Le président Abdelmadjid Tebboune a réuni, ce lundi 25 décembre, les deux chambres du Parlement en congrès au Palais des nations, à Club des Pins, à l’ouest d’Alger.
Cette rencontre entre un chef d’Etat en exercice et le Parlement est la première du genre. Abdelmadjid Tebboune a rappelé que Houari Boumediène avait adressé un discours à la nation devant le Parlement en 1977. Le discours présidentiel face aux représentants du peuple sera une tradition annuelle, selon Tebboune.
« Je reconnais que vous êtes honnêtes, membres du premier Parlement, élus sans recours à l’argent sale ou pas. Près de 30 % de ses membres sont des jeunes qui entrent pour la première fois dans l’enceinte d’un Parlement (…) J’ai choisi de faire du dialogue une méthode de travail et de la franchise une culture pour gérer les affaires publiques », a-t-il déclaré.
Il a rappelé le contexte post-hirak de son élection en décembre 2019. Il a estimé que la crise politique de l’époque avait mis en danger les institutions de l’Etat « en raison de la détérioration de la gouvernance et de la propagation de la corruption ». « Cela avait engendré une pollution de la vie politique et la consécration de la dilapidation de l’argent public. Une crise de confiance est née entre un pouvoir absent et des citoyens ligotés et déçus(…) Je ne pouvais pas rester en retrait alors que des millions d’algériens appelaient à sauver le pays », a-t-il rappelé.
« Une politique étrangère prospective et dynamique »
Il a souligné que son programme de 54 engagements a été élaboré pour répondre « aux exigences légitimes du hirak béni et authentique » et pour construire « une Algérie nouvelle ». « Ce programme, qui est une plateforme pour lancer un processus global pour réaliser un vrai changement, est basé sur cinq axes. D’abord, adopter une vision politique avec des repères clairs. Ensuite, élaborer un plan économique pour relancer le développement, suivre une politique sociale et culturelle adaptée pour améliorer le cadre de vie du citoyen et adopter une politique étrangère prospective et dynamique avec une diplomatie renouvelée et exécuter une stratégie pour consolider la sécurité et la défense nationales, la reconquête de l’autorité de l’Etat, la lutte contre la corruption et la moralisation de la vie publique et économique », a détaillé le chef de l’Etat.
« Nous n’avons ménagé aucun effort pour imprimer la dynamique nécessaire à la mise en œuvre de notre programme, à commencer par les réformes constitutionnelle et politique pour consolider l’Etat de droit et protéger les institutions étatiques contre toute dérive, en passant par les réformes économiques en profondeur pour diversifier l’économie, jusqu’à la consécration effective du caractère social de l’Etat et l’amélioration du niveau de vie des citoyens », a-t-il ajouté.
L’exécution de ce programme a été entravée, selon Tebboune, par l’urgence sanitaire de Covid-19, début 2020.
« Sabotage de bouteilles d’oxygène dans les hôpitaux » durant la crise de Covid-19«
Nous avons réussi à gérer cette crise avec la grande contribution de l’ANP. Dès les premiers instants, nous avons importé les vaccins et les équipements médicaux nécessaires. Les résidus de la issaba ont profité de l’occasion en recourant au sabotage des bouteilles et des citernes d’oxygène dans les hôpitaux, à la diffusion de fausses vidéos pour induire en erreur l’opinion publique et à l’agression physique contre le corps médical et paramédical afin de créer une situation d’insécurité et paralyser le système de santé dans le but de réaliser leur rêve perfide de déstabiliser le pays et faire chuter l’Etat », a-t-il accusé.
Et d’ajouter : « ceux qui ont de la haine pour ce pays acceptent la mort des Algériens pour que l’Etat s’effondre et pour qu’ils réalisent leur sombre objectif ».
La polarisation au niveau, créé par la guerre en Ukraine, a eu, selon lui, des effets négatifs sur une conjoncture économique mondiale déjà en crise avec la perturbation des chaînes d’approvisionnement et la hausse fulgurante des prix des produits alimentaires et énergétiques.
« Les résidus de la issaba ont provoqué une fausse pénurie sur les produits alimentaires et sur la liquidité monétaire pour frapper la stabilité et semer le désespoir chez le citoyen. Tous les moyens ont été utilisés pour appliquer un plan élaboré pour l’Algérie avant les élections (présidentielles de décembre 2019) avec ce qui est appelé la période de transition. L’Algérie devait rejoindre le rang des pays arabes déstabilisés à ce jour. Ils ont propagé des rumeurs, des vidéos, etc. Nous avons découvert que dans certaines wilayas des quintaux de semoules et de farines étaient consommés. De grosses quantités ont été jetées dans les poubelles, données aux ovins ou expédiées vers l’étranger, il fallait à tout prix créer une crise », a souligné Tebboune.
5000 milliards de dinars de crédits bancaires !
Le chef de l’Etat a évoqué le recours abusif aux crédits bancaires durant la période de l’ancien président Abdelaziz Bouteflika. « Des crédits bancaires qui ont atteint la somme de 5000 milliards de dinars. Des crédits remboursés qu’à 10 % . Les sommes d’argent ont été transférés à l’étranger dans l’achat d’hôtels de luxe, de foncier, etc (…) La lutte contre toutes les formes de corruption et la récupération des fonds détournés au peuple par la Issaba a permis la récupération de plus de 30 milliards de dollars entre biens immobiliers, unités industrielles et propriétés « , a-t-il révélé.
Il a annoncé qu’une collaboration existe actuellement avec des pays européens pour récupérer les fonds algériens transférés d’une manière illégale vers les banques de ces pays ces vingt dernières années.