Un Forum sur la littérature arabe de résistance a été ouvert, samedi 16 décembre 2023, au Palais de la Culture Moufdi Zakaria, à Alger, organisé par l’Union algérienne de la culture et des arts.
Le forum, inscrit sous le thème “La Palestine, une cause nationale pour l’Algérie”, se poursuivra jusqu’au 19 décembre 2023 avec de deux débats sur “la résistance dans la littérature arabe” et “les élites dans le monde et les causes de libération”. Le premier est organisé, ce dimanche 17 décembre, dans la grande salle d’ activités culturelles de la Faculté des lettres de l’université Alger 2, et le deuxième, au niveau de l’amphithéâtre Nelson Mandela, à la Faculté de l’Information et de la Communication, université Alger 3, lundi 18 décembre.
Ils seront animés par, entre autres, Amina Abdallah (Egypte), Mohamed Abid Allah (Jordanie), Yamine Bentoumi (Algérie), Said Benzerga (Algérie), Lahcen Azzouz (Algérie), Ahmed Dalabani (Algérie), Mortadha Tamimi (Irak), Salim Abadou (Algérie) et Abdallah Hamadi (Algérie). Les après-midi seront consacrés aux lectures poétiques.
“Nous n’allons pas nous taire”
Abdellali Mezghiche, président de l’Union algérienne de la culture et des arts, a évoqué, dans son intervention, le drame des Palestiniens de Ghaza. “C’est un vrai génocide commis par l’armée israélienne contre la population civile. En ce moment, des bombes tombent sur nos frères palestiniens. Les cadavres s’entassent dans les hôpitaux. Et le destin est inconnu pour les ghazaouis. Mais, nous n’allons pas nous taire. Nous avons appris de nos aînés, des architectes de la Révolution glorieuse algérienne et des dirigeants de l’après indépendance, que l’Algérie a toujours été aux côtés de la Palestine. Le président Abdelmadjid Tebboune a déclaré que l’Algérie considère la Palestine comme la première de ses causes”, a-t-il soutenu.
Garder le silence est, selon lui, un acte de lâcheté. Il a précisé que le Forum sur la littérature arabe de résistance rassemble des écrivains, des poètes et des critiques de 13 pays arabes. “Ils sont venus pour dire non à cette agression sioniste qui tue quotidiennement des palestiniens. Et dire non à ceux qui sont derrière cette machine de destruction. Nous pouvons nous exprimer par les mots, la création, l’art. Les hommes de lettres ont les mots et la plume. Il est hors de question de ne rien dire ou écrire”, a soutenu Abdellali Mezghiche.
Il a annoncé que le Forum d’Alger est dédié à la poétesse et nouvelliste Hiba Abou Nada, morte lors d’un bombardement israélien sur Ghaza, le vendredi 20 octobre 2023, à l’âge de 32 ans.
Un jury a été constitué pour attribuer le prix Hiba Abou Nada du meilleur poème et de la meilleure nouvelle sur la thématique de la résistance. Présidé par l’écrivain algérien Driss Boudiba, le jury est composé de la poétesse libanaise Hanane Farfour, du poète syrien Abdelkader Al Hosani et des écrivains et poètes algériens Abdelhamid Izza et Bar El Bar.
“Des paroles qui peuvent devenir éternels”
Soraya Mouloudji, ministre de la Culture et des Arts, a rappelé la position constante de l’Algérie sur la cause palestinienne. “L’Algérie est restée attachée à son engagement de soutenir le peuple palestinien. Le président de la République, Abdelmadjid Tebboune, a déclaré à plusieurs reprises, depuis la récente agression flagrante de l’entité sioniste sur Ghaza, que la lutte du peuple palestinien pour la liberté ne peut en aucun cas être qualifiée de terrorisme, et que l’Algérie n’hésitera jamais à soutenir la cause palestinienne”, a-t-elle soutenu.
Elle a évoqué l’implication des poètes et des hommes de lettre dans le combat “pour la liberté et pour les causes humaines justes avec des mots et des paroles qui peuvent devenir éternels”.
“Ce Forum est une occasion pour nos écrivains arabes de confirmer que malgré les évolutions technologiques et numériques et les développements de la propagande, la poésie reste le diwan des Arabes. Une poésie porteuse du flambeau de la résistance”, a souligné la ministre.
Le libyen Ali Al Kilani, علي الكيلاني ,auteur du célèbe poème “wine al arab wine”(وين الملايين) chanté par la libanaise Julia Boutros, la syrienne Amal Arafa et la tunisienne Sawsan Hammami, est intervenu pour souligner que les conditions de l’écriture de ces paroles (mises en musique par le libyen Omar Al Jafari après la première Intifada en Territoires palestiniens en septembre 1987) sont toujours présentes.
“Un bruit du silence”
“Le réacteur nucléaire de Dimona est français (situé dans le désert du Néguev), Balfour (Arthur Balfour, secrétaire d’État britannique aux Affaires étrangères en 1917) est anglais et le véto est américain, comment ne pas faire appel aux millions d’arabes pour faire face à cette force ? Aujourd’hui, chaque jour un appareil militaire américain est envoyé en Israël chargé de bombes. A Ghaza, une seule faction affronte et résiste à cette machine de guerre”, a souligné Ali Al Kilani.
Il a critiqué la position des Etats arabes par rapport à la cause palestinienne soulignant que certains mots comme “résistance”, “libération”, “combats” sont interdits dans certaines antennes arabes aujourd’hui. “Mon père, mon frère et 3000 membres de ma famille sont morts à cause de l’OTAN. L’OTAN c’est l’Europe, les Etats Unis, la France…”, a confié Ali Al Kilani. Il faisait allusion à l’intervention militaire sous le nom de code “Unified Protector” de l’Organisation du Traité de l’Atlantique Nord (OTAN) en Libye en 2011.
Plusieurs poètes se sont relayés sur scène pour déclamer des poèmes, accompagnés, au oud, par le musicien Abderrahmane Ghazal. “Al Dhadjij” (Le bruit) est un nouveau poème du syrien Abdelkader Al Hossani, très critique à l’égard des dirigeants arabes qui, selon lui, restent passifs face au drame palestinien. “Le bruit arabe n’arrive pas à s’élever au niveau de la résistance”, a-t-il dit en évoquant “un bruit du silence”.
Bouzid Harzallah, poète algérien, est monté sur scène pour déclamer, l’émotion dans la voix, un poéme inspiré du langage coranique sur les drames palestinien, libanais et syrien. D’autres poètes arabes sont présents au Forum et vont déclamer des poèmes dédiés à la Palestine, comme la libanaise Hanane Farfour, le tunisien Samy Dhibi, la mauritanienne Leila Cheghali, la syienne Besma Chikhou, la koweitienne Jenna Al Qrini, le jordano-palestinien Issam Al Saadi, le yéminite Zine dine Al Dhabibi et les algériens Khalil Abbas, Najat Rahmani, Abderrazak Boukeba, Hala Faghrour, Raja Sedik, Zoubir Derdoukh et Hicham Cherki.
Le mardi 19 décembre, en soirée, seront annoncés les lauréats du prix Hiba Abou Nada, lors d’une cérémonie, prévue à l’hôtel El Aurassi, à Alger.