Le long métrage autrichien « Arthur et Claire » réalisé par le portugais Miguel Alexandre a été projeté, mardi 27 février, à la cinémathèque algérienne, à la faveur des 8ème Journées du film européen en Algérie.
Arthur (Josef Hader), dépressif et mélancolique, voyage de Vienne, en Autriche, à Amsterdam, aux Pays-bas. Un voyage sans retour. Atteint d’une maladie incurable, il envisage une euthanasie, aidé par le médecin Sebastian Hofer (Rainer Bock). Le praticien, qui fournit l’assistance au suicide, a donné « un domicile » symbolique au malade contre une adresse en Autriche pour échapper au fisc. Un curieux deal, la mort contre l’égoïsme ! Les Pays bas est le premier Etat au monde à avoir légalisé l’euthanasie en 2001. Une pratique interdite pour les personnes en bonne santé. Pire, en 2023, Amsterdam a autorisé l’enthanasie pour les enfants souffrant de maladies incurables. L’Autriche a dépénalisé cette pratique en 2022 pour les malades en phase terminale. En Europe, l’enthanasie n’a jamais fait l’objet d’un véritable débat sur son éthique et sur son utilité.
A l’hôtel, dans le centre historique d’Amsterdam, Arthur, qui traîne son spleen comme un vieux manteau, fait la rencontre de Claire (Hannah Hoekstra), installée dans une chambre voisine, en lui demandant de baisser le son d’une musique hard-rock. Au début, la rencontre est tempétueuse. Claire demande à Arthur de la laisser tranquille. L’homme découvre que le jeune fille va tenter de se suicider en ingurgitant une forte dose de sommnifères. Il essaie de l’empêcher.
Ils sortent ensuite en ville, Arthur courant derrière Claire. Ils se retrouvent sur un pont lorsque Arthur s’arrête à cause de difficultés respiratoires. Les deux personnes, d’âges différents, plongent alors dans la vie nocturne de la capitale néerlandaise, connue par ses night’s clubs et ses pubs, surtout autour de la place du Dam, et ses restaurants à la carte variée.
Reprendre goût à la vie
Au fil d’un parcours nocturne bavard et bruyant, Arthur et Claire se découvrent mutuellement, parle de musique jamaïcaine, de l’habitude des vegans, du vins, de la salade au tofu, des drogues douces, de la prononciation rêche de la langue néerlandaise…Graduellement, ils reprennent goût à la vie mais replongent dans les douleurs existentielles. Claire a perdu sa fille à un âge précoce et Arthur souffre de l’abandon de son fils et de son épouse. Claire et Arthur sont deux solitudes. Deux solitudes qui se supportent. Finiront-ils par comprendre le sens de la vie et l’inutilité du suicide ? Se remettront-ils sur la route de l’espoir ? Ou vont-ils céder à la fatalité ?
Drame psychologique touchant , « Arthur et Claire » se démarquent par des dialogues intenses pour mieux découvrir les personnages. Ils se dévoilent au fur et à mesure de la discussion et des réactions. L’éclairage, élément esthétique essentiel dans ce film, permet de mieux suivre l’état d’âme des deux citadins, livrés à la nuit et au doute. C’est aussi une invitation à la réflexion sur la fragilité de l’individu et sur sa place dans un monde étouffé par les bruits de « la civilisation »dite humaine, par les narcissismes et par les indifférences.