L’Algérie est entrée en récession économique au premier trimestre 2020. Le pays a enregistré une croissance économique négative de -3,9% au 1er trimestre 2020, contre une croissance positive (+1,3%) à la même période de 2019, a indiqué l’Office national des statistiques (ONS). L’office précise que cette baisse « conséquente » a été aggravée par la crise sanitaire mondiale (Covid-19). Durant l’année 2019, la croissance économique de l’Algérie a atteint 0,8% et le taux de croissance du PIB hors hydrocarbures a été de 2,4%.
Cette baisse va dans le sens des prévisions de la Banque Mondiale (BM) qui a dressé une projection pessimiste pour les pays pétroliers pour cette année 2020. S’agissant de l’Algérie, la Banque mondiale a estimé que le pays aura du mal à faire face à la crise pétrolière. Selon ses projections l’Algérie devrait connaître une croissance négative de -6,4% pour l’année 2020. La Banque mondiale a estimé dans son rapport prévisionnel pour la région du Moyen-Orient et Afrique du Nord, que l’Algérie était « toujours aux prises avec les conséquences de la baisse des cours du pétrole et des vulnérabilités structurelles ».
La richesse produite dans le pays a donc diminué de 3,9% au premier trimestre sous l’effet conjugué de la chute des prix pétrolier et de la crise sanitaire. Selon les chiffres de l’ONS, le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) hors hydrocarbures au premier trimestre a été négatif à -1,5% contre +3,6% à la même période de l’année précédente.
Le premier trimestre de 2020 a été caractérisé, selon la même source, par des accroissements négatifs, notamment dans les secteur des hydrocarbures, les services marchands (les transports et communications, le commerce, les services fournis aux entreprises et aux ménages, ainsi que les hôtels-cafés-restaurants) et les services non marchands (les affaires immobilières, les services financiers et les administrations publiques).
La croissance négative – terme pudique pour éviter le mot récession – a été encore plus ample dans le secteur des hydrocarbures: -13,4% contre -7,1%) à la même période de l’année dernière. Les prix des hydrocarbures ont connu de leur côté une forte diminution ( de l’ordre de 16,9%) ce qui implique une baisse nominale de 28% de la valeur ajoutée du secteur contre une diminution de 8% à la même période de l’année précédente, précisent les données de l’Office. Les services marchands ont enregistré pour la première fois une baisse de (-2,8%) contre une hausse de (+5,0%) durant la même période de comparaison.
Cette baisse de croissance s’explique, essentiellement, par des baisses de la valeur ajoutée des différent sous-secteurs. Il s’agit, notamment, des transport et communications (-4,8% contre +5,3%), hôtels, cafés et restaurants (-2,7% contre +5,5%), commerce (-1,5% contre +4,8%) et enfin les services fournis aux ménages (-1,8% contre +3,8%). Cette tendance a caractérisé, aussi les services non marchands avec une baisse de croissance de (-1,6%) contre (+1,8%), détaille l’Office. Cette baisse est due principalement à une baisse de 2% de la valeur ajoutée des administrations publiques contre une hausse de 1,7%. Le secteur de l’Industrie a également enregistré une croissance négative de (-0,5%) au 1er trimestre 2020 contre une performance de 4,9% à la même période de 2019. A l’exception des industries agro-alimentaires et des industries divers, l’ensemble des sous-secteurs sont affectés par des évolutions négatives de croissance. L’activité économique a connu durant le 1er trimestre « une baisse conséquente », souligne l’organisme des statistiques, qui précise que cette situation a été « aggravée, notamment en fin de trimestre, par la crise sanitaire mondiale » du Covid-19.
L’Algérie a déjà connu des épisodes de récession
Ce recul de – 3,9% au premier trimestre est un mauvais signal pour le bilan de l’année 2020, la pandémie restant encore présente selon toute probabilité durant toute l’année, son impact négatif sur la croissance risque de se faire sentir davantage. L’Algérie a connu plusieurs épisodes de croissance négative depuis l’indépendance. En 1962, avec la mise en place du nouvel Etat et le départ des européens qui dirigeaient l’essentiel des infrastructures économiques, la récession a été forte : – 16,69% en 1962. Après des remontées, le pays va connaître une nouvelle récession en 1966 avec un recul de -4,80% du PIB. Sans surprise, le recul a été très sensible en 1971, l’année de nationalisation des hydrocarbures : – 11,33%. En 1988, année où la révolte de la jeunesse est venue bousculer un système en crise qui a eu recours à des politiques d’endettement à court-terme, la croissance a été négative de -1%. A partir des années 90, le poids pesant du service de la dette conjugué à baisse des prix du baril va commencer à se faire sentir de plus en plus : -1,20% en 1991, – 2,10 en 93, – 0,90 en 1994. Une croissance négative de quatre années successives – et donc une récession au sens plein du terme – qui va se terminer par le passage par le FMI et la mise en œuvre d’un douloureux plan d’ajustement structurel.
Taux de croissance positifs pour l’agriculture et le BTPH
En revanche d’autres secteurs ont enregistré des taux de croissance positifs, il s’agit de l’agriculture et du BTPH (bâtiment, travaux publics et hydraulique). Le secteur de l’agriculture, sylviculture et pêche a enregistré un taux de croissance +2,3% contre +2,7% . Le secteur du BTPH, a lui aussi connu une croissance de +0,8% durant le 1er trimestre de l’année en cours contre +2,9% les trois premiers mois de 2019.
Pour les industries agroalimentaires, elles ont connu une croissance positive de 2,6% contre 2,7% à la même période de comparaison. Par ailleurs, l’ONS a relevé qu’en valeurs courantes, le PIB a affiché durant le 1er trimestre 2020 une diminution de 5,3% contre une hausse de 2,8% sur la même période en 2019. Par ailleurs, il a indiqué que la formation brute du capital fixe en volume (l’Investissement) a enregistré une « importante » baisse de 5,0% les trois premiers mois 2020 contre un accroissement de 5,1% à la même période de l’année d’avant. « Cette forte baisse de l’investissement est expliquée par le ralentissement de l’activité économique et aggravée par la crise sanitaire (Covid-19) qui a conduit à l’arrêt de certains chantiers, notamment, de la construction durant le mois de mars dernier », relève L’ONS.
En effet, les échanges extérieurs de marchandises et de services sont également caractérisés par une baisse en volume de 16,3% pour les importations et de 11,8% pour les exportations durant le 1er trimestre 2020 et par rapport à la même période en 2019.
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