Si El Hachemi Assad, secrétaire général du Haut-commissariat à l’amazighité (HCA), a annoncé, ce mercredi 10 janvier, la finalisation d’un Atlas des langues en Algérie, à la faveur d’un projet de l’UNESCO, l’Organisation des Nations unies pour l’éducation, la science et la culture.
« Le HCA a été choisi comme un point focal par le ministère des Affaires étrangères pour préparer cet Atlas. C’est un dossier de terrain. Nous avons sillonné le territoire national avec un panel d’experts spécialisés en linguistique pour vérifier la vivacité des deux langues nationales, l’arabe et tamazight », a déclaré Si El Hachemi Assad, lors d’une conférence de presse au Cercle national de l’armée (CNA), à Beni Messous, à la faveur du lancement des festivités nationales et officielles de Yennayer 2974, à Alger. Ces célébrations ont été organisées, les deux précédentes années, à Tamanrasset et à Ghardaïa.
Il a souligné qu’il existe quatorze variantes de tamazight en Algérie. Le travail de terrain est, selon lui, mené depuis deux ans. « Il est important de restituer un compte rendu. Nous avons préféré inscrire l’organisation d’une conférence dans le cadre de ce programme en présence des responsables du ministère des Affaires étrangères. Le contenu sera mis dans une plate-forme de l’UNESCO. C’est un contenu algérien réalisé avec des compétences algériennes. Nous avons émis des réserves et des observations sur les précédentes éditions de l’Atlas des langues, élaborées sous la tutelle de l’UNESCO) », a précisé le SG du HCA.
« L’Atlas mondial des langues (The World Atlas of Languages, WAL) est une plateforme en ligne qui reflète le dynamisme et la profondeur du paysage mondial de la diversité linguistique. Il fournit des données précises, fiables, actualisées et solides sur les langues du monde. En tirant parti des progrès scientifiques et technologiques et en s’appuyant sur des données offertes par des fournisseurs de confiance, notamment des gouvernements nationaux, des universités et des communautés linguistiques, l’Atlas mondial des langues est en mesure de saisir rapidement les évolutions de la diversité linguistique », précise l’UNESCO sur son site internet.
« Nous n’allons pas abandonner le tifinagh »
Si El Hachemi Assad a annoncé qu’un débat sera ouvert sur le projet de l’Atlas des langues en Algérie avec les experts lors de la conférence prévue à cet effet. Un atelier a été organisé pendant deux jours au niveau du CNA sur ce projet. « Nous avons pris l’engagement d’éditer l’Atlas des langues, lui donner une visibilité », a-t-il annoncé. Ramdane Touati, expert algérien en linguistique établi en France, est revenu, lors d’une intervention, ce mercredi 10 janvier, sur le projet de cet Atlas.
Il a rappelé que depuis quatre ans les festivités nationales et officielles de Yennayer sont accompagnées par la cérémonie d’attribution du prix du président de la République de la langue et de la culture amazighes. Cette année, la cérémonie est prévue au Centre international des Conférences Abdelatif Rahal (CIC), à Club des pins, en présence du Premier ministre Nadir Larbaoui.
Si El Hachemi Assad a appelé à suivre les travaux littéraires édités en tamazight en évoquant l’initiative du HCA de publier toutes les œuvres qui ont été primées les trois dernières années. « Ce prix du président de la République est un mécanisme solide pour promouvoir la culture et la littérature amazighes en Algérie. Les lauréats sont choisis par un jury indépendant qui a élaboré ses propres paramètres de sélection. Nous découvrons les résultats à la dernière minute. Les candidatures sont portées sur une plateforme numérique. C’est une compétition crédible », a-t-il expliqué.
Interrogé sur le choix de l’écriture de Tamazight, il a précisé que les trois graphies sont toujours retenues ( tifinagh, arabe et latin) notamment dans les manuels scolaires. « Nous n’allons pas abandonner le tifinagh, c’est une lettre authentique. Des recherches sont menées depuis des années sur cette question. Un jour, il va falloir trancher. Des institutions vont se charger de cette question dont l’Académie algérienne de la langue Tamazight. Ce travail se fera en complémentarité avec le HCA et les autres institutions », a-t-il dit rappelant l’article 4 de la Constitution.
« Marketing culturel »
« Tamazight est également langue nationale et officielle. L’Etat œuvre à sa promotion et à son développement dans toutes ses variétés linguistiques en usage sur le territoire national. Il est créé une Académie algérienne de la langue Tamazight, placée auprès du Président de la République. L’Académie qui s’appuie sur les travaux des experts, est chargée de réunir les conditions de la promotion de Tamazight en vue de concrétiser, à terme, son statut de langue officielle. Les modalités d’application de cet article sont fixées par une loi organique », est-il prévu dans cette disposition constitutionnelle.
Le SG du HCA a rappelé aussi que tamazight est présent au sein de l’université algérienne depuis les années 1990 produisant plusieurs diplômés. « Nous avons aujourd’hui, un fichier de compétences. Ce cumul prépare le terrain pour lancer cette Académie pour promouvoir davantage la langue tamazight en Algérie », a-t-il noté.
Accompagné du ministre du Tourisme et de l’Artisanat, Mokhtar Didouche, du wali d’Alger, Mohamed Abdennour Rabhi et de la présidente de l’APW d’Alger Nadjia Djillali, le SG du HCA a inauguré le « Souk de Yennayer » au niveau du centre commercial situé dans les sous-sols de la placette de la Grande-Poste.
« En matière de marketing culturel, nous devons être partie prenante avec les autres départements ministériels. Cette année, Souk Yennayer est organisé pour la première fois à Alger, en présence de diplomates. Il s’agit de valoriser le patrimoine et de célébrer Yennayer avec de nouvelles idées. Nous avons lancé symboliquement les festivités avec une opération de reboisement à la forêt de Bouchaoui. Yennayer est le début d’une année agricole, donc nous voulons que cette initiative de planter des arbres soit généralisée au niveau national en s’appuyant sur la société civile, car Yennayer célèbre le rapport l’attachement à la terre », a soutenu El Hachemi Assad.
Pour sa part, le wali d’Alger n’a pas écarté la possibilité de créer un marché permanent de l’artisanat au niveau des sous-sols de la placette de la Grande-Poste d’Alger. « Ce centre commercial a été réhabilité dernièrement par l’APC d’Alger-centre, laquelle a lancé une adjudication. Mais, nous pensons que cette mesure sera annulée puisque le Souk de Yennayer est une réussite. Nous discutons de la possibilité de réserver ces espaces aux artisans d’Alger et d’autres wilayas », a-t-il annoncé, lors de la même conférence de presse au CNA.