Le massacre contre les civils palestiniens réfugiés à l’hôpital Ahli Arab à Ghaza – plus de 500 morts, la plupart des femmes et des enfants – a été suivi, comme d’habitude, par une campagne mensongère de l’armée d’occupation israélienne pour attribuer le crime à un tir du Djihad. Tentative grossière s’appuyant sur une vidéo remontant à 2022 et sur un tweet d’une fausse journaliste d’Al-Jazeera, fortement relayés par les comptes pro-israéliens. Les médias occidentaux qui suivent en ordre serré l’alignement de leurs dirigeants qui soutiennent ouvertement la campagne sanglante et cynique destinée à vider Ghaza de ses habitants.
Un sommet intenable
Les manifestations immédiates en réaction au massacre dans de nombreuses capitales arabes et islamiques- Amman, Beyrouth, Téhéran, Baghdad, Istanbul, Tunis, ont rendu intenable le projet de sommet prévu, aujourd’hui à Amman, entre le président américain Joe Biden et le roi Abdallah II. de Jordanie, le président égyptien Abdel Fattah El-Sissi et le président de l’Autorité palestinienne Mahmoud Abbas.
L’un des principaux buts assigné à ce sommet avorté était précisément d’inciter les dirigeants arabes à contenir – y compris par la répression – la colère des opinions arabes. L’autre but était probablement de les contraindre à accepter un transfert de la population de Ghaza vers le Sinaï, afin de permettre à Israël de détruire Ghaza. Et de remettre en selle par la suite Mahmoud Abbas sur la bande de Ghaza avec la même fonction de supplétif sécuritaire d’Israël qu’il assume en Cisjordanie.
Désarmer la résistance, donc éliminer la résistance, reste l’objectif majeur afin de liquider définitivement la question palestinienne. Même pour des régimes corrompus et sous emprise américaine, ces exigences relèvent d’une démarche politiquement suicidaire. La réunion se tiendra «lorsque la décision d’arrêter la guerre et de mettre fin à ces massacres sera prise», a dit le chef de la diplomatie jordanienne, Ayman Safadi, qui a accusé Israël d’être responsable du carnage. On peut s’attendre, sans surprise, à ce que le président américain et les responsables occidentaux fassent leurs les mensonges de l’armée israélienne sur la responsabilité du Djihad dans ce carnage. L’écoeurante Ursula Von Der Leyen qui a apporté son soutien aux actions de guerre d’Israël sans même prendre la peine d’évoquer le droit humanitaire n’avait rien à dire sur le massacre. Elle attendait visiblement les éléments de langage fournis par l’armée des assassins.
Permis occidental de tuer du palestinien
Les images diffusées par les télévisions arabes sont éloquentes et insoutenables et arrivent cependant vers les opinions occidentales malgré l’énorme censure organisée sur les réseaux sociaux, principalement Facebook qui affiche clairement son statut d’arme mise à disposition d’Israël. Dans certains pays occidentaux – France, Allemagne – toute expression non pro-israélienne est criminalisée.
Jean-Pierre Mélenchon qui affiche une position très gaullienne sur la situation au proche-orient fait l’objet d’un véritable lynchage politico-médiatique. Un tweet de compassion très sobre de Karim Benzema pour les femmes et les enfants de Ghaza donne lieu à des commentaires haineux et racistes. Il reste que dans d’autres pays occidentaux, les indignations et les colères face au permis de tuer du palestinien – le bilan est de plus de 3200 morts – donné par les américains et occidentaux s’exprime. Et celui des opinions arabes aussi, la chape autoritaire ne pouvant être maintenue trop longtemps sous peine d’explosion.
Le grand sud ne peut que constater la forfaiture morale des dirigeants occidentaux, défenseur à géométrie variable de droit de l’homme et soutien avéré d’une occupation sanglante. Ce 17 octobre palestinien qui rappelle un 17 octobre algérien sera inscrit au registre des forfaitures occidentales.