les pouvoirs publics accordent plus de moyens aux jeunes amateurs du cinéma pour réaliser leurs projets. Abdelkader Hammadi, membre d’une association à Laghouat, travaille avec ses amis sur un projet de long métrage sur le parcours du moudjahid Nacer Benchohra de Laghouat.


La cérémonie de clôture du 6 ème Festival national de la littérature et du cinéma de la femme à Saïda, qui s’est déroulé du 13 au 17 septembre, a été marqué par un hommage rendu à la comédienne Asma Cheikh, qui a décroché un prix au festival du théâtre expérimental  du Caire, pour son rôle dans la pièce « Nostalgia » de Lakhdar Mansouri. La chanteuse Samira Brahmia a animé la soirée après un spectacle de Moufida Addes.

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