La pièce ″Le Banquet″ est en compétition au 16ème Festival national du Théâtre professionnel d’Alger (FNTP) qui se poursuit jusqu’au 31 décembre 2023. La générale de la pièce a été donnée, dans la soirée du mardi 26 décembre, au Théâtre national Mahieddine-Bachtarzi à Alger (TNA).
Produit par le TNA, le spectacle est mis en scène par Faouzi Benbrahim d’après le texte de Mouloud Mammeri, adapté et traduit par le Ali Abdoun. D’une durée de 75 mn, le spectacle raconte l’histoire d’un roi et sa cour vivant « heureux » dans un archaïsme basé sur des croyances illusoires et un mode de vie fragile, car démuni de tout savoir faire et fermé au progrès. Un jour, le souverain reçoit un ultimatum de la « délégation de l’agence mondiale de la négociation », une entité représentant le côté d’un monde maitrisant science et technologie. L’intelligence artificielle, qui lui a signifié le choix de capituler et se soumettre à la volonté de cette nouvelle puissance, ou de périr avec ses serviteurs, sa fille unique ainsi que tous ses alliés.
Rendu dans des atmosphères parfois burlesques et satiriques, le spectacle a également usé des courants symbolique et réaliste pour livrer ses enseignements et ses mises en garde contre les dangers de l’ignorance et l’inculture. Les comédiens, Mohamed Tahar Zaoui, Rabie Oudjaout, Abdelkrim Beriber, Chaker Boulemdais, Ahmed Daham, Necereddine Djoudi, Sally Bennacer, Camélia Bendrissi et Hafida Benzrazi, ont servi avec maîtrise le spectacle, donnant du plaisir aux spectateurs venus nombreux.
Dans leurs costumes exprimant un monde ancien et un autre futuriste, conçus et réalisés par le scénographe Hebbal Boukhari, les comédiens ont réussi à bien porter la densité du texte, occupant tous les espaces scénique et scénographique dans des tirades ascendantes en harmonie avec l’expression corporelle.
Dans un élan novateur, Faouzi Benbrahim a choisi de briser » le quatrième mur ». » Pour pouvoir s’adresser à la raison humaine », lorsque les comédiens évoluent en dehors de la scène », parmi le public, et à l’émotion lorsqu’ils occupent le plateau », a expliqué le metteur en scène, lors du débat à l’Espace M’hamed Benguettaf, au TNA, après la représentation.
La scénographie futuriste, également œuvre du metteur en scène lui même, exécutée par Zine Al Abidine Khettab, faite de barres lumineuses de couleurs changeantes, érigées en haie, sans doute pour exprimer l’idée de l’ »encerclement par la pensée et le progrès » a bien appuyé la trame dans un spectacle conçu sans repère spatio-temporel, alors qu’il s’agit d’une histoire qui se déroule entre deux mondes, deux visions, deux atmosphères.
De même pour la musique, composée par Aboubakr Maatallah, qui a mis à profit son génie créatif pour illustrer par des sonorités et des corpus musicaux judicieusement écrits et choisis, les différentes situations de ce spectacle. Le public a savouré tous les instants du spectacle applaudissant les artistes à l’issue de la prestation.
« Au théâtre, on ne copie pas le réel, on stylise, on exagère, on va vers l’extrême pour provoquer le choc. C’est peut être audacieux de ma part de déplacer le déroulement de l’histoire du son espace et de son temps originaux. J’ai voulu un mélange en tout, y compris en musique. Le roi dit vouloir de la guesba et le bendir dans sa fête, veut que le peuple soit dans son banquet. D’où notre choix de faire monter des spectateurs sur scène. On se déplace de la salle à la scène», a souligné Fouzi Benbrahim lors du débat.