« Saliha ou alef tekliha » (Saliha et mille coups tordus) est un monodrame de Toufik Bekhouche, interprété par Rahma Kala. C’est l’histoire d’une fille qui pensait que la vie était simple.
Ce spectacle, produit par de Ramakids Academy de Tébessa, est en compétition au 6ème Festival national du théâtre féminin d’Annaba qui se poursuit jusqu’au 5 octobre 2023. Il a été présenté dans la soirée de dimanche 1 octobre au Théâtre régional Azzeddine Medjoubi d’Annaba.
Vêtue de noir, Saliha raconte comment elle a été utilisée, manipulée, exploitée à cause de sa naïveté. Malgré les conseils de sa mère, la fille poursuit son chemin ne retenant pas de leçon des coups tordus qu’elle a subie à chaque fois. Elle entre à l’université pensant avoir décroché la lune. Elle découvre l’univers universitaire : l’opportunisme politique des organisations estudiantines, les étudiants redoublants qui font carrière…
Saliha « suit » le mouvement et va à la recherche d’un amour dans le campus. Le piège s’ouvre sur elle sans se rendre compte…Et elle tombe.
Le théâtre pauvre
Evoluant sur un scène nue, une technique connue du théâtre pauvre, théorisé par le polonais Jerzy Grotowski, Rahma Kala a utilisé un voile blanc pour passer d’un personnage à un autre avec beaucoup d’aisance. Le voile devient un élément dramatique qui complète le jeu sur scène. La musique de Salim Souhali sert de fil conducteur. Rahma Kala a fait preuve d’une performance rarement vue sur les planches ces dernières années. Elle a porté tout le spectacle sur les épaules sans perdre l’équilibre.
« Je voulais tenter une expérience en recourant au théâtre pauvre. Une expérience difficile. Le théâtre pauvre s’appuie sur les valeurs d’humanisme, les sentiments, l’attachement aux personnes. On ne laisse rien sur scène. Les sentiments sont plus forts que les objets », a relevé Toufik Bekhouche lors du débat, après le spectacle.
Il a donc fait confiance à la comédienne qui s’est bien débrouillée en se déplaçant sur scène en une action continue. Elle est bien servi par un texte cohérent, teinté de petites touches comiques et inspiré du vécu.
« »Saliha ou alef tekliha » évoque le drame des filles, qui viennent de l’intérieur du pays, et qui se perdent à l’université, récupérées parfois par des réseaux criminels. Leurs rêves sont brisés, autant que leurs espoirs.
Autre spectacle en compétition à Annaba : « Hawa » est un monodrame de Brahim Nefnaf de l’association Nahda de Bordj Menaïl (Boumerdes), interprété par Houria Boussouar qui a, elle même, écrit le texte. Là aussi, une histoire dramatique d’une fille, grandie dans un orphelinat, qui croit avoir trouvé l’amour auprès d’un séducteur, habituée à abuser des filles et à les jeter comme des citrons pressés. Houria Boussouar s’est inspiré d’un fait réel. Les mères-célibataires est encore tabou en Algérie, peu abordé au théâtre. Houria Boussouar dit vouloir attirer l’attention sur ce phénomène et sur la prise en charge sociale des enfants, nés hors mariage. Selon elle, les mères-célibataires sont souvent jetées à la rue, séparées de leurs enfants.
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